Le laboratoire Servier a une option de licence sur GNBAC1 dans la sclérose en plaques. Sa décision va jouer pour beaucoup dans l'avenir du candidat-médicament. (crédits : Adobe Stock)
L’action de la biotech genevoise s’est envolée lundi 26 mars, avant de perdre un peu d’altitude mardi. Geneuro et son partenaire Servier, ont publié les résultats à douze mois de l’étude clinique CHANGE-MS, qui évaluait son produit phare GNbCA1 dans la sclérose en plaques rémittente récurrente (RRMS, la forme la plus courante de la maladie).
Fin août, les résultats à six mois de cette même étude avaient déçu et fait plonger le titre de 65% en une séance. Les dirigeants avaient alors juré alors que les données à douze mois changeraient la donne. Promesse tenue, en partie au moins. Sur un an, le produit démontre des effets statistiquement significatifs sur plusieurs critères relatifs à la «neuroprotection», dont l’atrophie du cerveau (mesure du volume du cortex et du thalamus), la destruction des tissus du cerveau (mesure des lésions hypo-intenses T1) et une tendance positive sur la remyélinisation (mesure du ratio de transfert d’aimantation). En revanche, le critère principal n’est toujours pas atteint, celui de la neuro-inflammation, c’est à la dire la réduction du nombre de lésions cérébrales provoquées par les «poussées».
Un potentiel dans des formes plus rares de sclérose en plaques
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune caractérisée par les attaques périodiques (poussées) du système immunitaire contre les cellules responsables de la production de myéline. Elle est aujourd’hui traitée par des médicament dits immuno-modulateurs ou des immunosuppresseurs, qui agissent sur les attaques du système immunitaire, mais au prix d’effets secondaires importants et avec une efficacité limitée dans le temps. «La perspective pour GNBAC1 d’entrer en concurrence frontale avec les médicaments leader dans cette indication (Aubagio, Gylenia, Tecfidera, Lemtrada, Ocrevus, etc.) semble limitées ; en revanche le produit pourrait se faire une place dans d’autres types plus rares de sclérose en plaques, comme la forme secondaire progressive caractérisée par des poussées plus rares mais une neuro-dégénerescence constante, contre laquelle GNBAC1 semble présenter un intérêt. Il pourrait aussi être développé dans la RRMS en combinaison avec les produits existants, pour compléter leur action», explique un analyste parisien.
Mais il faudra connaître les données détaillées de l’essai pour évaluer vraiment la chance de réussite de GNBCA1 dans d'autres indications. Aux incertitudes cliniques s’ajoutent les questions règlementaires : «Aujourd’hui le critère principal de réussite d’un essai clinique dans la RRMS est la fréquence des "relapses" (poussées), dans la forme secondaire progressive, le terrain est moins bien balisé», poursuit l’analyste.
Servier sera le premier à donner une réponse à ces lourdes interrogations. Le laboratoire français a une option de licence sur GNBAC1 dans la sclérose en plaques. L’accord prévoit, outre un paiement immédiat de 15 millions d’euros, le financement d’une phase III, que Geneuro ne peut s’offrir. La réponse de Servier est attendue avant la fin de l’année. C’est à quitte ou double.
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