Luca de Meo, PDG de la marque au losange, a mis en avant l'ampleur du défi de l'électrification posé aux constructeurs automobiles, qui selon lui auront besoin de quelques années de plus par rapport aux objectifs fixés par la feuille de route européenne.

Luca de Meo, le 6 décembre 2023, à Boulogne-Billancourt ( AFP / ALAIN JOCARD )
"Nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire". Dans un entretien accordé à plusieurs titres de presse européenne dont Les Echos , le patron de Renault Luca de Meo a affiché lundi 22 juillet ses réserves quant aux objectifs européens sur la vente de voitures thermiques neuves, dont l'interdiction totale espérée pour 2035, un cap "compliqué" à tenir. Le PDG de la marque au losange s'inquiète des prochaines échéances fixées par cette feuille de route, réclamant de la "souplesse dans le calendrier".
Spectre de sanctions à plusieurs milliards dès 2025
"Vous parlez tous de 2035, mais avant, il est nécessaire de regarder les échéances de 2025 et 2030. La majorité des pays n'ont pas dépassé les 7 % de part de marché dans l'électrique à ce jour alors qu'on demande aux constructeurs d'être à plus de 20 % l'an prochain, et que le marché européen est globalement à 15 %", met-il en garde, s'inquiétant du système de pénalités prévu par la réglementation CAFE (en matière de seuils d'émission de CO2), qui pourrait en l'état coûter 10 milliards d'euros par an aux constructeurs dès 2025 .
"Basculer en douze ans de 10% de parts de marché pour les VE (véhicules électriques, NDLR) à 100%, c'est vraiment très compliqué", juge t-il ainsi. "Nous avons besoin d'un peu plus de souplesse dans le calendrier", a-t-il ajouté, rappelant que lorsque la décision d'interdire la vente de moteurs thermiques d'ici à 2035 a été prise "la position de la France et celle de Renault Group ont été plutôt de dire que 2035 c'était trop tôt et qu'il fallait plutôt viser 2040" .
"Nous ne devons pas refuser le progrès"
"Nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire pour arriver à 100% de voitures 100% électriques en 2035. (...) Pour autant, il ne faut pas instrumentaliser le ralentissement actuel du marché pour abandonner purement et simplement l'objectif. Ce serait une grave erreur stratégique", a aussi souligné le patron de Renault. M. de Meo rappelle que l'industrie automobile a "investi des dizaines de milliards d'euros dans la transition" vers l’électrique et qu'il ne faut pas "les jeter par les fenêtres".
Par ailleurs "nous ne devons pas refuser le progrès" et "l'électrification dans l'automobile fait partie du progrès", a-t-il martelé. "La question c'est celle du rythme", explique M. de Meo, mettant en avant que "la majorité des pays n'ont pour l'instant pas dépassé les 7% de part de marché dans l'électrique à ce jour".
"Il faut que l'écosystème avance ensemble, tous ensemble. C'est de cela dont je parle quand je demande de la souplesse et de l'agilité", explique-t-il.
En février, M. de Meo avait déjà jugé qu'un retour en arrière sur l'interdiction des voitures essence et diesel en 2035 serait bienvenu mais compliqué.
Regarder aussi du côté des carburants
"J'espère que l'interdiction s'appliquera un peu plus tard, parce que je pense que nous ne serons pas capables de la faire sans endommager toute l'industrie et toute la chaîne de valeur de l'automobile européenne", avait-il déclaré au salon de l'automobile de Genève.
Enfin pour le patron de Renault, "la voiture électrique n'est qu'une des solutions" pour décarboner le secteur automobile. Pour lui il serait "plus judicieux d’accélérer en même temps la rénovation du parc" et de "regarder ce que l'on peut faire du côté des types de carburants". "Dans les dix prochaines années, il n'y a pas suffisamment de voitures électriques pour vraiment impacter la décarbonisation. (...) A la roulette, on ne peut pas miser tout sur une couleur", conclut-il.
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