Auchan, Intermarché, Carrefour ... Entre cessions, fermetures et plans sociaux, les enseignes françaises réorganisent leur réseau pour survivre à la guerre des prix et à la fin du modèle hypermarché.

( AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN )
Modèle remis en cause, guerre des prix, cessions: le secteur de la grande distribution poursuit sa restructuration, au prix de fermetures de magasins, plans sociaux et disparitions d'enseignes.
Le géant de la distribution Auchan, en difficulté, est entré en négociations exclusives avec Lidl pour la cession de 19 de ses supermarchés, ont annoncé mercredi les deux enseignes.
C'est une nouvelle étape dans la recomposition en cours du secteur de la grande distribution en France depuis le spectaculaire transfert de quelque 400 magasins Casino entre fin 2023 et 2024, en raison des grandes difficultés financières de l'ancien fleuron stéphanois.
Les plus gros acteurs absorbent les petits et les fragiles, jusqu'à faire vaciller des enseignes historiques.
Auchan en difficulté
C'est la famille Mulliez, propriétaire du distributeur nordiste, qui le disait en mai: Auchan traverse "depuis plusieurs années la remise en cause du modèle hypermarché qui a fait son succès".
Pour se relancer, le cinquième distributeur français a parié en 2024 sur la reprise de près de cent magasins Casino. Mais sur les 19 magasins bientôt cédés à Lidl, 9 d'entre eux faisaient partie des supermarchés repris à l'enseigne stéphanoise.
D'après le média La Lettre, Auchan, qui a déjà annoncé un grand plan de restructuration avec près de 2.400 suppressions de postes à la clé, cherche encore à se séparer de huit magasins supplémentaires, qui pourraient fermer à défaut de repreneurs.
Des emplois menacés
Près de 300 magasins Casinos en 2023/24, 81 magasins Colruyt mi-juin: en deux ans, Intermarché, le troisième distributeur français a réalisé deux opérations massives de reprise.
Intermarché est passé, en quelques années, d'un peu plus de 2.100 point de ventes à environ 2.500, selon le groupement.
Mais le distributeur va devoir désormais digérer ces acquisitions. Si les magasins Colruyt sont acquis directement par les adhérents, les centaines de Casino ont nécessité l'endettement du groupement.
Comme Auchan qui se sépare de magasins Casino récemment rachetés, Intermarché a décidé de ne pas conserver l'intégralité du parc repris: 30 magasins repris au concurrent Casino n'ont pas trouvé de rentabilité et vont donc fermer. Au total, 680 emplois sont concernés.
De son côté, le Belge Colruyt, qui cherche à se séparer de tous ses magasins en France, a fait savoir que près de 900 salariés étaient "susceptibles d'être licenciés pour motif économique".
Carrefour poursuit sa "revue de portefeuille"
Moins offensif qu'Intermarché, Carrefour ne s'est pas empêché pour autant de picorer parmi les magasins Casino à reprendre en 2024.
Surtout, le géant de la distribution a racheté, également l'année dernière, ses concurrents Cora et Match, soit 60 hypermarchés Cora et 115 supermarchés Match, pour plus d'un milliard d'euros.
Là non plus, ce rachat ne se fait pas sans quelques économies: l'ancien siège de Cora en Seine-et-Marne est amené à disparaître d'ici la fin de l'année, 340 emplois sont menacés.
Coté au Cac 40 où son cours de Bourse s'érode depuis plusieurs années, le groupe a annoncé en février avoir lancé une "revue de portefeuille" qui concerne aussi ses activités à l'international, où il est très implanté.
E. Leclerc, plafond de verre ?
Sur les quelque 250 milliards d'euros dépensés chaque année par les Français dans des grandes surfaces alimentaires, près d'un quart l'est dans un point de vente sous l'enseigne E.Leclerc.
Historiquement bâtie sur la promesse de prix bas, l'enseigne a profité de la période de forte inflation, jusqu'à accroître ses performances commerciales à des niveaux jamais vus auparavant dans un secteur où les variations sont habituellement plutôt faibles.
Impitoyable avec ses fournisseurs, quitte à se faire sanctionner par les autorités, E. Leclerc est une machine puissante qui impose un rythme pas facile à suivre pour les concurrents.
Mais mécaniquement, les acquisitions de Carrefour et Intermarché leur ont permis de grappiller quelques points de parts de marchés.
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