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Ghosn se dit victime d'un complot qui l'a arraché à sa famille
information fournie par Reuters 08/01/2020 à 17:02

    * Carlos Ghosn apparaissait pour la première fois en public
depuis
sa fuite au Liban
    * L'ancien patron de Renault et Nissan s'est dit victime
d'une
campagne orchestrée contre lui
    * Il a dénoncé les méthodes de la justice japonaise
    * VERBATIM Ses principales déclarations à la presse
 

 (.)
    BEYROUTH, 8 janvier (Reuters) - Carlos Ghosn s'est livré
mercredi à un réquisitoire contre la justice japonaise,
affirmant que les accusations portées contre lui étaient fausses
et que les conditions dans lesquelles il avait été détenu puis
assigné à résidence au Japon visaient à le "briser".
    L'ancien patron de Renault  RENA.PA  et de Nissan  7201.T ,
qui s'est spectaculairement soustrait à son assignation à
résidence au Japon pour se réfugier au Liban dans les tout
derniers jours de l'année dernière, a ajouté avoir été victime
d'un complot associant des cadres dirigeants de Nissan et les
procureurs de Tokyo pour se débarrasser de lui.
    L'ex-"shogun" de l'industrie automobile, qui est âgé de 65
ans, s'exprimait lors d'une conférence de presse très attendue
qui a duré près de deux heures et demie au siège du Syndicat de
la presse libanaise à Beyrouth, sa première apparition publique
depuis sa fuite spectaculaire.
    De son évasion, il a expliqué qu'elle avait été "la décision
la plus difficile de (s)a vie". Mais "je n'avais pas d'autre
choix que la fuite pour me protéger et protéger ma famille",
a-t-il ajouté, revenant dans une déclaration liminaire sur les
conditions dans lesquelles il a été traité par la justice
japonaise, accusant le procureur japonais d'avoir menacé d'agir
contre sa famille et de tenter de le "briser" pour qu'il avoue
les faits qui lui étaient reprochés.
    "Tu vas mourir au Japon ou tu vas devoir quitter le pays",
a-t-il dit en résumant son état d'esprit alors qu'il était
assigné à résidence. "J'avais l'impression d'être l'otage d'un
pays que j'avais servi pendant 17 ans."
    Carlos Ghosn, vêtu d'un costume bleu sombre et d'une cravate
rose, ne s'est pas attardé sur les circonstances dans lesquelles
il a réussi à fuir le Japon pour rallier le Liban via la
Turquie, se disant soucieux de ne "pas exposer" ceux qui l'ont
aidé.
    "Je ne suis pas là pour parler de la façon dont j'ai quitté
le Japon, je suis ici pour dire pourquoi, je suis ici pour faire
la lumière sur un système qui viole les (droits de l'homme) les
plus fondamentaux, je suis ici pour laver mon nom", a-t-il dit.
    
    COLLUSION
    Il a en revanche exposé longuement sa défense contre les
accusations de dissimulation de revenus au fisc, d'abus de
confiance et de détournement de fonds, des charges qu'il a
constamment rejetées et qui lui ont valu d'être arrêté le 19
novembre 2018 à son arrivée à Tokyo à bord de son jet privé et
d'être détenu au total pendant 130 jours.
    "Je n'aurais jamais dû être arrêté, les accusations portées
contre moi sont fausses", a-t-il dit, se disant victime d'une
"campagne orchestrée" contre lui et d'une "arrestation montée de
toutes pièces".
    "Ce sont des responsables de Nissan, du ministère public
japonais qui sont à l'origine de mon calvaire", a-t-il affirmé,
voyant dans sa disgrâce une tentative de mettre fin à
l'influence de Renault et de l'Etat français dans l'alliance
mise en place avec le constructeur automobile japonais.
    Ghosn a dit qu'il n'avait jamais eu l'intention de procéder
à une fusion entre Renault et Nissan pour rendre "irréversible"
leur alliance, contrairement à ce que certains craignaient au
Japon, mais d'établir une société holding qui aurait maintenu un
équilibre entre la volonté du constructeur français de parvenir
à une union et le désir du constructeur japonais de préserver
son autonomie.
    "Certains de nos amis japonais ont pensé que la seule
manière de se débarrasser de l'influence de Renault sur Nissan
était de se débarrasser de moi", a-t-il accusé.
    Les présentant comme les principaux architectes de sa chute,
il a nommément incriminé Masakazu Toyoda, directeur chez Nissan
et conseiller spécial auprès du gouvernement japonais, ainsi
qu'un ancien auditeur de Nissan, Hidetoshi Imazu, et
l'ex-vice-président exécutif du constructeur, Hitoshi Kawaguchi.
    "Toyoda, membre du conseil d'administration, faisait le lien
entre le conseil de Nissan et les autorités", a-t-il affirmé.
    Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de Nissan ni de
ces trois hommes. 
    Les procureurs de Tokyo ont jugé en revanche que Carlos
Ghosn n'avait pas réussi à justifier ses actes et que ses
accusations de collusion avec des cadres dirigeants de Nissan
étaient erronées.  

    "IL N'Y A PLUS D'ALLIANCE"        
    Carlos Ghosn a poursuivi en soulignant comment, à ses yeux,
sa chute avait nui à l'alliance Nissan-Renault, incapable de
concrétiser une fusion avec Fiat-Chrysler  FCHA.MI , une
occasion "immanquable", a-t-il dit, de devenir un acteur
dominant de l'industrie automobile. 
    "Il n'y pas plus d'alliance", a-t-il enchaîné.
    "Ils disaient qu'ils voulaient tourner la page Ghosn. Eh
bien, ils ont eu beaucoup de succès", a-t-il dit, maniant le
sarcasme. "Ils ont tourné la mauvaise page, parce qu'il n'y a
plus de profit, plus de croissance, plus d'initiative
stratégique, plus de technologie. Plus d'alliance. Ce que l'on
voit aujourd'hui, c'est une alliance de mascarade."
    Remis en liberté sous caution avec assignation à résidence
fin avril, Carlos Ghosn s'est soustrait à la justice japonaise
en s'enfuyant au Liban, où il est arrivé le 30 décembre via
Osaka et la Turquie. 
    "Je n'ai pas fui la justice, j'ai échappé à l'injustice et à
la persécution politique", avait-il déclaré dans une courte
déclaration diffusée le 31 décembre, confirmant sa présence au
Liban.
    
    "LE CAUCHEMAR A DÉBUTÉ QUAND J'AI VU LE VISAGE DU PROCUREUR,
    IL S'EST ACHEVÉ LORSQUE J'AI VU LE VISAGE DE MA FEMME"
    Face à la presse, il a redit mercredi qu'il lui était
impossible d'exprimer "l'ampleur des privations" que lui ont
imposées les autorités judiciaires japonaises et, en miroir,
"(s)a profonde gratitude d'avoir pu retrouver (s)a famille et
(s)es êtres chers".
    "Le cauchemar a débuté quand j'ai vu le visage du procureur,
il s'est achevé lorsque j'ai vu le visage de ma femme."
    Carlos Ghosn a également affirmé qu'il était prêt à répondre
devant la justice à condition qu'il bénéficie d'un procès
équitable mais pas au Japon où, dit-il, "j'aurai eu zéro chance
d'avoir un procès équitable".
    La justice japonaise, qui a également délivré un mandat
d'arrêt contre son épouse, Carole, explorait ces derniers jours
les moyens d'obtenir son extradition mais ne se fait guère
d'illusion sur l'issue d'une procédure, le Liban et le Japon
n'étant liés par aucun traité d'extradition.  
    Carlos Ghosn a dit n'avoir aucune garantie des autorités
libanaises à ce sujet mais a indiqué qu'il avait confiance dans
la loi et dans le président du Liban.
    Il s'est dit au passage prêt à répondre aux questions
éventuelles de la justice française si elle le convoque,
ajoutant qu'il n'avait rien à se reprocher.

 (Bureaux de Beyrouth, Tokyo et Paris
version française Nicolas Delame, Henri-Pierre André et
Jean-Michel Bélot)
 

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