(AOF) - BNP Paribas a "très clairement exprimé" dans un communiqué " sa "ferme intention de faire appel" après avoir été condamnée vendredi aux Etats-Unis pour son rôle au Soudan. En hausse à l'ouverture, l'action de la banque française chute de 7,06%, à 69,60 euros, et affiche la plus forte baisse du CAC 40. Elle a été condamnée pour avoir aidé le gouvernement soudanais dirigé par Omar Al-Bachir à commettre des atrocités en fournissant des services bancaires en violation des sanctions américaines.
A blast from the past
Cette déconvenue judiciaire fait ressurgir un très mauvais souvenir pour les actionnaires de BNP Paribas. La banque française avait été condamnée en 2014 à payer 8,97 milliards de dollars pour avoir enfreint certaines lois et réglementations des Etats-Unis relatives à des sanctions économiques à l'encontre de certains pays, dont Cuba, l'Iran et le Soudan. " Les actions de BNP ont sous-performé le secteur de 10 % entre la première provision pour litige comptabilisée début 2014 et le règlement en juin 2014 ", rappelle RBC aujourd'hui.
"Il ne fait aucun doute que la banque défendra cette affaire et utilisera tous les recours à sa disposition. Nous croyons fermement que ce verdict doit être annulé en appel. Une fois de plus, BNP Paribas réaffirme que ce résultat est manifestement erroné et ignore des éléments de preuve importants que la banque n'a pas été autorisée à présenter," a déclaré la banque française.
Cette dernière a été condamnée à payer 20,5 millions de dollars à 3 réfugiés soudanais, qui vivent désormais aux Etats-Unis. Selon les avocats des trois plaignants, cités par Reuters, ce verdict va permettre à plus de 20 000 réfugiés soudanais résidant aux États-Unis de réclamer à leur tour des dommages et intérêts à BNP Paribas.
Augmentation du risque de litige
"Nous rappelons que ce verdict concerne uniquement ces trois plaignants et ne doit pas avoir de portée plus large," estime pour sa part BNP Paribas.
"Un tel verdict augmente considérablement le risque de litige pour BNP dans le cadre de cette affaire," explique Sylvain Perret, analyste chez AlphaValue. "Selon les estimations précédentes de Bloomberg, la banque française risquait de devoir verser 495 millions d'euros aux quelque 25 000 plaignants identifiés, soit environ 5 % des résultats prévisionnels pour 2025. Si d'autres indemnités devaient être versées aux autres plaignants, le montant total des indemnités à verser par BNP pourrait être encore plus élevé".
La banque française considère de son côté que "toute tentative d'extrapolation est nécessairement erronée, tout comme toute spéculation concernant un éventuel settlement . La banque considère qu'elle n'a aucune pression pour parvenir à un settlement dans cette affaire".
" Le manque de visibilité sur l'impact financier potentiel et les prochaines étapes juridiques, le souvenir de la performance boursière de 2014 et une trajectoire du capital qui laisse relativement peu de marge d'erreur devraient peser sur les actions jusqu'à ce que la situation soit plus claire " prévient RBC.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Banque née en 1822, renforcée en 1999 par la fusion avec Paribas, 1 ère française et 7 ème mondiale ;
- Produit net bancaire de 48,8 Mds€ réalisé par les réseaux bancaires (français, belge, italien, luxembourgeois, polonais et turc) et les métiers spécialisés (crédit à la consommation, leasing, métiers digitaux dont le compte Nickel), par la banque d’affaires et par les services d’investissement et de protection (gestion d’actifs et de patrimoine, gestion institutionnelle et privée, assurances) ;
- Modèle d'affaires d’une croissance rentable fondée sur les positions de n°1 européen, sur la technologie au service de l’expérience client et de la performance opérationnelle, tous les métiers étant mobilisés sur les enjeux de finance durable ;
- Capital détenu par l'Etat belge (5,6 %), le grand duché de Luxembourg (1,1 %) et les salariés (4,6%), avec un conseil de 16 administrateurs présidé par Jean Lemierre, Jean-Laurent Bonnafé étant directeur général.
Enjeux
- « initiatives d’efficacité » fondées sur l’intelligence artificielle et visant 1,2 Mds d’économies de coûts en 2025-26 : rationalisation des achats, repli des dépenses externes, optimisation du parc immobilier et déploiement de plateformes partagées contribuant à 33 % des revenus totaux,
- redressement des branches Personal Finance (crédits.à la consommation ou automobiles…) et banques commerciales, alliant recentrage sur le cœur des métiers, forte réduction des coûts, optimisation du capital, montée de la contribution des sociétés mises en équivalence et visant une hausse des revenus et de la rentabilité d’ici 2028,
- innovation focalisée sur l’offre digitale aux clients : 1 er en France avec 4,4 millions de clients « digitaux », plateformes leaders mondiales dans les emprunts d’Etat, le forex ou les swaps et dans les cinq 1ers européens des néo-banques avec Hello Bank ! ;
- Stratégie environnementale ambitionnant de devenir 1 er mondial de la finance durable (2 ème mondial et 1 er européen dans les emprunts verts et 1 er européen des financeurs de projets d’énergies renouvelables) avec objectif de neutralité carbone en 2050 et point d’épate 2025 :
- 350 Mds€ mobilisés dans les crédits et émissions obligataires durables et 300 Mds€ d’actifs durables (objectif atteint à 75 % à fin 2024) ;
- alignement du portefeuille de prêts sur la trajectoire de l’accord de Paris (80 % des financements énergétiques dans les énergies renouvelables sur l’objectif 2030),
- accompagnement des clients dans la transition bas-carbone : 180 Mds€ de financements,
- financement à hauteur de 4 Mds€ de la biodiversité ;
- Position financière très solide -ratio CET 1 de 12,9 %, rentabilité de 12,4 % des fonds propres, ratio de levier de 4,6 % et réserve de liquidités de 480 Mds€.
Défis
- Evolution de l’actif net comptable, de 93,7 €, à comparer au cours de Bourse, et du coût du risque, à 33 points de base ;
-Exécution du plan stratégique de redressement de la division CPBS -banques commerciales et finance personnelle ;
- En gestion de fonds, intégration d’AXA-IM (+ 50 % du résultat net avant impôt d’ici 2026) ;
- Après une hausse de 3,8 % du produit net bancaire et de,0,3 % du bénéfice opérationnel au 1er trimestre, ambitions 2025-26 : revenus en croissance de + 5 %, coût du risque inférieur à 40 pb, ratio CET1 autour de 12,3 % et résultat net en hausse de + 7 %;
- Dividende 2024 en hausse à 4,79 € et suivi d’un acompte le 30 septembre, auxquels s’ajoute 1,1 Md€ de rachat d’actions (engagement d’un taux de distribution de 60 % jusqu’en 2026).
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