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Egide : ne pas négliger les curiosités de la cote ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 19/04/2019 à 11:20

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Egide conçoit et fabrique des boîtiers hermétiques, lesquels protègent des composants électroniques de systèmes opérant en milieu extrême. (crédit : Egide)

Egide conçoit et fabrique des boîtiers hermétiques, lesquels protègent des composants électroniques de systèmes opérant en milieu extrême. (crédit : Egide)

On peut trouver sur les marchés boursiers des sociétés presque parfaites : celles qui combinent bonne croissance, bonne rentabilité et bon bilan, autrement dit des sociétés "stars" qui grandissent régulièrement en générant du cash, offrent donc une bonne visibilité et, partant, présentent peu de risque a priori. Mais voilà : tout a un prix, et ces sociétés sont souvent largement, voire très largement valorisées.

Le meilleur exemple étant bien sûr le Luxe, une industrie dans laquelle on fabrique des produits rares et chers, et dans laquelle on peut grandir à un bon rythme en démultipliant les réseaux de boutiques, notamment dans les pays où la richesse croît rapidement, être très rentable, puisque le prix n'est pas le premier critère d'achat pour le client, et générer beaucoup de liquidités, puisque le Luxe n'est pas tout-à-fait une industrie lourde. Dans ce compartiment de la cote, on constate de fait que Kering (ex-PPR, et heureux propriétaire de Gucci) affiche un multiple cours/bénéfice de 20x, ce qui n'est déjà pas mal, mais que LVMH fait nettement mieux, soit 24x, et que Hermès International bat tous les records avec un PER de 42x. PER que l'on peut éventuellement qualifier de stratosphérique par rapport à des moyennes de marché qui se situent sur longue période à grosso modo 14x en Europe, et 16x aux USA. Et le constat est le même chez les investisseurs modernes et sophistiqués (et anglophones), qui regardent le multiple EV/Ebitda avant tout : on est très largement au-dessus de 10x, le seuil fatidique au-delà duquel une valeur est paraît-il indiscutablement chère.

Ceci étant, s'il n'y avait que des "stars" sur lesquelles finalement tout le monde ou presque est d'accord, on s'ennuierait peut-être un peu beaucoup à la Bourse, ce qui serait dommage. Et, a contrario, l'investisseur a devant lui un champ d'action plutôt large s'il décide de tourner de temps en temps le dos à ces sociétés presque parfaites, notamment en cherchant un peu dans les petites capitalisations "small caps" voire "micro caps". Lesquelles sont souvent mal connues puisque souvent délaissées par les analystes des sociétés de Bourse, et invisibles sur les écrans-radar des grandes sociétés de gestion de portefeuilles faute de taille d'affaire suffisante, et parfois faute de visibilité optimale sur leurs résultats aussi, c'est vrai.

Une société délaissée qui ne gagne pas d'argent

Mais des sociétés qui ne manquent pas pour autant d'intérêt le plus souvent : après tout, il faut de tout pour faire un monde, et faire un peu de recherche de temps à autre parmi les curiosités de la cote peut éventuellement permettre de joindre l'utile à l'agréable.
Avec ses 31,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018 et une capitalisation de moins de 10 millions d'euros, Egide (GID ; 1,13€) rentre bien dans cette catégorie des sociétés délaissées. D'autant que ce n'est pas vraiment une entreprise "star", puisqu'elle ne gagne pas d'argent depuis des années, il faut le dire. Mais, voilà ! Egide est toujours là, avec des positions assez solides semblent-ils sur des segments plutôt porteurs des vastes marchés "high tech" : pour ses grands clients constructeurs d'équipements aéronautiques/défense/spatial, télécoms, et électronique médicale, la société conçoit et fabrique des boîtiers hermétiques, lesquels protègent des composants électroniques de systèmes (vision infra-rouge, radars embarqués, avionique, satellites, câbles sous-marins, etc…) opérant le plus souvent dans des conditions extrêmes.

Des systèmes dits "critiques" ou "sûrs" : la confiance dans les fournisseurs compte plus qu'ailleurs, et Egide a donc le plus souvent des relations de long-terme avec ses clients (Thales, Airbus, Lumibird, Thermofisher, etc…). Confiance qui repose sur une bonne maîtrise de techniques de fabrication sophistiquées, combinant des opérations en salles blanches avec le maniement de hautes températures, pour obtenir des scellements (en verre-métal, en céramique, etc…) parfaits ou presque. Ce qui permet a priori à la société de lutter contre des concurrents souvent plus gros, voire bien plus gros, tels Schott ou Kyocera.

Et, surtout, de se développer : Egide a monté une usine aux Etats-Unis il y a quelques années (Cambridge, Maryland) pour accéder au très vaste marché de la Défense US et y a transféré sa technologie céramique HTCC, avec un vrai succès semble-t-il puisque les ventes de cette filiale progressent de +16% en 2018. Par ailleurs, doté d'un nouveau patron depuis deux ans, la société a aussi consolidé son offre en rachetant un petit fabricant californien de composants de dissipation de chaleur en cuivre molybdène, cuivre tungstène, etc… pour boîtiers électroniques : Santier (basé à San Diego).

Elle a de plus renforcé récemment ses moyens humains, avec une force de ventes plus étoffée, qui trouve de nouveaux grands clients : IxBlue, Rafael, Photonis, FLIR, Leonardo. Et, enfin, trouve aussi de nouveaux débouchés pour ses boîtiers : caméras thermiques, amplification de lumière, piles thermiques, etc..., selon sa direction.
Laquelle direction doit réussir à ramener à la rentabilité le site français, basé à Bollène dans le Vaucluse, qui a souffert en 2018 d'une baisse de -8% de son chiffre d'affaires, avec le recul des volumes depuis le troisième trimestre pour un client français grand spécialiste de l'infra-rouge. Et doit aussi et surtout faire progresser le chiffre d'affaires total, qui a été stable à données constantes en 2018, ceci pour dépasser enfin le point-mort et accéder à la rentabilité. Qui n'est plus très loin a priori, puisque c'est l'objectif pour cette année en principe.

Ce qui serait bien, on s'en doute, puisque les investisseurs et même les amateurs de curiosités ont apparemment perdu patience, à en juger d'après la forte contre-performance du cours de Bourse depuis le 1er janvier. Et ce même si Egide présente un bilan à peu près solide, avec un ratio d'endettement net/fonds propres de 42% fin décembre, et a donc encore un peu de temps pour y arriver.
Bref : point n'est besoin d'espérer pour entreprendre. On ne le dira jamais assez. Et on a tendance à l'oublier, finalement.

Jérôme Lieury - Analyste Senior - Olier Etudes & Recherche - Membre du Cercle des Analystes Indépendants – www.olier-etudes-recherche.fr

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1 commentaire

  • 19 avril 12:32

    Purée, le Père Lieury nous l'a ramène régulièrement sa EGIDE. Mais la boîte n'est jamais à la hauteur des espérance...


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