"Décarboner l'activité (...) doit devenir une ardente obligation au même titre que la création de valeur pour les actionnaires", a jugé le président de l'Institut de la Finance durable (IFD), lors de la conférence organisée par sa structure, lundi 22 avril.
Yves Perrier, en 2019, à Paris ( AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT )
L'Institut de la Finance durable (IFD), émanation de Paris Europlace, le lobby de la place financière française, a appelé lundi les investisseurs à miser sur la décarbonation des entreprises quitte à "revoir à la baisse" leurs objectifs de rendement. Banquiers, assureurs et autres gestionnaires d'actifs "ont un rôle majeur à jouer" dans la décarbonation de l'économie, a déclaré le président de l'IFD Yves Perrier, également président du groupe bancaire Edmond de Rothschild, lors d'un colloque au ministère de l'Economie et des Finances à Paris.
Ils interviennent "d'une part en allouant le capital aux projets de transformation des entreprises (...) d'autre part en exerçant une pression sur les entreprises pour qu'elles s'inscrivent résolument dans les projets de décarbonation", a-t-il souligné. "L'objectif de rendement de 15% des fonds propres forgé dans les années 1990 (...) doit bien entendu être revu à la baisse", a-t-il continué.
"Le temps de l'action"
En appliquant la même formule de calcul qu'à l'époque - le double des taux considérés comme "sans risque", ceux auxquels l'Etat se finance - le nouvel objectif serait plutôt autour de 6%. Cette sortie a été saluée par l'ingénieur et conférencier Jean-Marc Jancovici, influent patron du groupe de réflexion Shift project, qui était l'invité d'une table ronde dans la matinée.
Pour les entreprises, "décarboner l'activité (...) doit devenir une ardente obligation au même titre que la création de valeur pour les actionnaires", a également défendu M. Perrier. Neuf ans après l'accord de Paris de 2015, semble pour lui enfin venu "le temps de l'action!", thème retenu cette année pour ce colloque.
L'institut de la finance durable (IFD) est dédié à la lutte contre le réchauffement climatique au sein de Paris Europlace. Annoncé au programme du colloque, le ministre Bruno Le Maire n'a finalement pas fait d'intervention.
Une dizaine d'activistes de l'ONG Canopée se sont invités devant Bercy pour dénoncer les "financements accordés par l'Etat à la déforestation", ciblant un projet de mine de nickel dans lequel investit le groupe minier français Eramet en Indonésie, selon la porte-parole de l'association, Klervi Le Guenic.
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