
Le logo de l'entreprise est visible au siège de Commerzbank à Francfort
par Tom Sims, John O'Donnell et Emma-Victoria Farr
La banque allemande Commerzbank prépare des suppressions d'emplois et une révision de ses objectifs financiers dans le cadre de ses efforts pour repousser les avances d'UniCredit, ont déclaré à Reuters plusieurs sources ayant une connaissance directe du dossier.
Quatre des sources ont toutefois déclaré que les mesures seraient évolutives plutôt que radicales, tandis que certaines ont admis qu'il pourrait être difficile d'empêcher le rachat de la banque allemande, dont le cours de l'action a augmenté de 50% depuis qu'UniCredit a manifesté son intérêt.
UniCredit a contacté en septembre Commerzbank afin d'explorer une potentielle fusion entre les deux établissements, une tentative rejetée par la banque allemande, qui dit vouloir rester indépendante.
En décembre, UniCredit a annoncé avoir augmenté sa participation potentielle dans Commerzbank à 28%, renforçant ainsi la pression sur la banque allemande alors que le groupe italien poursuit en parallèle son offre sur sa compatriote BPM.
La bataille pour Commerzbank est devenue un test de la capacité de l'Allemagne à repousser les prétendants étrangers et à éviter que son centre financier ne perde l'une des ses dernières grandes banques commerciales.
Les suppressions d'emplois chez Commerzbank toucheront plusieurs milliers de personnes, ont déclaré deux des sources, tandis qu'une troisième a indiqué qu'elles concerneraient entre 3.000 et 4.000 personnes sur un effectif de quelque 42.000 personnes.
Toutes ces sources ont parlé sous le couvert de l'anonymat en raison de la nature sensible des délibérations en cours.
Le conseil de surveillance de Commerzbank discutera des réductions de coûts et des nouveaux objectifs avec la direction lors d'une réunion qui se tiendra tout au long de la journée de mercredi, avant que la banque ne présente publiquement jeudi sa nouvelle stratégie.
Le groupe travaille depuis des mois, sous la houlette de la présidente du directoire Bettina Orlopp, sur une mise à jour de son plan stratégique pour, a-t-elle dit, révéler le "potentiel de valeur significatif" de la deuxième banque d'Allemagne.
Commerzbank, qui est en partie détenue par l'État allemand et qui a qualifié les actions d'UniCredit d'hostiles, n'a pas souhaité faire de commentaire.
La présentation de la stratégie jeudi devrait constituer un moment important dans les efforts déployés par la deuxième banque allemande pour convaincre ses investisseurs qu'elle peut prospérer en tant qu'entreprise indépendante.
Andrea Orcel, le dirigeant d'UniCredit, a surpris les milieux politiques et économiques allemands l'année dernière lorsque la banque italienne - également numéro deux de son pays - a acquis une participation importante dans Commerzbank et a commencé à faire pression pour une fusion, la tentative la plus ambitieuse en date d'une fusion bancaire paneuropéenne.
La nouvelle stratégie de Commerzbank intervient après que la banque a annoncé en janvier une augmentation de 20% de son bénéfice net annuel, une croissance supérieure aux prévisions qui, selon le groupe, illustre le succès de son redressement au cours des dernières années.
L'actuel plan stratégique de la banque jusqu'en 2027 a été publié pour la première fois en 2023. Commerzbank a revu à la hausse certains de ces objectifs en septembre dernier, quelques semaines après qu'UniCredit a manifesté son intérêt.
Les suppressions d'emplois, qui pourraient entraîner de départ anticipé à la retraite de centaines d'employés, viseront à éviter de déstabiliser le personnel restant, tout en soulignant la volonté de la banque de faire certains sacrifices pour éviter des réductions encore plus importantes sous l'égide d'UniCredit.
La banque tentera d'exploiter la technologie pour rationaliser ses opérations et devrait également indiquer qu'elle est à la recherche d'acquisitions modestes plutôt que d'opérations majeures, selon des sources.
La direction de Commerzbank, ses employés et le chancelier allemand Olaf Scholz lui-même se sont prononcés contre un éventuel rachat de la banque allemande.
(Version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)
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