Le géant allemand du gaz a accusé une perte historique de plus de 40 milliards d'euros depuis le début de l'année, du jamais-vu pour une entreprise du pays.
Olaf Scholtz, le 23 novembre 2022, à Berlin ( AFP / Tobias SCHWARZ )
Au coeur d'une crise de l'énergie majeure, la nationalisation du géant gazier Uniper, asphyxié par les coupures de livraisons russes, pourrait coûter jusqu'à 25 milliards d'euros en plus à l'Etat allemand, selon les termes de son plan de sauvetage finalisé mercredi 23 novembre. "Une augmentation supplémentaire du capital jusqu'à 25 milliards d'euros sera autorisée, avec l'émission de nouvelles actions", dont la souscription sera "exclusivement réservée à l'Etat", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le gouvernement allemand a dévoilé en septembre un plan de sauvetage à plus de 30 milliards d'euros de Uniper, impliquant une nationalisation de ce fournisseur énergétique qui était le premier importateur de gaz en Allemagne. Ce plan prévoyait déjà une hausse du capital financée par l'Etat de 8 milliards d'euros, mais qui ne "suffira pas pour stabiliser Uniper", a indiqué le groupe mercredi.
Le spectre de l'effet domino
Uniper est frappée de plein fouet par la réduction, puis la fin totale depuis septembre, des livraisons de gaz russe, sur fond de guerre en Ukraine. Le groupe était le principal client du russe Gazprom dans le pays. Il a dû, pour honorer ses contrats, se procurer du gaz sur le marché au comptant où les prix ont explosé au cours de l'été.
Graphique montrant la réduction de la demande de gaz naturel en 2022 par rapport à la moyenne de 2019-2021 dans les pays de l'UE ( AFP / )
Résultat : depuis le début de l'année, Uniper a ainsi enregistré une perte colossale de 40 milliards d'euros, du jamais vu pour une entreprise allemande. Une faillite de l'entreprise, en charge de 40% de l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne, risquerait de provoquer une réaction en chaîne sur l'ensemble du secteur de l'énergie dans le pays. C'est pourquoi le gouvernement allemand mené par le social-démocrate Olaf Scholz, a décidé de racheter 99% des parts du groupe, pour un prix unitaire de 1,70 euro l'action.
Pour financer ce sauvetage et plafonner les prix du gaz et de l'électricité, Berlin a débloqué une enveloppe géante de 200 milliards d'euros, financée par l'emprunt et par une taxe sur les superprofits des énergéticiens. Le plan de sauvetage fera l'objet d'un vote de l'assemblée générale du groupe, qui doit se réunir lors d'une session extraordinaire le 19 décembre. Son issue n'est qu'une formalité : l'actionnaire majoritaire, le finlandais Fortum, y est favorable.
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