Le géant allemand de la chimie en difficultés BASF a annoncé jeudi vouloir rendre indépendantes ses activités dans l'agriculture, les matériaux pour batteries et les revêtements, effectuant un pas en arrière dans son modèle ancestral de production intégrée.
( AFP / DANIEL ROLAND )
Ces trois activités vont disposer de "plus d'espace pour répondre aux besoins spécifiques de leurs clients industriels tout en continuant à bénéficier des avantages d'une entreprise intégrée", a déclaré le président du directoire sur le départ Martin Brudermüller lors d'une journée investisseurs.
BASF, qui souffre depuis trois ans de chocs à répétition - Covid-19, guerre en Ukraine, flambée des prix d'énergie - qui ont lourdement pesé sur ses activités veut remettre la vapeur pour améliorer sa rentabilité.
Concrètement, "près de 2.500 salariés" de la société-mère BASF SE, "soit près de dix pour cent des effectifs du site de Ludwigshafen", son site allemand historique dans l'ouest du pays, "seront externalisés", s'est inquiété le syndicat de la chimie IGBCE dans un communiqué séparé.
Si des licenciements ne sont pas à l'ordre du jour, il s'agit toutefois d'une "mauvaise nouvelle peu avant la fin de l'année", s'insurge le syndicat.
L'entreprise BASF "doit être préservée dans son ensemble", a prévenu la présidente du comité d'entreprise, Sinischa Horvat.
Le modèle de "Verbund", c'est-à-dire l'intégration physique de la production, des plateformes de marché et des technologies qui permettent aux activités d’être connectées entre elles, concerne 230 sites de production dans le monde.
A Ludwigshafen, le plus grand complexe chimique du monde, les produits chimiques de base sont intégrés dans une chaîne de production, la matière première d'une usine devenant celle de l'unité suivante.
Or, BASF, plus gros consommateur de gaz d'Allemagne, est également devenu le symbole d'une économie allemande profondément remise en question, alors que la guerre russe contre l'Ukraine a brusquement mis fin aux illusions d'un gaz durablement bon marché.
Le chimiste veut "aller plus loin avec l’objectif d'augmenter encore la compétitivité de BASF en adaptant sa gestion commerciale" plus individualisée, a déclaré le directeur financier du groupe, Dirk Elvermann.
De nouveaux objectifs de rentabilité, en hausse par rapport à l'existant, ont été assignés: la marge Ebitda devra représenter à terme 23% au moins dans la division agriculture, 30% au moins dans les matériaux pour batteries (hors métaux) et 15% au moins dans les revêtements.
L'ensemble restant intégré, le "Verbund", devra lui dégager une marge de 17%.
Ces annonces étaient bien accueillies à la Bourse de Francfort, où le titre BASF grimpait de près de 2% jeudi.
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