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Coronavirus-Doutes grandissants sur les fusions-acquisitions
information fournie par Reuters 19/03/2020 à 12:40

par Greg Roumeliotis et Megan Davies

NEW YORK, 19 mars (Reuters) - La pandémie de coronavirus qui affecte déjà durement l'économie réelle et les marchés financiers pourrait également remettre en cause de nombreux projets de fusions-acquisitions lancés au cours de ces derniers mois.

Selon des traders et des gérants de fonds, l'écart entre le prix d'acquisition fixé dans le cadre d'une opération de M&A et le cours de Bourse de l'entreprise cible n'a jamais été aussi important.

"Je suis dans le métier depuis 25 ans et je n'ai jamais vu une telle panique sur les spreads d'arbitrage des titres concernés par une fusion-acquisition", observe Roy Behren, membre de la direction de Westchester Capital Management, dont le montant des actifs sous gestion s'élève à 4,1 milliards de dollars (environ 3,8 milliards d'euros) dont une majorité est investie dans l'arbitrage de titres d'entreprises cibles.

Les actions des entreprises visées par des acquisitions s'échangent généralement à un prix légèrement inférieur à celui convenu lors de la transaction entre le moment de l'annonce de l'opération et sa finalisation, pour tenir compte par exemple du risque de blocage par des autorités de la concurrence ou de l'éventualité que le financement de l'opération ne puisse être assuré.

Même si aucune des opérations annoncées ces derniers mois n'est pour l'instant compromise, ces spreads de transaction se sont considérablement accrus au cours des dernières semaines.

Les investisseurs craignent que la déroute des marchés financiers et le ralentissement économique à venir augmentent la probabilité de voir les acquéreurs tenter de se désengager ou ne parviennent pas à réunir les fonds nécessaires.

D'après Roy Behren, le rendement annualisé médian des spreads de transaction, qui se maintenait jusque là sous la barre des 10%, a bondi pour s'établir à 25%.

A titre d'exemple, le titre du joailler américain Tiffany

TIF.N a clôturé mardi en baisse de 14% par rapport au prix de 135 dollars par action convenu lors de l'accord sur son rachat par le géant français du luxe LVMH LVMH.PA .

Depuis l'annonce de cette opération en novembre et jusqu'à il y a quelques semaines, le titre s'échangeait environ 1% en deça de ce montant, soit l'un des spreads de transaction les plus faibles dans l'arbitrage de titres d'entreprises visées par une fusion.

L'explosion de ce spread reflète d'après Roy Behren les inquiétudes des investisseurs, qui craignent que LVMH flanche et renonce à ce projet, alors que la pandémie en cours grève les dépenses de consommation.

Tiffany a annoncé mardi la fermeture temporaire de plusieurs de ses boutiques aux Etats-Unis dans le cadre de la lutte contre la propagation de l'épidémie, notamment celle de son magasin emblématique new-yorkais, sur la Cinquième avenue.

Pour autant, Roy Behren estime que le niveau actuel de ce spread offre des opportunités d'achat, la probabilité de voir LVMH renoncer à cette opération de 16,2 milliards de dollars (environ 14,7 milliards d'euros) restant faible selon lui.

Ni LVMH ni Tiffany n'étaient disponibles dans l'immédiat pour commenter l'inquiétude des investisseurs sur la finalisation de ce rachat.

D'autres opérations ont vu leurs spreads bondir ces dernières semaines, qu'il s'agisse du rachat du fabricant du botox Allergan AGN.N par le groupe pharmaceutique américain AbbVie ABBV.N pour 63 milliards de dollars, de celui du distributeur américain d'équipements technologiques Tech Data

TECD.O par le fonds de capital-investissement Apollo Global Management pour six milliards de dollars dette comprise, ou encore de celui de l'opérateur américain de pipelines pétroliers et gaziers Tallgrass Energy TGE.N par Blackstone BX.N pour 6,3 milliards de dollars.

Une porte-parole de Blackstone a déclaré que la société américaine de capital-investissement allait continuer à se conformer à ses obligations définies dans l'accord avec Tallgrass. Elle a précisé que les deux groupes travaillaient ensemble actuellement à la préparation d'une assemblée générale extraordinaire prévue le 16 avril afin que les actionnaires de la société parapétrolière se prononcent sur l'opération.

De leur côté, AbbVie ABBV.N et Allergan AGN.N ont annoncé mardi qu'ils avaient conclu un accord avec les autorités américaines de la concurrence leur permettant de finaliser leur rapprochement en mai prochain.

Les autres groupes concernés par ces différentes opérations n'ont pas répondu aux sollicitations ou ont refusé de commenter les perspectives de ces rachats.

Pour George Schultze, fondateur de la société d'investissements Schultze Asset Management, la période actuelle est propice aux transactions. "Le prix des titres (des entreprises cibles) chute lorsque l'opération est jugée risquée, mais le risque de voir les banques se retirer est plus faible que pendant la dernière crise financière".

FERMETURES EN SÉRIE

Pour les investisseurs, certains des spreads de transaction sont justifiés dans la mesure où la crise sanitaire actuelle affecte l'activité des entreprises cibles, rendant les opérations trop onéreuses pour les groupes acquéreurs.

Par exemple, le jour de l'annonce du rachat de l'opérateur de casinos Caesars Entertainment CZR.O pour 8,5 milliards de dollars en numéraire et en actions par son concurrent Eldorado Resorts ERI.O en juin dernier, le titre du groupe Caesars s'échangeait environ 8% en deçà du prix de rachat fixé dans la transaction.

Alors que les casinos sont désormais contraints de fermer ou fortement encouragés à le faire afin de ralentir la progression de l'épidémie aux Etats-Unis, l'action Caesars a clôturé mardi à un niveau inférieur de 45% à ce montant.

Ni Eldorado ni Caesars n'ont répondu dans l'immédiat à des demandes de commentaires.

Autre exemple de fusion-acquisition dans la tourmente, le premier opérateur américain de centres commerciaux Simon Property SPG.N a annoncé en février le rachat de son concurrent Taubman Centers TCO.N pour 3,6 milliards de dollars.

Le titre Taubman s'échangeait le jour de cette annonce avec une prime de 1% par rapport au montant convenu par les deux parties, porté par l'espoir d'une amélioration de l'accord.

Mais il a terminé la journée de mardi 15% en deçà du montant fixé, les investisseurs craignant que le confinement des consommateurs ne fasse revenir Simon Property sur sa décision.

Sollicités pour un commentaire, ni Simon ni Taubman n'ont répondu dans l'immédiat.

(Version française Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)

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