par Patrick Vignal
PARIS, 3 décembre (Reuters) - L'association entre politique monétaire et relance budgétaire qui a caractérisé 2020 marque le grand retour de l'économie mixte, dit-on chez M&G.
Les réponses rapides, massives et coordonnées apportées par les banques centrales et les gouvernements pour limiter les dégâts économiques de la crise du coronavirus annoncent une nouvelle ère, selon Florent Delorme, macro-stratégiste de la société de gestion.
"La grande rupture que l'année 2020 a introduite est le passage à une politique économique couplant liquidité monétaire abondante et relance budgétaire, le tout permis par un monde structurellement déflationniste et par une certaine coordination mondiale sur la question", dit-il à Reuters.
"Ce que les historiens, dans les décennies qui viennent, retiendront sans doute est que 2020 clôture le cycle libéral entamé dans les années 1980, quarante années pendant lesquelles on a surtout cherché à mettre l'Etat un peu en retrait de la sphère économique. L'année 2020 signe le grand retour de l'économie mixte, où l'Etat se veut à la fois stratège et régulateur du cycle économique."
Ce changement de paradigme a naturellement des conséquences sur les marchés puisqu'il dessine un environnement favorable aux actifs financiers, à commencer par les actions, ajoute-t-il.
"Ce mélange de liquidité extrême et de relance budgétaire favorise les actifs risqués, quand bien même ceux-ci afficheraient des rendements un peu inférieurs à ce que l'on a pu connaître", explique Florent Delorme.
L'alliance entre les gouvernements et les banques centrales favorisera également le rebond économique qui suivra la sortie de la crise sanitaire, même s'il ne faut pas en exagérer la rapidité et l'ampleur, selon lui.
RETOUR EN VUE À UNE CROISSANCE FAIBLE
"Il devrait y avoir un retour à une activité plus forte au premier semestre 2021 mais en gardant quand même en tête que si les taux de croissance affichés sont significatifs en termes de niveau d'activité, on restera sans doute encore en retrait par rapport à un régime normal", dit-il.
"En sortie de crise, la croissance potentielle sera sans doute plus faible que ce qu'elle était avant le début de la crise sanitaire, avec un investissement des entreprises qui sera certainement un peu en retrait."
En se donnant la main, les gouvernements et les banques centrales ont aussi pour but de réduire des inégalités qui ont créé une fracture sociale de plus en plus visible dans plusieurs pays, ajoute le stratégiste.
"Un des objectifs du changement de paradigme monétaire et budgétaire qui est train de s'opérer est de redistribuer la richesse de manière différente et peut-être plus équitable pour réduire les inégalités, dont le monde académique, économique et politique a parfaitement conscience, et pour apaiser les tensions sociales", dit-il.
L'augmentation de la dépense publique alourdit la dette des Etats et gonfle le bilan des banques centrales, ce qui pourrait nécessiter à terme des mesures radicales, prolonge Florent Delorme.
"L'idée que la dette publique des Etats souverains sera remboursée est peu probable tant les niveaux d'endettement et la pression fiscale sont élevés, avec un potentiel de croissance, assez faible", dit-il.
"L'hypothèse la plus probable qui se dessine à un horizon de dix ans est une annulation partielle des dettes souveraines détenues dans les bilans des banques centrales."
(édité par Marc Angrand)
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