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Euro-dollar : à quoi faut-il s’attendre pour 2018 ?
information fournie par Boursorama 22/11/2017 à 10:00

L'euro a bondi de 12% en 2017 contre le dollar en 2017. Crédit Stock: antonin

L'euro a bondi de 12% en 2017 contre le dollar en 2017. Crédit Stock: antonin

C'était le Trade le plus populaire depuis l'élection de Trump en novembre 2016. Acheter le dollar. Le raisonnement était d’une logique implacable: grâce au projet de baisse de la pression fiscale et à l’amélioration de la conjoncture économique, la banque centrale américaine aura une marge de manœuvre suffisante pour remonter ses taux d'intérêt. Autant d’éléments censés faire remonter le billet vert.

Et de fait, l’euro est tombé à 1,05 dollar en début d’année. Nombreux étaient les spécialistes qui anticipaient alors un retour de la paire euro-dollar vers la parité. Mais comme presque toujours lorsqu’il s’agit du marché des changes, le consensus s’est trompé. Depuis le début de l’année, l’euro a bondi de 12% face au dollar, une «progression significative» selon Warin Buntrock, Directeur Adjoint des Gestions chez BFT IM. De 1,05$ la monnaie unique a opéré une nette remontée qui lui a permis de tester le seuil des 1,20$ en septembre, avant de refluer vers les 1,17$ en fin d’année. Comment expliquer une telle hausse de l’euro contre la devise de l’oncle Sam ?

Le dollar plombé par les incertitudes politiques

Au cours de l’année 2017, le dollar a été pénalisé par les interrogations sur les perspectives économiques de la présidence Trump. L'échec du projet de réforme du système de santé américain, les incertitudes autour de la réforme fiscale et du plan de relance de l’investissement sont autant d’incertitudes qui ont conduit les investisseurs à se demander s’il y avait un «pilote dans l’avion» résume Christophe Morel, Chef Economiste au sein de Groupama Asset Management. A cela s’ajoute le fait que «les Etats-Unis ont un déficit courant important, et que le meilleur moyen de le résorber passait par une baisse du dollar» conclut le chef économiste de Groupama.

Le resserrement de la politique monétaire de la Fed peut-il faire rebondir le dollar en 2018?

En octobre, la Fed a annoncé qu’elle allait s’attaquer à la taille de son bilan qui atteint le niveau stratosphérique de 4200 milliards de dollars.  Dans un premier temps elle a annoncé qu’elle allait réduire de 10 milliards de dollars le montant mensuel de ses réinvestissements de titres arrivés à maturité. D’autre part, elle va poursuivre le relèvement de ses taux directeurs. La prochaine hausse aura lieu, sauf surprise, lors de sa prochaine réunion en décembre. Et pour 2018, le consensus table sur trois hausses de taux qui porteront le taux directeur à 2% fin 2018. Un resserrement intégré dans les cours selon les trois gérants. Mais tout dépendra du niveau d’inflation et de la solidité de la croissance économique.

Les Etats-Unis en phase d’expansion et une inflation qui se fait attendre

Pour Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez AMPLEGEST «la croissance économique devrait rester vigoureuse en 2018 aux Etats-Unis et le niveau d’inflation remonter vers le seuil des 2%.  La Fed va augmenter franchement ses taux, car il y a une inflation que les marchés ne voient pas encore. L’inflation sera donc au rendez-vous et elle viendra de la hausse des salaires dans un contexte de plein emploi et de rebond des matières premières». Pour Warin Bruntrock, «la croissance des salaires est certes positive, mais elle n’augmente pas autant qu’elle le devrait à ce stade du cycle». «Cette faiblesse est liée à la précarité du marché du travail qui a créé beaucoup d’emploi à temps partiels» ajoute Christophe Morel.

«Compte tenu du contexte favorable, une quatrième hausse des taux n’est pas à exclure car la hausse des taux directeurs de la Fed est concomitante avec une croissance forte » selon Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest. Dans ce contexte «le dollar peut s’apprécier en 2018».

Même constat pour BFT IM pour qui «il n’y a pas de surprise à attendre malgré le changement à la tête de la Fed avec la nomination de Jerome Powell. La feuille de route est claire. La banque centrale va continuer de normaliser progressivement sa politique monétaire».

Attention cependant au niveau d’inflation qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu. Pour Warin Buntrock «le principal risque pour 2018 c’est que l’inflation reparte et que le marché soit pris de court».

Quid de l’Europe ?

En 2017, l’euro s’est renforcé face aux autres devises. Quatre facteurs ont plaidé pour une hausse de la monnaie unique : «la disparition du risque politique sur le Vieux Continent, l’amélioration de la conjoncture économique au-delà des espérances, le regain d’intérêt de la part des investisseurs étrangers pour la zone et l’anticipation d’une normalisation de la politique monétaire» explique Warin Buntrock.  Cette tendance va -t-elle se poursuivre en 2018?

Pour les trois gérants, la croissance restera vigoureuse en Europe l’an prochain. Elle est même « auto entretenue » selon Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest.

Vers une normalisation progressive de la politique monétaire

Conforté par l’amélioration de la conjoncture, Mario Draghi, le président de la BCE a annoncé lors de sa réunion de politique monétaire que l’institution allait réduire de moitié ses achats d’obligations publiques et privées au rythme de 30 milliards d’euros par mois, contre 60 actuellement.

La BCE réduit son soutien à l’économie mais garde la possibilité de faire machine arrière, indiquant que ces injections de liquidités pourraient augmenter si la situation venait à se dégrader à nouveau en Europe.

De plus, la BCE a annoncé qu’elle prolongeait son programme d’assouplissement quantitatif jusqu’en septembre 2018 au moins, et même «au-delà si nécessaire».

L'euro devrait rester ferme dans un contexte de taux bas

Pour les trois gérants, les taux vont par conséquent rester bas en 2018 car la BCE commence tout juste à réduire le montant de ses rachats d’actifs.  Etant donné qu’«en terme de cycle de politique monétaire, l’Europe a entre 4 et 5 ans de retard par rapport aux Etats-Unis, l’institution européenne va d’abord cesser d’injecter des liquidités avant de relever ses taux comme l’ont fait les Etats-Unis. La première hausse des taux ne devrait pas intervenir avant début 2019» selon le gérant d’Amplegest. Une projection partagée par Groupama Am et BFT IM qui n’anticipent pas de hausse des taux avant la mi-2019.

Pour les trois gérants, il ne fait aucun doute que la BCE va maintenir ses taux à des plus bas records, «au-delà» de la fin de ces rachats ce qui éloigne l'hypothèse d'une augmentation du loyer de l'argent à court terme.

Mais compte tenu du regain d’intérêt des investisseurs pour la zone euro et de la réduction des injections de liquidités, «l’euro va naturellement monter, car son niveau est toujours sous valorisé» selon BFT IM. «Sa valeur intrinsèque se situe autour des 1,30$. On peut donc s’attendre à voir l’euro remonter autour des 1,25$ en 2018» poursuit le gérant.

Pour Christophe Morel de Groupama AM, «l’euro ne devrait ni monter ni baisser au regard des fondamentaux économiques». En revanche le gérant s’attend à une «volatilité des devises relativement plus forte». Dans un marché où les taux sont contrôlés par les banques centrales la monnaie peut servir de variable d’ajustement afin de donner un coup de pouce à l’économie, à condition bien sûr que tous les pays ne se lancent pas dans une dévaluation compétitive en même temps.

Florentine Loiseau (redaction@boursorama.fr)

3 commentaires

  • 22 novembre 11:47

    La fin de l'année arrive, les boules de cristal sortent.


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