"Il ne faut pas croire qu'en six mois–un an, tout ça va s'arrêter", a expliqué le PDG de TotalEnergies , qui se dit conscient de "l'urgence".
Patrick Pouyanné à Rabat, au Maroc, le 28 octobre 2024. ( POOL / LUDOVIC MARIN )
Le PDG de la compagnie pétrolière française TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a reconnu vendredi 15 novembre que le secteur faisait "partie du problème" climatique, tout en défendant ses actions et ses "progrès continus".
"Oui, on est une partie du problème" climatique, mais "on est dans une logique de progrès continu", même "si on ne va jamais assez vite" aux yeux de la société, a déclaré à l' AFP Patrick Pouyanné, depuis la COP29 à Bakou. Il venait de participer à son premier événement public de la journée : un échange dans le pavillon de l'Azerbaïdjan avec Rovshan Najaf, le président de la compagnie pétrolière nationale Socar, et Fred Krupp, président de l'Environmental Defense Fund, une ONG américaine.
Le patron français a qualifié de "signal important" l'accord conclu l'an dernier à la COP28 de Dubaï pour avancer vers une sortie progressive des énergies fossiles. Mais "il ne faut pas croire qu'en six mois–un an, tout ça va s'arrêter" , dit-il, rappelant que la demande des Européens en gaz a récemment augmenté . "Il ne faut pas donner de leçons, il faut montrer qu'il y a un progrès, étape par étape", dit Patrick Pouyanné. "Je sais que l'urgence est là, j'en suis conscient, mais il faut aussi engager tous les acteurs".
TotalEnergies et Socar ont annoncé leur collaboration dans la détection des fuites de méthane (qui surviennent sur les gazoducs ou les sites d'extraction) afin de les réduire, et si possible les éliminer d'ici 2030.
Chasse au méthane
"Si nous ne mesurons pas correctement (le niveau des fuites), nous ne pouvons pas en rendre compte et donc nous attaquer véritablement au problème", a souligné Patrick Pouyanné lors de sa participation à une autre table-ronde, consacrée aux progrès du Partenariat pétrole et gaz méthane 2.0 (OGMP 2.0) de l'Union européenne. "L'engagement des compagnies pétrolières et gazières est crucial" si nous voulons résoudre le problème de l'augmentation des émissions de méthane, a souligné Kadri Simson, commissaire européenne à l’Énergie, en préambule des échanges.
À la COP28, 52 compagnies pétrogazières s'étaient engagées à atteindre "près de zéro méthane" dans leurs activités d'ici 2030, sous l'œil d'observateurs sceptiques. Cette année, elles sont 55 à avoir pris cet engagement, ce qui selon le patron de TotalEnergies représente 45% de la production mondiale.
"2030, ce n'est pas un horizon lointain, c'est demain. Nous avons les technologies, donc cet objectif est atteignable et à un prix relativement raisonnable", a affirmé le PDG français vendredi après-midi, entouré de son homologue d'Italgas, Pier Lorenzo Dell'Orco, et de Luca Schieppati, directeur général du Trans Adriatic Pipeline AG (TAP AG).
"Il est fondamental que nous agissions ensemble", car "l'industrie pétrolière ce n'est pas que les grands majors, c'est aussi tout un tas de compagnies nationales" qui n'ont pas forcément tous les outils ni la même culture de la transparence, a expliqué le PDG à l' AFP , en visant les compagnies pétrolières d'État des grands pays producteurs.
"On peut les aider", mais "il faut accepter que ça prenne un peu de temps" , a-t-il ajouté.
Mais une étude de Carbon Tracker jeudi a dénoncé d'"importantes lacunes" dans les plans des géants des hydrocarbures sur la chasse au méthane, faute par exemple de couvrir les coentreprises qu'ils n'exploitent pas et dans lesquelles ils ont des participations.
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