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Chute des marchés : « Les banques centrales, responsables ou piégées ? » (Cercle des analystes indépendants)
information fournie par Boursorama 11/02/2016 à 16:24

Les banques centrales ont désormais peu de moyens à disposition pour rassurer fondamentalement les investisseurs.

Les banques centrales ont désormais peu de moyens à disposition pour rassurer fondamentalement les investisseurs.

Alors que les marchés boursirers poursuivent leur inarrêtable tendance baissière depuis le début de l'année, l'économiste indépendante Véronique Riches-Flroes analyse le rôle des banques centrales dans ce contexte.

Remise en cause du "quantitative easing", critique des pratiques de taux d'intérêt négatifs, de la guerre des monnaies, persistance des pressions déflationnistes… Les banques centrales ne sont pas à la fête et les doutes quant à l'efficacité de leur action se multiplient dangereusement au fur et à mesure du regain de tensions financières que provoque depuis le début de l'année l'accélération de la correction des marchés mondiaux. Il faut dire que les outils à leur disposition pour contrer la panique actuelle sont indiscutablement réduits.

Aux États-Unis, où la Fed vient tout juste d'amorcer ce qui était censé être un cycle de normalisation du niveau de ses taux d'intérêt - supposé s'étaler jusqu'en 2018 ! -, Janet Yellen ne peut décemment se permettre de revenir sur ses pas au moindre éternuement des marchés sans se discréditer. Après tout, si son diagnostic était le bon en décembre, l'économie américaine devrait pouvoir faire face à une perte de 10% du S&P500, quand celui-ci s'est adjugé une performance de 50% depuis 2012. Difficile dès lors d'imaginer qu'elle puisse prendre une quelconque avance pour prévenir un risque éventuel. Il lui faudra attendre d'avoir l'évidence indiscutable que les choses ne vont pas dans le sens espéré pour revoir sa copie, au risque, alors, d'être accusée de n'avoir rien su voir à temps…

En zone euro, l'effet Draghi du 21 janvier n'a été qu'un feu de paille, n'empêchant ni l'euro de se réapprécier fortement, ni les tensions sur les taux des pays périphériques, ou le vent de panique sur les banques. Si le "quantitative easing" a su convaincre de son efficacité contre la crise souveraine, la fuite en avant dans laquelle semble s'être engouffrée la BCE pour lutter contre les effets déflationnistes d'un phénomène tellement hors de sa portée que constitue la chute des prix du pétrole, finit par inquiéter plus qu'elle ne rassure.

La perspective d'un élargissement de son programme d'achat d'actifs, susceptible de faire baisser les taux longs des pays du noyau dur de la zone euro en territoire de plus en plus négatif, n'est pas des plus rassurantes et l'on peut, à juste titre, imaginer que la débâcle bancaire de ces dernières semaines soit, en partie, liée à ces anticipations.

Enfin, sans être au centre des regards, les échecs de la banque du Japon ne sont pas sans impact sur le scepticisme ambiant. Il y a de nombreuses raisons, quand bien même discutables, de considérer que le Japon, plutôt qu'un cas à part, puisse être précurseur des menaces auxquelles sont exposés la plupart des pays matures. Dès lors, tout échec avéré au Pays du Soleil Levant, auprès duquel les banques centrales occidentales sont allées chercher l'expérience monétaire pour faire face à la déflation, a des retentissements sur la crédibilité des pratiques à l'œuvre dans le reste du monde. Or, la situation du Japon n'inspire rien de rassurant. Souvent présentés comme les réponses ultimes à deux décennies de déflation, les Abenomics sont loin d'avoir apporté les fruits escomptés et ne permettent certainement pas d'envisager l'arrêt de pratiques dont le résultat devrait, sous peu, porter le bilan de la BOJ à plus de 100% du PIB du pays.

Difficile, on en convient, de ne pas s'interroger sur le bien-fondé des politiques menées ces dernières années et sur l'issue de ce périple lorsqu'il sera reconnu que l'action des banques centrales a échoué. Ce pourrait être leur indépendance que ces dernières se préparent à perdre, à l'image de ce qu'envisagent les Républicains aux États-Unis, à savoir, la mise sous tutelle pure et simple de l'action de la Fed à une fonction mathématique de détermination du niveau de ses taux d'intérêt.

Le constat est pour le moins cynique, quand on se rappelle à quel point on a laissé à la seule charge des banques centrales le soin de lutter contre la crise de 2008 et ses multiples rebondissements. Mais tellement classique. À trop charger la barque, on la fait chavirer. Les politiques unijambistes de ces dernières années n'ont ni plus ni moins produit les mêmes effets !

Véronique Riches-Flores , économiste, RichesFlores Research

Le Cercle des analystes indépendants est une association constituée entre une douzaine de bureaux indépendants à l'initiative de Valquant, la société d'analyse financière présidée par Eric Galiègue, pour promouvoir l'analyse indépendante.

5 commentaires

  • 11 février 18:57

    Il est un peu tard pour se réveiller face à l'absurdité de la politique menée par les banques centrales depuis plus d'une décennie maintenant. Évidemment, "personne le l'avait vu venir " va t on nous chanter. Et oui, terrorisme économique et grand banditisme sont bien les termes qui conviennent pour décrire les actions et politiques de ces faux monnayeurs. Mais comme toujours, responsables mais non coupables.


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