
Enrique Martinez à Paris, le 22 février 2018. ( AFP / GERARD JULIEN )
Le directeur général de Fnac Darty, Enrique Martinez, s'inquiète dans un entretien avec l'AFP d'un possible "décrochage" des distributeurs européens, en raison notamment d'une multiplication des réglementations, par comparaison avec leurs concurrents américains très dynamiques.
Il dit ne pas perdre son optimisme pour autant, en raison notamment de la "bonne santé financière" de Fnac Darty, et évoque la saisie de "nouvelles opportunités pour des acquisitions", lors d'un entretien réalisé mardi, dernier jour du salon de la grande distribution National Retail Forum (NRF), à New York.
QUESTION: Quel bilan faites-vous de ces quelques jours aux Etats-Unis?
REPONSE: "Il y avait beaucoup de choses autour de l'IA, on sent que le niveau de complexité de l'usage se réduit fortement, et toujours autour du 'retail media' - la publicité sur les lieux marchands, surtout les sites de commerce en ligne, NDLR - dont tout le monde parle."
"On observe aussi un dynamisme étonnant des Américains, extrêmement optimistes et qui ne parlent pas de certains sujets parfois pesants en Europe. J'ai plus entendu parler ici de responsabilité sociale vis-à-vis des employés, de l'investissement sur la diversité, beaucoup moins sur la transition écologique. On en vient à se demander si on a été trop loin (sur ces sujets en Europe), si les Etats-Unis ne suivent pas. Cela représente beaucoup de contraintes pour nous, le reporting ESG par exemple, mais si l'investisseur américain vient voir ça et que cela ne l'intéresse pas?"
Q: C'est problématique selon vous?
R: "Pour les Américains, aller en Europe représente un effort additionnel, il faut faire attention à ce que ce genre de frictions n'entraîne pas une dépriorisation du continent européen. C'est quelque chose d'un peu inquiétant parce qu'on sent un peu un décrochage, attention à ce qu'il n'y ait pas, à moyen terme, un décalage en terme d'innovation. Il ne faut pas sous-estimer ce genre de frictions qui peuvent nous faire prendre du retard sur la Chine ou les Etats-Unis. Lors du salon, l'Amérique du Sud ou le Mexique étaient très présents, des pays avec souvent un fort agenda libéral."
Q: Comment envisagez-vous l'année à venir pour Fnac Darty?
R: "Je ne perds pas mon optimisme, on est sur la bonne voie. Sans parler de nos résultats 2024, qui seront publiés le 26 février, on peut parler d'une année correcte et de perspectives peut-être un peu meilleures en 2025, avec sans doute un renouvellement des produits à effectuer (après la vague massive d'équipement à l'occasion de l'épidémie du Covid-19 et des confinements qui ont suivi, NDLR).
Et on vient d'acheter UniEuro en Italie, cela va entraîner une dynamique industrielle qui va nous porter. Le groupe est en bonne santé financière, nous n'avons pas d'engagement à court terme, cela permet de saisir de nouvelles opportunités pour des acquisitions."
Q: Dès cette année? Quelles cibles privilégiez-vous?
R: "Il est plus simple de consolider le marché dans des pays où nous sommes déjà implantés. On peut saisir des opportunités ailleurs également mais la première option est à privilégier."
Q: Vous avez acheté UniEuro en co-investissant avec votre actionnaire Daniel Kretinsky, pourquoi ? Et pourriez-vous réitérer une telle alliance à l'avenir?
R: C'est moi qui ai proposé de faire ainsi pour ne pas se fermer de portes par la suite. On aurait pu racheter nous-mêmes mais cela nous aurait freinés sur un ou deux ans sur d'autres projets. En cas de nouvelle opportunité, on pourra y aller tout seul, ou pourquoi pas solliciter de nouveau notre actionnaire".
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