
La bourse Euronext dans le quartier d'affaires de La Défense à Paris
Les offres publiques de rachats d’entreprises en France ont rebondi l'année dernière mais les grandes opérations sont restées rares, illustration du manque d'attractivité de la cote parisienne, selon une étude publiée lundi par le cabinet Herbert Smith Freehills.
Entre septembre et décembre, 18 opérations ont été ouvertes, portant le total des offres sur l'année 2024 à 37, contre 23 en 2023. Les segments de l'informatique et de l'industrie représentent à eux seuls 20 opérations.
"En volume, l'activité a été forte, mais elle est en revanche très limitée pour les opérations significatives (grandes capitalisations) : seules trois opérations -Esker, Believe et SII- ont dépassé le milliard d'euros", nuance Frédéric Bouvet, responsable corporate M&A au sein du cabinet.
La plupart des opérations ont été motivées par un parcours boursier jugé décevant et complexe, Esker justifiant par exemple que sa "stratégie de croissance est rendue compliquée par (sa) cotation en Bourse".
Signe de ce désintérêt, l'année 2024 a été marquée par une forte augmentation du nombre de rachat en vue de retirer un groupe de la Bourse (dites "public to private"), 13 opérations de ce type ayant été menées sur la période.
La faiblesse des valorisations et des conditions de financement plus attractives ont contribué à encourager des opérations, en particulier dans le cadre du secteur industriel qui totalise 9 opérations de "public M&A" en 2024.
La présence d'acteurs financiers au sein des opérations est l'autre tendance forte de 2024.
"Les fonds profitent de conditions d'émission de dette plus intéressante, tandis que les niveaux élevés de poudre sèche (fonds non déployés) les encouragent à chercher des actifs dans lesquels investir, y compris sur les marchés", souligne Frédéric Bouvet.
La forte hausse de ces opérations illustre l'attrition de la cote parisienne, de moins en moins d'entreprises choisissant de s'y coter tandis que les retraits s'accentuent.
Cette érosion semble vouée à se poursuivre après une année 2024 compliquée pour les actifs hexagonaux. D'autres marchés, aux règles moins complexes ou mieux orientés, pourraient attirer les entreprises françaises.
"Les entreprises candidates aux introductions en Bourse savent arbitrer entre les différents marchés financiers, bien au-delà des frontières", prévient Laurence Vincent, associée corporate M&A.
Face à la puissance d'attraction de la Bourse américaine, la Bourse de Londres a ainsi ouvert une réflexion sur sa compétitivité.
En France, la loi Attractivité votée en juin 2024 doit favoriser le recours aux marchés de capitaux français, tandis que le "Listing Act" européen, entré en vigueur fin 2024, simplifie les règles d'entrée en Bourse pour les petites entreprises.
"Les efforts fournis à Paris et en Europe en termes d'attractivité vont dans le bon sens mais suffiront-ils à pallier ou réduire le nombre de retraits de cote des petites et moyennes capitalisations ?", s'interroge l'avocate.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)
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