
Parmi les cessions rapides possibles, les dossier Orange et ADP reviennent souvent. (crédit : LG / Boursorama)
Il y a de la cession dans l’air pour l’Etat actionnaire. C’est le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui l’a annoncé le 5 juillet : «Nous mettrons 10 milliards d'euros à disposition pour financer l'innovation et, en particulier, l'innovation de rupture. […] Ces 10 milliards seront financés par la cession d'actifs de l'Etat dans un certain nombre d'entreprises. »
Il est vrai que dans ce domaine, les pouvoirs publics ont un compte-titres assez joliment garni puisqu’il est évalué à un peu plus de 68 milliards d’euros pour les seules participations côtées. Car l’Etat pourrait aussi décider d’introduire en Bourse certaines sociétés publiques qui ne le sont pas encore.
On pense notamment à la Française des Jeux, même si ce serait se priver de revenus récurrents plus que confortables (3 milliards d’euros l’année dernière).
Pas touche aux secteurs stratégiques
Dans son portefeuille de participations cotées, l’Etat ne devrait pas piocher dans les secteurs stratégiques.
Autant exclure d’emblée les 14% dans l’équipementier aéronautique Safran ou les 26% dans le groupe d’électronique et de défense Thales ou encore les 11% dans Airbus .
Avant de devenir président, Emmanuel Macron avait pris position sur les participations de l’Etat expliquant qu’il était trop concentré sur certains secteurs dans lesquels il n’avait pas besoin d’être aussi présent, notamment les secteurs réglementés comme l’énergie, les télécoms ou les infrastructures.
Pour l’énergie, toutefois la donne est compliquée, en plein sauvetage d’Areva (dont il détient directement et indirectement plus de 80%) avec le concours d’EDF (83%), le timing semble tout sauf idéal. Pour Engie (28,6% du capital), l’Etat ne peut passer en dessous d’un tiers des droits de vote mais la loi Florange et le droit de vote double de certains de ses titres pourraient permettre de poursuivre une partie de l’allègement déjà initié en janvier. Reste que là aussi, les pouvoirs publics ne feraient pas forcément une bonne affaire alors que l’action signe la deuxième plus forte baisse du CAC 40 depuis un an.
ADP en courte finale ?
Mais un dossier revient avec insistance depuis quelques temps : celui d’ADP, l’exploitant des aéroports parisiens. Il y a même déjà potentiellement un acheteur sur les rangs en la personne de Vinci qui a étoffé son portefeuille de concessions aéroportuaires durant les dernières années.
Mais là aussi problème : il faudrait modifier la loi pour permettre le passage de l’Etat sous les 50%. Bercy étudie le dossier depuis pas mal de temps mais avec précaution car la présence au sein des syndicats reste forte. Même combat chez Air France-KLM où l’Etat détient 17,5% du capital.
Autres pistes envisageables, les participations au sein des deux constructeurs automobiles Renault (19,7%) et Peugeot (12,9%). Concernant la marque au Losange, l’Etat était monté de 15,01% à 19,74% du groupe pour obtenir des droits de vote double. Une opération présentée comme temporaire mais toujours pas débouclée.
L’autre nom qui revient fréquemment dans la bouche des analystes est celui d’Orange. Emmanuel Macron s’était déjà montré favorable à l’évolution (comprendre l’allégement) de l’Etat au sein du groupe télécoms. De quoi laisser espérer à certains analystes la concentration tant attendue du secteur avec le retour à trois opérateurs, Orange rachetant Bouygues Telecom.
Des demandes parfois contradictoires
Ces cessions sont-elles mauvaises pour l’actionnaire individuel qui détiendrait des titres de ces entreprises ? Si elles sont trop brutales, elles peuvent occasionner une chute du cours de Bourse à court terme, à cause de l’afflux de papier sur les marchés.
Mais à plus long terme ? Là, c’est sans doute une autre histoire. En janvier dernier, la Cour des comptes, jamais avare d’une remontrance, pointait à la fois la mauvaise performance du portefeuille boursier de l’Etat mais aussi ses propres insuffisances. A la fois actionnaire et donneur d’ordres, ses demandes sont parfois contradictoires. Il suffit de voir le bras de fer entre Carlos Ghosn et les pouvoirs publics pour toucher du doigt les limites du système.
En janvier, la Cour des comptes leur recommandait d’ailleurs de se «limiter à des motifs de détention précis (sauvetage d’entreprise défaillante avec risques systémiques, ou entreprises essentielles pour la sécurité nationale».
Pour l'instant, l'Etat a essayé de gagner sur tous les tableaux avec la loi Florange : pouvoir faire évoluer des participations sans perdre de son influence mais son cruel besoin de financement pourrait changer la donne. Réponse bientôt...
Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)
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