
( AFP / ERIC PIERMONT )
Le géant des spiritueux Pernod Ricard a révisé jeudi ses perspectives pour l'année 2024-25 et prévoit désormais une baisse de son chiffre d'affaires à périmètre et taux de change constants, "dans un environnement macro-économique difficile et des incertitudes géopolitiques accrues" notamment en Chine.
Son concurrent britannique Diageo avait annoncé mardi renoncer à ses prévisions de ventes à moyen terme en raison des menaces de hausse des droits de douane venues des Etats-Unis.
"Nous anticipons une baisse organique du chiffre d’affaires 2024/25 tout en stabilisant notre marge opérationnelle organique", a annoncé pour sa part jeudi le groupe français, dans un communiqué de résultats du premier semestre publié avec une semaine d'avance par rapport à son calendrier financier.
Ce repli sera d'un "low single digit", c'est-à-dire limité à quelques points de pourcentage, assure Pernod Ricard. Il évoque "un contexte qui continue à se dégrader en Chine" et dans les ventes en aéroports en Asie, pénalisant Martell, sa marque de cognac.
"En fonction de l’amplitude des hausses potentielles de tarifs douaniers, l’exercice 2025/26 devrait être une année de transition, avec une amélioration de tendance du chiffre d’affaires en organique", selon le groupe qui, "dans un contexte sans précèdent de tensions commerciales" indique se "focaliser sur la protection autant que possible de (sa) marge opérationnelle organique".
Dans un contexte de conflit avec l'Union européenne, Pékin a annoncé cet automne l'imposition de droits de douane de l'ordre de 35% sur le cognac. Dans le même temps, la menace plane outre-Atlantique de nouvelles décisions de l'administration Trump en faveur de relèvement des droits douaniers.
"Très difficile en Chine" -
Dans l'immédiat, Pernod Ricard, numéro deux mondial du secteur derrière Diageo, a annoncé jeudi pour le premier semestre de son exercice décalé un bénéfice net de 1,19 milliard d'euros, en recul de 24%, pour un chiffre d'affaires de 6,176 milliards, en repli de 6%.
Ce recul du résultat net inclue des "charges d’exploitation non courantes relatives aux projets de transformation du groupe et des coûts de réorganisation", explique Pernod Ricard.
La situation est "toujours très difficile en Chine", où les ventes ont reculé de 25%, du fait d'un "environnement macro-économique toujours difficile et une faible demande des consommateurs". La baisse est particulièrement forte pour Martell et le whisky Royal Salute.
Les premières tendances indiquent un Nouvel An Chinois très faible, avec une forte baisse des présents, ajoute le groupe.
Les ventes en aéroports s'affaiblissent encore dans le pays, du fait de la suspension du régime duty free pour le cognac, entrée en vigueur début décembre 2024 et qui devrait avoir un important impact négatif au second semestre.
Aux Etats-Unis les ventes aux consommateurs ont reculé de 6% sur ce 1er semestre, en dépit d'une amélioration en fin de période sur des marques clés comme Jameson.
En Europe, à -2%, le chiffre d'affaires reste tiré par la France, la Pologne, l'Irlande, selon le groupe, qui évoque en outre des gains de parts de marché au Canada, Brésil, Japon, Vietnam, Turquie.
"Nous visons à maintenir les investissements en faveur de nos marques, avec un taux de frais publi-promotionnels d’environ 16% du chiffre d’affaires, tout en restant agiles et réactifs pour maximiser les opportunités de croissance", explique le groupe, qui se dit "confiant dans (sa) stratégie (...) face aux défis cycliques actuels".
Pernod Ricard avait jusqu'ici maintenu un objectif annuel de croissance de ses ventes, qui avait surpris certains analystes au moment de la publication de ses précédents récultats.
A la Bourse de Paris, le groupe gagnait jeudi 2,25% à 104,60 euros vers 09H20 dans un marché en légère hausse de 0,21%.
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