
La saison des publications de résultats touchant à sa fin, c’est l’occasion de faire le point sur les performances des actions qui composent votre compte-titre ou votre PEA. Les conseils d’un pro. (Crédits photo : Adobe Stock - Peshkova )
La saison des publications de résultats touchant à sa fin, c'est l'occasion de faire le point sur les performances des actions ou des fonds qui composent votre compte-titre ou votre PEA. Comment choisir les nouvelles valeurs qui vont composer votre portefeuille ? Faut-il prendre ses bénéfices dès lors qu'une de vos lignes affiche une plus-value supérieure à 50%? Les conseils d'un pro.
Faut-il prendre ses bénéfices quand on est en forte plus-value ?
Pas forcément. L'investisseur particulier est souvent tenté de prendre ses bénéfices lorsque sa plus-value-latente dépasse les 50%... C'est une erreur, selon Gérard Moulin, le responsable de la gestion actions chez Amplegest. «Prenez l'exemple de Varta, une entreprise allemande, spécialiste des micro batteries. Son cours de Bourse a progressé de 320% depuis le début de l'année. On aurait pu être tenté de prendre ses bénéfices bien avant, dès 100% de plus-value ce qui aurait été déjà honorable, mais ça aurait été passé à côté d'une performance bien meilleure encore. Tant qu'il y a une bonne dynamique de profitabilité, il n'est pas urgent de prendre ses profits», conseille le gérant dont le fonds Amplegest Pricing Power affiche une performance de 28% depuis le début de l'année.
Comment choisir ses valeurs ?
«Nous regardons le compte de résultats plutôt que le bilan d'une entreprise», conseille Gérard Moulin. Pour sélectionner les 32 valeurs qui composent le fonds Pricing Power d'Amplegest, l'équipe de gestion évalue les qualités d'une entreprise à travers 8 critères, dont 2 qui sont rois :
• le taux de croissance interne
• la marge d'exploitation
«Si année après année, la société voit son taux de croissance interne progresser et la marge d'exploitation rester au moins constante alors vous êtes dans le club des valeurs qui n'ont pas besoin de croissance économiques pour croitre», explique le gérant.
Pour choisir une valeur, il faut donc surveiller le taux de croissance interne de la société que l'on convoite. «Une croissance supérieure à son marché adressable est un signe de bonne gestion. A l'inverse, une croissance interne qui commence à fléchir, trimestre après trimestre doit être une alerte.» A ce titre, l'exemple de Publicis qui a été sanctionné par une baisse de 20% à la publication de ses résultats est révélateur (lien). « Depuis quatre ans, le taux de croissance ne cesse de baisser, jusqu'à être complètement à l'arrêt. C'était facile de voir la catastrophe arriver».
Alors pour éviter que la saison des publications ne tourne au cauchemar pour votre portefeuille, il est «vital de privilégier les entreprises qui disposent de fortes barrières à l'entrée» avant de décider de l'achat. Par barrière à l'entrée, nous parlons désigne tous les obstacles (juridiques, technologiques, réglementaires) qui empêchent un concurrent de se lancer sur le marché.
>> Tout savoir sur le pricing power
Pour autant, sélectionner des entreprises qui sont en situation de monopole n'est pas forcément recommandé. Etre leader ne signifie pas forcément avoir du pricing power : «certains leaders ne durent qu'un temps, il y a tôt ou tard un nouvel acteur qui change la donne du marché. De même, mieux vaut privilégier une entreprise qui a pour caractéristique un savoir-faire ou un positionnement particulier», conseille le gérant.
Cela suppose de bien comprendre le secteur dans lequel on investit et de rester concentrer sur les valeurs que l'on connait bien.
Y a-t-il des secteurs à éviter ?
«Il n'y a pas de barrières à l'entrée dans la baisse des prix», selon Gérard Moulin. «Très souvent, les secteurs où le consommateur est roi sont défavorables aux actionnaires. Evitez donc les secteurs en déflation ou qui détruisent de la valeur, c'est délétère pour l'actionnaire. Télécoms, agences de voyage, transport aérien, médias, grande distribution, banques ou encore les services aux collectivités sont des secteurs en déflation et où la concurrence est féroce.»
La valorisation est-elle déterminante dans les choix d'investissement ?
Pas forcément. «La valorisation d'un titre ne donne le jamais le sens que va prendre l'action, elle donne l'amplitude», explique le gérant dont le fonds a doublé de taille cette année pour franchir le cap des 300 millions d'euros.
«Ce qui fait monter un titre ou au contraire le fait baisser, c'est une annonce qui n'est pas dans les cours, c'est-à-dire qu'elle n'a pas été anticipée par le marché. Si la société annonce une bonne nouvelle mais que la valorisation du titre est élevée, la hausse sera limitée. Au contraire, plus la valorisation est faible, plus la hausse sera forte en cas de bonnes surprises», détaille le gérant.
Quels ratios boursiers privilégier pour se décider ?
Si la valorisation ne doit pas être l'alpha et l'oméga pour sélectionner une valeur, on ne peut pas complètement s'en affranchir. « Parmi les multiples ratios disponibles oubliez le PER, regardez le PEG ce dernier est plus pertinent», conseille le gérant.
A savoir
PER, PEG : quelles différences?
PER( Price-earning ratio) : se calcule en divisant la capitalisation boursière par le résultat net, ou en divisant le cours d'une action par le bénéfice net par action. Plus celui est faible, plus on considère que la valorisation est attractive.
Le PEG (Price earnig growth) : se calcule en divisant le PER par le taux de croissance interne prend en compte la dynamique de la société. C'est un critère plus pertinent pour juger de la cherté d'un titre.
>> A voir : Bourso-Campus : comprendre les ratios boursiers
Par exemple, le PER 2019 estimé de LVMH est de 27,7, ce qui peut sembler un peu cher dans l'absolu. Pourtant quand on regarde le PEG qui prend en compte la croissance interne, la valorisation reste attractive avec un PEG inférieur à 2 (1,95 en 2019, et 1,88 en 2020).
Le fonds Amplegest Pricing Power
Parmi les valeurs qui composent le fonds, Gérard Moulin apprécie LVMH mais aussi Ferrari, la plus grosse ligne du portefeuille et Valeo , «la plus belle publication de notre portefeuille (NDLR : avec une croissance de 5% au troisième trimestre dans un marché automobile en baisse de -1,5% sur la période)».
Au cours de l'année, l'équipe de gestion a effectué 8 entrées et 8 sorties. S'agissant des valeurs françaises, Dassault systèmes , Virbac et Korian ont notamment intégré le fonds. Ces valeurs ont remplacé Thales, dont le taux de croissance interne a déçu. Les gérants ont également empoché leurs bénéfices sur Hermès et L'Oréal pour des raisons de valorisation.
Fl (redaction@boursorama.fr)
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