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Les scénarios de riposte qui s'offrent à Téhéran après la mort de Soleimani
information fournie par Reuters 06/01/2020 à 18:36

    DUBAI, 6 janvier (Reuters) - Blocage du détroit d'Ormuz,
riposte militaire ou voie diplomatique : trois jours après la
mort du général Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine
en Irak, les autorités iraniennes soupèsent les différentes
options qui s'offrent à elles pour répliquer à l'"aventurisme
criminel" de Washington. 
    
    Voici les différents scénarios possibles : 
    
    RIPOSTE MILITAIRE
    Si le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et le
président américain Donald Trump ont adopté un ton martial
depuis le raid qui a visé le chef de la force d'élite Al Qods
vendredi dernier, ni l'un ni l'autre ne sont allés jusqu'à
afficher leur volonté de s'engager dans une guerre totale.
    Soucieux de ne pas apparaître faible en Iran ou dans les
pays alliés de la région, Ali Khamenei pourrait toutefois être
tenté d'opter pour une riposte militaire, estime Karim
Sadjadpour, du Carnegie Endowment for International Peace.
    Réduite, cette riposte devrait être soigneusement calibrée,
ajoute le chercheur, selon lequel "une réponse faible" ferait
courir "le risque" à l'ayatollah "de perdre la face" et une
réponse excessive risquerait "de lui coûter sa tête". 
    L'Iran a trois options, estimaient les renseignements
militaires américains dans un rapport publié le mois dernier :
son programme de missiles balistiques, ses forces navales, ses
milices supplétives en Syrie, en Irak et au Liban. 
    Téhéran dit avoir en sa possession des missiles de haute
précision, des missiles de croisière et des drones armés
capables de frapper des bases militaires américaines dans le
Golfe et d'atteindre Israël, ennemi juré de la République
islamique.
    L'Iran, ou ses alliés dans la région, pourraient également
s'en prendre à des pétroliers dans le Golfe et dans la mer
Rouge, voies maritimes stratégiques pour le pétrole et pour le
commerce reliant l'océan Indien à la mer Méditerranée via le
canal de Suez. 
    
    BLOQUER LE DETROIT D'ORMUZ 
    Autre option possible, le blocage du détroit d'Ormuz - par
lequel transite plus d'un cinquième du pétrole mondial - qui
pourrait provoquer une augmentation brutale des prix de l'or
noir.
    Sur le plan légal, Téhéran ne peut pas fermer
unilatéralement l'accès aux couloirs de circulation
internationale qui sont situés dans les eaux territoriales du
sultanat d'Oman. Mais les navires traversent les eaux iraniennes
qui sont sous la responsabilité des forces navales des Gardiens
de la Révolution islamique. 
    Téhéran pourrait, selon des spécialistes, être tenté
d'utiliser des missiles, des drones, des mines et des vedettes
rapides contre les États-Unis et ses alliés lors de leur passage
dans la zone. 

    TACTIQUES ASYMÉTRIQUES
    Pour contrer la première puissance militaire mondiale,
l'Iran a par le passé opté pour des tactiques asymétriques et
s'est appuyé sur ses supplétifs dans la région où elle fournit
depuis plusieurs années armes et expertise technique. 
    Au Yémen, les Houthis ont ainsi utilisé des missiles
fabriqués en Iran et des drones pour bombarder des aéroports en
Arabie saoudite. En Irak, ce sont des milices soutenues par
l'Iran qui s'en sont pris aux bases où les forces américaines
étaient déployées.     
    
    VISER AU-DELÀ DE LA RÉGION? 
    L'Iran pourrait également s'en prendre à des cibles situées
hors de la région. En 1994, un membre du mouvement chiite du
Hezbollah libanais avait bombardé un bâtiment abritant plusieurs
associations juives, faisant 85 morts. L'Argentine avait accusé
l'Iran et le Hezbollah d'être derrière cette attaque, ce que les
deux parties avaient démenti.
    Buenos Aires avait également imputé au Hezbollah l'attaque
de l'ambassade israélienne en 1992 qui avait fait 29 morts.
    "Ce qui est le plus probable, ce sont des attaques par
procuration menées contre les intérêts américains et de ses
alliés, au niveau régional et même mondial", estime Karim
Sadjadpour, de l'institut Carnegie. 
    
    QUID DE LA VOIE DIPLOMATIQUE? 
    En dépit des tensions de ces derniers jours qui font
craindre une escalade militaire, l'option diplomatique n'est pas
à écarter définitivement. 
    Par le passé, les dirigeants iraniens ont en effet toujours
pris soin de garder la porte de la diplomatie ouverte pour
parvenir à leurs fins, notamment lorsque l'économie iranienne
s'est retrouvée axphyxiée par les sanctions américaines. 
    "L'Iran et les Etats-Unis ont travaillé ensemble par le
passé, en Afghanistan, en Irak et ailleurs", relève un haut
diplomate de la région. "Ils ont des intérêts et des ennemis en
commun. Une confrontation militaire serait coûteuse pour les
deux parties. Alors que la diplomatie peut résoudre de nombreux
problèmes et c'est une option."
    La partie s'annonce toutefois difficile. L'Iran a exclu
toute discussion avec Washington tant que les Etats-Unis ne
reviendraient pas dans le cadre de l'accord sur le programme
nucléaire iranien conclu en 2015 et tant qu'ils maintiendraient
leurs sanctions. 
    De son côté, Washington a assuré dans les heures qui ont
suivi la mort du général Soleimani que les Etats-Unis
souhaitaient "la désescalade". 
    "Alors que beaucoup prédisent la troisième guerre mondiale,
les 40 dernières années de l'histoire de l'Iran montrent que ce
qui compte le plus pour la République islamique c'est sa
survie", relève Karim Sadjadpour, de l'institut Carnegie. L'Iran
"peut difficilement se permettre une guerre totale avec les
Etats-Unis au moment où il fait face à des sanctions économiques
onéreuses et à des tumultes internes, surtout sans Soleimani".

 (Parisa Hafezi, avec Babak Dehghanpisheh, version française
Marine Pennetier, édité par Jean-Stéphane Brosse)
 

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