
Une génération qui semble plus ouverte à l'investissement risqué…
Une génération qui semble plus ouverte à l'investissement risqué…
Nombre d'épargnants sont toujours frileux face aux placements en actions. Considérés comme risqués, ils semblent pour beaucoup réservés à ceux qui disposent de temps, d'argent et de connaissances suffi-santes. Mais les personnes nées entre 1980 et l'an 2000, la fameuse « génération Y », semblent adopter une approche différente de leurs aînés vis-à-vis de l'épargne.
L'étude HSBC « L'avenir des retraites » indique que cette catégorie de population pense très tôt à épar-gner pour sa retraite, puisqu'elle commence à y songer dès l'âge de 24 ans, soit deux ans avant la moyenne internationale.
Et les intentions d'investissement en actions sont en hausse parmi les épargnants jeunes. Le baromètre de l'épargne et de l'investissement publié par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) indique que les moins de 35 ans sont 29 % à envisager d'investir en actions dans les 12 prochains mois. Un taux en forte croissance puisqu'il était de 19 % en 2017.
« Dans un univers de taux négatifs, la génération Y a conscience que pour accroître son patrimoine, elle devra détenir des actions. En effet, la performance des fonds monétaires étant nulle voire négative, ils sont donc plus enclins à accepter de prendre du risque dans l'espoir d'une meilleure rémunération pour leur épargne. De plus, souvent confiants dans l'évolution de leur situation financière personnelle, ils sont davantage en recherche d'informations sur les placements » explique Fabien Villeneuve chez Eres ges-tion, société dédiée à l'épargne salariale et retraite.
Les moins de 35 ans sont ainsi moins sensibles au niveau de risque que les plus âgés (42 % contre 55 % des plus de 55 ans selon le baromètre de l'AMF). Mais il peut y avoir un décalage entre la volonté et le pas-sage à l'acte car d'après la société Lombard Odier IM, les Millennials fortunés ont à de nombreux égards les mêmes souhaits que leurs aînés en matière de gestion de patrimoine : des rendements stables à long terme, qui leur permettront de transmettre leur patrimoine à la prochaine génération.
…mais également plus attentive à ses placements
En revanche, ils citent plus souvent « l'éthique » : 18 % d'entre eux la mentionnent comme critère de choix important, contre 5 % des 55 ans et plus. L'accent porté sur les questions environnementales, so-ciales et de gouvernance (ESG) n'est plus une simple option souhaitable dans un portefeuille : le sondage sur l'investissement responsable réalisé en 2018 par Nuveen montre que 92% des membres de la généra-tion Y souhaitent que l'ensemble de leurs investissements soient responsables.
« Pour attirer et conserver cette nouvelle génération d'investisseurs, les conseillers doivent proposer des stratégies d'Impact Investing dans les domaines social, du développement durable et des énergies propres » prévient le cabinet de recherche en mégadonnées CB Insights. La prise en compte des préoc-cupations de la génération Y concernant les investissements durables au sein des portefeuilles sera donc primordiale pour les stratégies d'investissements futures.
Cette éthique concerne également la notion de transparence. D'après Deloitte, « de nombreux membres de la génération Y ont une perception négative des conseillers financiers. Pour la dépasser, les sociétés de gestion de fortune doivent commencer par mettre l'accent sur la transparence de la tarification. » La fidélité à la marque doit être gagnée, pas uniquement par la qualité, la valeur et la cohérence, mais éga-lement grâce à un comportement adéquat.
Les banques devront répondre à ces besoins nouveaux
La tranche la plus âgée de la génération Y s'approche des 40 ans. Alors qu'ils remplacent la génération du baby-boom dans le monde professionnel, ils exerceront une influence prépondérante sur les dépenses pour les décennies à venir. « D'une part, leur revenu potentiel augmente à mesure qu'ils avancent dans leur carrière et, d'autre part, leurs parents baby-boomers leur légueront des sommes totalisant plusieurs milliers de milliards de dollars » ajoute Lombard Odier IM.
D'ici 2020, les Millennials représenteront le segment le plus important de la population adulte et entre 2016 et 2026, la moitié des nouveaux venus au sein du club des grandes fortunes françaises seront des Millennials.
Face à cette nouvelle approche de l'investissement, les acteurs bancaires doivent s'adapter et répondre à une demande qui va mécaniquement s'accroître. « Les Millennials sont nés avec la crise de 2008 et ont été profondément marqués par elle. Ils demandent à la fois de la sécurité, de la rentabilité mais aussi du sens, trois injonctions apparemment contradictoires pour une banque auxquelles devront s'adapter les leaders financiers de demain » explique Nicolas Bouzou, fondateur d'Asterès, cabinet ayant publié une étude sur les grandes fortunes.
Celle-ci révèle l'arrivée d'un renouvellement générationnel important : un intérêt plus fort pour la gestion de patrimoine (59% pour les Millennials vs 49% pour les Baby-boomers), une implication au quotidien plus régulière (58% vs 50%) et davantage d'investissements dans les entreprises responsables (32% vs 24%).
« Autant de défis à relever pour les banques privées qui veulent se positionner sur les prochaines décen-nies » observe Laurent Garret, Président du directoire de la Banque Neuflize OBC.
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