
Cérémonie de passation de pouvoir au ministère des Affaires étrangères à Paris
PARIS (Reuters) -L'accord commercial conclu dimanche entre les Etats-Unis et l'Union européenne présente des avantages, notamment pour certaines filières, mais il est déséquilibré et n'intègre pas un volet sur les services, estiment lundi plusieurs responsables politiques français, tandis que François Bayrou y voit "une soumission".
"C'est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission", écrit le chef du gouvernement sur le réseau social X.
"L'accord commercial négocié par la Commission Européenne avec les Etats-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré", écrit pour sa part Benjamin Haddad, ministre français délégué chargé de l'Europe, sur X.
Invité lundi de France Inter, Laurent Saint-Martin, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, a abondé dans le même sens.
"La bonne nouvelle ce matin, c'est qu'il y a un accord et que donc nos entreprises ont de la visibilité. Et donc il y a de la stabilité désormais dans la relation transatlantique commerciale pour l'investissement entre l'Union européenne et les Etats-Unis", a-t-il dit, soulignant que les entreprises redoutaient que cette incertitude se transforme en incapacité d'investir.
Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont conclu dimanche un accord commercial instaurant des droits de douane de 15% sur la plupart des produits des 27 États membres alors que le président Donald Trump menaçait d'imposer des surtaxes de 30% sur les exportations européennes à compter du 1er août.
L'accord-cadre entre l'Union européenne et les Etats-Unis reste cependant à ce stade encore flou et plusieurs ministres français ont insisté sur la nécessité de l'améliorer.
"Cet accord n'est pas équilibré et donc il va nous falloir continuer à travailler, notamment sur la partie service. Finalement, cet accord concerne essentiellement les biens, les taxations sur les biens, sur les produits manufacturés, et je crois qu'il y a beaucoup de travail à faire aussi sur un autre déséquilibre commercial que parfois Donald Trump oublie de citer qui est celui des services et notamment des services numériques", a déclaré Laurent Saint-Martin, toujours sur RTL.
Sur le réseau social X, Benjamin Haddad a noté que l'accord avait "le mérite d'exempter de droits de douane des secteurs clés pour l'économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments)", sans plus de précisions.
Interrogé sur le sujet, Laurent Saint-Martin s'est montré plus prudent, affirmant que "les spiritueux devraient effectivement être dans l'accord." Il a toutefois souligné que ces exemptions sectorielles étaient très importantes pour la France, jugeant le secteur de l'aéronautique essentiel pour la balance commerciale de l'Hexagone.
Marc Ferracci a montré la même prudence sur les secteurs susceptibles d'échapper aux nouveaux droits douane.
"Certaines filières importantes pour l'industrie européenne, comme l'aéronautique, comme les spiritueux, devraient être exemptées", a-t-il dit sur RTL.
"Nous aurons les détails de cet accord dans la journée. Ensuite, une négociation technique aura lieu dans les prochaines semaines", a-t-il ajouté.
Les discussions se poursuivent concernant d'éventuelles exemptions sur les droits de douane pour les secteurs des vins et spiritueux, a déclaré lundi un responsable de la Commission européenne.
Il a ajouté que les discussions à ce sujet étaient plus avancées dans la filière des spiritueux, par opposition à la filière vinicole.
"PAS GRAND-CHOSE DE NOUVEAU" SUR LES ACHATS
L'accord entre Washington et Bruxelles prévoit également, selon Donald Trump, 600 milliards de dollars d'investissements de l'UE aux Etats-Unis, ainsi que l'achat par le bloc communautaire d'énergie - pour 750 milliards de dollars - et d'équipements militaires américains.
Ce volet n'est en réalité pas nouveau et correspond à des engagements déjà pris dans le passé, a noté Laurent Saint-Martin.
"Ce sont, honnêtement, des accords d'achats qui correspondent peu ou prou à ce que les énergéticiens avaient déjà accordé entre eux-mêmes. Donc il n'y a pas grand-chose de nouveau pour être honnête sur ces engagements d'achat", a-t-il dit.
"Le GNL américain permet aussi de se sortir du gaz russe. Ce sont aussi des choses dans l'intérêt de l'Union européenne à ce niveau-là. Des investissements européens aux Etats-Unis, c'est pas une mauvaise nouvelle en soi. Nous, on a besoin d'entreprises françaises qui investissent sur le territoire américain et inversement".
"Cette partie-là de l'accord elle-même est franchement bonne en fait", a-t-il conclu.
(Rédigé par Claude Chendjou, avec Kate Abnett, Phil Blenkinsop, Sudip Kar-Gupta, Michel Rose, Sudip Kar-Gupta et Camille Raynaud, édité par Kate Entringer et Augustin Turpin)
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