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Goldman Sachs anticipe une accélération du "QE" de la BCE et une baisse de taux en mars
information fournie par Boursorama 01/03/2016 à 11:07

La BCE sera au centre des attentions la semaine prochaine.

La BCE sera au centre des attentions la semaine prochaine.

De nouvelles annonces du président de la BCE sont attendues le 10 mars prochain. Pour Goldman Sachs, cela se traduira par plusieurs nouvelles mesures susceptibles de faire grimper les marchés, notamment un abaissement des taux et une augmentation des montants du « QE ».

Jeudi 10 mars à 14h30, Mario Draghi sera de nouveau sous le feu des projecteurs et sous l'œil des caméras rediffusant sa conférence de presse en streaming. Les attentes autour de cet événement, déjà fortes suite aux préannonces de janvier dernier , ont encore augmenté d'un cran lundi 29 février.

Eurostat a en effet confirmé lundi que l'inflation est repassée en territoire négatif en zone euro au mois de février (-0,2%). Or, la Banque Centrale Européenne cherche précisément à lutter contre la faiblesse de l'inflation en zone euro par tous les moyens depuis maintenant un an. Raison de plus pour attendre de sa part des mesures supplémentaires de relance « anti-déflation » le 10 mars prochain.

Tel est notamment l'anticipation de Goldman Sachs, qui publiait vendredi dernier une note d'analyse sur ce sujet. « En réponse à la faiblesse de l'inflation à court terme, nous nous attendons à ce que la BCE annonce des mesures d'assouplissement supplémentaires lors de sa conférence du 10 mars », affirment huit analystes de la banque d'affaires dans cette note.

Baisse de taux, augmentation des rachats mensuels et prolongation du QE

Selon les huit analystes, ces mesures incluraient tout d'abord une baisse de 10 points de base (0,10%) du taux de dépôt des établissements bancaires auprès de la banque centrale. Ce taux, déjà négatif à -0,3% depuis décembre dernier, passerait ainsi à -0,4%. Concrètement, cela signifierait que les établissements bancaires, en cas de comportement prudent consistant à placer leurs réserves auprès de la banque centrale, devraient payer encore davantage d'argent à la BCE, au lieu d'être rémunérées sur ces dépôts comme cela se fait habituellement. Les banques seront donc incitées à faire davantage de crédit pour posséder moins d'excès de liquidités, ce que certains voient positivement .

Deuxièmement, les analystes de Goldman Sachs s'attendent à une augmentation de 10 milliards d'euros du montant mensuel de rachats d'actifs de la BCE dans le cadre du « quantitative easing ». Cette dernière, qui rachète chaque mois 60 milliards d'actifs sur les marchés européens (notamment des obligations souveraines), en achèterait dès lors 70 milliards par mois. De quoi gonfler le bilan de la BCE à vitesse grand V et augmenter les chances d'un retour de l'inflation grâce à l'affaiblissement de l'euro face aux autres monnaies.

Dernière mesure attendue le 10 mars prochain par Goldman Sachs : une prolongation de six mois du « quantitative easing », qui durerait ainsi jusqu'en septembre 2017, au lieu de mars 2017. Cette mesure ne serait pas une véritable annonce puisque la BCE avait déjà annoncé qu'elle prolongerait son plan de relance aussi longtemps que nécessaire pour retrouver une inflation de 2% en zone euro.

Taux négatifs sur les taux directeurs : est-ce possible ?

La BCE osera-t-elle faire le choix d'un taux directeur négatif pour la première fois de son histoire ? Pour rappel, le taux directeur, également appelé « taux de refinancement », est le taux auquel la BCE peut prêter aux établissements bancaires qui souhaitent se refinancer auprès d'elle. Depuis un an et demi, le taux directeur de la BCE est situé à 0,05%. En passant ce taux en territoire négatif, la BCE inciterait les établissements bancaires à se refinancer davantage auprès d'elle, et donc encore une fois à avoir davantage de souplesse pour accorder de nouveaux prêts à leurs clients.

Goldman Sachs n'évoque pas ce sujet, et estime donc que l'actuel taux directeur de +0,05% devrait être maintenu tel quel par la BCE. Pour autant, un abaissement de ce taux ne semble pas impossible dans le sens où cela serait un levier supplémentaire à la reprise du crédit, donc de l'activité économique, et potentiellement de l'inflation en zone euro.

Le choix d'un taux directeur négatif a d'ailleurs été fait le 29 janvier dernier par la banque centrale du Japon (BoJ). Cette dernière a en effet descendu son taux directeur à -0,10% lors de sa dernière réunion, contre +0,10% auparavant, suivant ainsi l'exemple de la Banque Nationale de Suisse. La BNS avait adopté un taux directeur négatif en décembre 2014, accentué en janvier 2015 (-0,75%) pour amortir le « choc du franc suisse ». Depuis, le taux directeur de la banque centrale suisse n'a pas évolué. La BoJ et la BNS sont actuellement les deux seules banques centrales au monde à avoir adopté des taux directeurs négatifs.

Débat économique autour de l'efficacité de telles mesures

Le choix des taux directeurs négatifs suscite d'importantes controverses au sein de la communauté financière. De nombreux économistes soulignent l'inefficacité de telles mesures qui poussent les banques à prendre des risques qu'elles ne souhaiteraient pas prendre en temps normal.

Ces mêmes banques sont par ailleurs déjà contraintes par la réglementation européenne à acheter des actifs théoriquement « peu risqués », notamment des obligations d'Etat, déjà rémunérées à des taux très faibles ou négatifs. En somme, la rentabilité des établissements bancaires souffrirait de ces mesures.

Un second débat économique existe sur l'inefficacité des taux négatifs pour faire augmenter l'inflation. Dans la théorie économique, les taux négatifs sont sensés provoquer un accroissement de l'inflation par l'accroissement du crédit, donc l'augmentation de l'activité économique pouvant provoquer un cercle vertueux sur les salaires. Or, on remarque également qu'avec les taux négatifs, c'est le rendement de tous les placements traditionnels qui diminue : taux de livrets ou taux des fonds en euros d'assurance-vie notamment, pour prendre des exemples français.

Cette baisse de la rémunération de l'épargne empêche mathématiquement la multiplication habituelle de l'argent à disposition des particuliers, et donc une baisse de revenus du point de vue des épargnants. Ceux-ci adopteraient donc des comportements de consommation plus prudents, et l'effet positif sur l'inflation attendu grâce aux taux négatifs serait donc annulé par ce second aspect. Le débat reste entier mais la BCE pourrait faire fi de ce scepticisme, préférant agir tout de suite qu'attendre encore pour y voir plus clair.

X. Bargue (redaction@boursorama.fr)

18 commentaires

  • 02 mars 19:04

    C' est G.S. qui pilote Mario : cqfd...!


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