Comment Joe Biden a pris l'avantage sur Bernie Sanders?

information fournie par Reuters •11/03/2020 à 13:03

par James Oliphant

WASHINGTON, 11 mars (Reuters) - Joe Biden apparaît désormais en très bonne voie pour remporter l'investiture du Parti démocrate en vue de l'élection présidentielle américaine de novembre prochain, après s'être imposé mardi face à Bernie Sanders dans le Michigan, le Missouri, le Mississippi et l'Idaho.

L'ancien vice-président de Barack Obama a cimenté cette victoire en séduisant des franges plus larges et plus variées de l'électorat démocrate que son rival Bernie Sanders, selon les résultats de ces scrutins et des sondages de sortie des urnes.

Dans certains cas, Joe Biden, 77 ans, a creusé l'écart auprès des groupes clés par rapport aux résultats qu'avait obtenus en 2016 Hillary Clinton, qui avait finalement décroché l'investiture démocrate. Ce qui suggère que la probabilité de voir Bernie Sanders, 78 ans, l'emporter s'est encore réduite.

Voici quelques points clés expliquant le succès de Joe Biden lors des scrutins de mardi.

L'ÉLECTORAT FÉMININ

Joe Biden a largement distancé Bernie Sanders auprès des électrices, qui constituent la clé de voûte du Parti démocrate.

Selon les sondages de sortie des urnes, auprès de l'électorat féminin, il devance le sénateur du Vermont de près 20 points dans le Michigan et de près de 30 points dans le Missouri.

Dans le Michigan, son avance par rapport à Bernie Sanders s'avère même supérieure à celle dont avait disposé Hillary Clinton en 2016.

L'image du sénateur socialiste du Vermont pourrait pâtir de l'impression que ses soutiens sont principalement des jeunes hommes qui se montrent agressifs sur internet, estime Joel Payne, stratège démocrate ayant participé à la campagne de Hillary Clinton en 2016.

"Il y a eu beaucoup de vitriol et de misogynie", a-t-il déclaré en précisant que cela n'avait "probablement pas aidé" le candidat, qui a désavoué ses partisans se montrant les plus violents sur les réseaux sociaux, tout en défendant la majorité de ses soutiens.

Lors de cette campagne, des électrices ont également exprimé leur colère, ne pardonnant pas à Bernie Sanders d'avoir, selon elles, nui au Parti démocrate et à Hillary Clinton en prolongeant la bataille des primaires démocrates il y a quatre ans.

LA CLASSE OUVRIÈRE

En principe, Bernie Sanders est supposé drainer la majorité des suffrages de la classe ouvrière du fait de son discours résolument ancré à gauche et de son programme en faveur d'un système public d'assurance santé universelle.

Les sondages de sortie des urnes suggèrent cependant que Joe Biden fait jeu égal avec lui auprès de l'"électorat masculin et caucasien non diplômé" dans le Michigan, un Etat fortement industrialisé dont la capitale, Detroit, est le berceau de l'industrie automobile américaine.

En 2016, le sénateur du Vermont avait distancé Hillary Clinton de 15 points dans cette catégorie.

Bernie Sanders, qui s'était également imposé lors des précédentes primaires auprès des foyers comptant une personne syndiquée en leur sein, a cette fois recueilli moins de voix dans ce groupe que Joe Biden.

Ce dernier a notamment axé son discours sur son soutien au plan de relance de l'industrie automobile mis en place en 2009 par l'administration Obama pour tenter de surmonter la crise financière, qui a permis de sauver des emplois dans le Michigan.

LA PÉRIPHÉRIE DES GRANDES VILLES

Dans le Michigan, Joe Biden a fait beaucoup mieux que Hillary Clinton dans les comtés périphériques entourant Detroit, considérés comme des zones cruciales en vue de l'élection de novembre contre le président sortant, le Républicain Donald Trump.

Il devance d'au moins dix points Bernie Sanders dans au moins trois de ces comtés, sachant que le vote des habitants de ces banlieues a été prépondérant pour la reconquête de zones "modérées" et la prise de contrôle par les démocrates de la Chambre des représentants en 2018.

Les projections pour la participation dans le Michigan s'élèvent à 1,7 million, contre 1,2 million lors de la primaire de 2016, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour Joe Biden dans la perspective d'un duel contre Donald Trump.

En 2016, l'actuel locataire de la Maison blanche s'était imposé face à Hillary Clinton dans le Michigan avec 10.000 voix d'avance seulement, un succès qui avait contribué à sa victoire finale.

LA CAPACITÉ À GÉRER UNE CRISE

L'irruption du nouveau coronavirus dans le marathon de la campagne semble davantage bénéficier à Joe Biden, qui a exercé des mandats officiels pendant 35 ans et a siégé comme sénateur, en plus d'avoir été le vice-président de Barack Obama.

Dans l'Etat de Washington, épicentre américain de la crise sanitaire et également théâtre d'une primaire mardi, Joe Biden a surclassé Bernie Sanders de 16 points chez les électeurs se disant inquiets au sujet de ce virus.

Selon un sondage effectué dans le Michigan, près de la moitié des électeurs interrogés ont déclaré faire davantage confiance à Joe Biden pour gérer une crise alors qu'ils ont été moins d'un tiers à choisir Bernie Sanders.

LA CAPACITÉ À RASSEMBLER

Bernie Sanders, qui se décrit lui-même comme un socialiste dans un pays où cet adjectif fait figure d'épouvantail, peine à convaincre au-delà des partisans de sa ligne idéologique.

Seuls les électeurs se décrivant comme "très à gauche" accordent leur préférence au sénateur du Vermont, Joe Biden drainant quant à lui le soutien d'une large majorité de ceux qui se décrivent comme "légèrement à gauche" ou modérés.

L'ancien vice-président apparaît également comme le grand favori des électeurs dont la priorité est de rassembler le pays - un thème récurrent dans sa campagne.

Dans le Michigan et le Missouri, plus de 80% des votants considèrent Joe Biden comme le meilleur espoir de rassemblement. Dans l'Etat de Washington, ils ne sont que 54% à partager cet avis mais cela reste bien supérieur aux 15% en faveur de Bernie Sanders.

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(Version française Myriam Rivet, édité par Henri-Pierre André)