Manon Aubry à Villepinte, le 16 mars 2024. ( AFP / BERTRAND GUAY )
Les têtes de liste insoumise, écologiste et communiste aux élections européennes ont appelé lundi à des actions françaises et européennes pour défendre l'usine MetEx d'Amiens, seule en Europe à produire de la lysine, un acide aminé, mais en difficulté et concurrencée par la Chine.
Environ 300 personnes se sont réunies en début d'après-midi devant l'usine, placée le 20 mars en redressement judiciaire en raison de la flambée du prix du sucre qui représente 50% du coût de production de la lysine. La direction dénonce également un "dumping" de ses concurrents chinois.
Manon Aubry (LFI), Léon Deffontaines (PCF) et Marie Toussaint (Les Ecologistes), tous trois têtes de liste au scrutin du 9 juin, ont chacun pris la parole pour appeler à des mesures nationales contre la hausse du prix du sucre et à une action européenne contre le "dumping" dénoncé.
L'usine amiénoise produit habituellement chaque année 100.000 tonnes d'acides aminés, essentiels pour la croissance musculaire des animaux d'élevage, principalement de la lysine.
"C'est une folie de devoir dépendre de la concurrence chinoise", a estimé Manon Aubry, tandis que Marie Toussaint a fustigé la "spéculation alimentaire". D'après les syndicats, la tonne de sucre coûte 900 euros sur le marché européen contre 500 sur le marché mondial.
Léon Deffontaines a dénoncé "un triple scandale", social, économique et environnemental, la lysine produite à Amiens étant, selon les syndicats, cinq fois moins carbonée que celle importée de Chine.
Pour François Ruffin, député LFI de la circonscription, MetEx symbolise le choix à faire entre "une Europe passoire" et "une Europe qui protège et régule".
Concomitamment, le tribunal de commerce de Paris a placé le groupe en procédure de sauvegarde et l'usine de Moselle en redressement judiciaire, quelques jours après le placement en redressement judiciaire de l'usine d'Amiens, a indiqué l'entreprise dans un communiqué.
La date limite de dépôt des offres pour la filiale de Moselle a été fixée au 30 avril 2024 à midi, contre le 6 mai pour l'usine d'Amiens.
"Pour sauver la souveraineté alimentaire de la France, on a besoin de cette usine d'Amiens", a indiqué à l'AFP Rudolph Hidalgo, directeur-général adjoint de cette entreprise qui possède la seule usine de lysine en Europe.
En cas de disparition de l'usine amiénoise, il souligne que les Chinois auraient le champ libre pour vendre leur lysine beaucoup plus cher.
L'entreprise, qui emploie un peu plus de 400 personnes dont près de 300 à Amiens, demande à Bruxelles de mettre en place des taxes douanières sur les importations de Chine.
Elle en appelle également à l'Etat, selon qui des négociations sont en cours avec les sucriers pour permettre à MetEx d'acquérir du sucre à un prix plus abordable.
MetEx a déposé une plainte anti-dumping auprès de la Commission européenne, mais "elle ne pourra donner lieu à une procédure anti-dumping qu'une fois que nous aurons réussi à faire la preuve de la viabilité de l'usine d'Amiens", souligne l'Etat.
Deux repreneurs potentiels se sont positionnés, un français et un sud-coréen, assure François Ruffin. Mais tous deux veulent d'abord s'assurer de la pérennité de l'usine.
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