Le directeur général d'ExxonMobil Darren Woods lors d'une interview avec Reuters
par Maha El Dahan
ExxonMobil ne sera pas en mesure de poursuivre ses activités dans l'Union européenne (UE) si celle-ci n'assouplit pas de manière significative une loi sur le développement durable, qui fait peser sur les entreprises la menace d'amendes portant sur 5% du chiffre d'affaires mondial, a déclaré lundi son directeur général Darren Woods.
Le patron du géant américain se joint ainsi à d'autres producteurs d'énergie qui ont exhorté l'UE à apporter des changements à sa loi, qui exige des entreprises qu'elles identifient et résolvent dans leurs chaînes d'approvisionnement les problèmes liés aux droits de l'homme et à l'environnement.
"Si nous ne pouvons pas être une entreprise prospère en Europe, et plus important encore, s'ils commencent à essayer de prendre leur législation nuisible et de l'appliquer partout dans le monde où nous faisons des affaires, il devient impossible de rester là", a déclaré Darren Woods à Reuters en marge de la réunion de l'ADIPEC à Abu Dhabi.
La loi européenne sur le devoir de diligence en matière de développement durable vise, notamment, à rendre responsables les entreprises non conformes devant les États membres de l'UE et les victimes de violations des droits de l'homme ou d'atteintes à l'environnement, même dans le cas d'activités en dehors du bloc.
"UNE ÉCONOMIE SURRÉGLEMENTÉE"
"Nous continuons à plaider pour que les gens comprennent vraiment les conséquences désastreuses de cette législation, si elle reste en l'état, et nous allons continuer à essayer de rallier les chefs d'entreprise du monde entier pour qu'ils s'opposent à cette législation", a ajouté Darren Woods.
Selon lui, bien que les législateurs européens tiennent compte de l'opposition des producteurs d'énergie, aucun changement important n'a été introduit.
"Au contraire, cela embrouille le langage et, à mon avis, accroît encore davantage l'exposition, car la marge d'interprétation s'est accrue", a-t-il estimé.
Le mois dernier, le Parlement européen a accepté de négocier d'autres modifications de la loi. L'UE a pour objectif d'approuver les changements définitifs d'ici la fin de l'année.
"Aujourd'hui, l'économie est déjà surréglementée, elle se désindustrialise, elle étouffe la croissance économique. Cela ne fera qu'entraver davantage cette croissance", a déclaré Darren Woods.
OBJECTIONS DU QATAR
Le mois dernier, le Qatar, grand producteur de gaz, et les États-Unis ont exhorté les chefs d'État européens à reconsidérer la loi qui, selon eux, menace l'approvisionnement de l'Europe en énergie fiable et abordable.
Le Qatar a menacé de cesser d'approvisionner l'Europe en gaz naturel liquéfié (GNL) et a déclaré qu'il ne pourrait pas continuer à faire des affaires dans l'UE si des changements n'étaient pas apportés à ses règles en matière de développement durable.
Le Qatar fournit entre 12 et 14% du GNL européen depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022.
Des entreprises, dont ExxonMobil, ont demandé à l'UE d'aller plus loin et d'abandonner complètement sa politique, arguant qu'elle conduirait les entreprises à quitter l'Europe.
(Reportage Maha El Dahan ; rédigé par Andrew Mills ; version française Etienne Breban ; édité par Augustin Turpin)

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