
( AFP / BEN STANSALL )
Le plus grand distributeur d'eau du Royaume-Uni Thames Water, en grandes difficultés financières, a affirmé mercredi que le plan proposé par l'autorité britannique de l'eau (Ofwat) n'était pas tenable financièrement, et estime qu'il devrait augmenter les factures jusqu'à 59% d'ici 2030.
L'Ofwat avait refusé en juillet une première proposition de la compagnie d'augmenter ses factures de 44% d'ici 2030 par rapport à 2024/25 pour financer ses investissements, jugeant notamment que certaines dépenses n'étaient "pas bien justifiées".
Le régulateur proposait à la place une hausse de 23% (soit environ 20 livres par an, un peu plus que le moyenne nationale) et un investissement de 16,9 milliards sur cinq ans. Il rendra sa décision finale le 19 décembre, à l'issue d'une consultation.
Mais dans une nouvelle estimation, la compagnie affirme qu'il en faudra bien davantage pour financer les plus de 23 milliards d'investissements qu'elle juge nécessaires dans son réseau. La hausse des factures pourrait aller jusqu'à 59% d'ici 2030, les portant à 696 livres par an en moyenne, a-t-elle indiqué mercredi dans un document publié sur son site internet.
Le plan proposé par l'Ofwat ne peut pas être financé, ni attirer de l'investissement privé, il est donc "non réalisable" et "empêcherait également le redressement de l'entreprise", a estimé mercredi Chris Weston, directeur général de Thames Water, dans un communiqué.
"On ne demande pas (aux clients) de payer deux fois, mais de compenser des années de factures basses", a argumenté M. Weston, ajoutant que l'entreprise introduit en parallèle "un tarif social amélioré pour ceux qui ont des difficultés à payer", qui devrait désormais bénéficier à 647.000 ménages.
Thames Water est la plus grande compagnie d'eau du Royaume-Uni, desservant 16 millions de clients à Londres et dans la vallée de la Tamise.
Criblée de dettes, l'entreprise est détenue par un consortium d'actionnaires dont les fonds de pension canadien Ontario Municipal Employees Retirement System et britannique Universities Superannuation Scheme.
La situation précaire du groupe alimente depuis des mois les spéculations sur la nécessité d'un potentiel très coûteux plan de sauvetage public si l'entreprise ne parvient pas à trouver les financements privés dont elle a besoin.
Les compagnies des eaux britanniques, privatisées depuis 1989, sont sous le feu des critiques depuis plusieurs années pour le déversement de quantités importantes d'eaux usées dans les cours d'eau et en mer, en raison de sous-investissements dans un système d'égouts qui date largement de l'époque victorienne.
L'Ofwat avait placé Thames Water sous surveillance en juillet, puis indiqué début août qu'il comptait nommer un superviseur indépendant afin de surveiller l'avancement du plan de redressement de l'entreprise.
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