par Amindeh Blaise Atabong
Les Camerounais étaient appelés aux urnes dimanche pour une élection présidentielle où Paul Biya, 92 ans, doyen des chefs d'État en exercice dans le monde, est largement pressenti pour conserver le pouvoir qu'il détient depuis 43 ans, malgré une opposition revigorée qui appelle au changement.
Parmi ses principaux adversaires figure Issa Tchiroma, 76 ans, ancien porte-parole du gouvernement, qui a rassemblé d'importantes foules réclamant la fin du long règne du président sortant. Sa candidature bénéficie du soutien d'une plateforme regroupant plusieurs partis d'opposition et organisations civiles.
Mais selon les analystes, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, devrait être réélu grâce à sa mainmise sur l'appareil d'État et à la fragmentation de l'opposition.
Les adversaires du président espèrent néanmoins sa chute, après des décennies de stagnation économique et de tensions dans ce pays d'Afrique centrale de 30 millions d'habitants, producteur de pétrole et de cacao.
Dans le quartier populaire de Briqueterie, à Yaoundé, Hassane Djbril, chauffeur, a exprimé son espoir de voir l'élection apporter du changement.
"Depuis 43 ans, les Camerounais souffrent. Il n'y a pas de travail", a-t-il déclaré, précisant qu'il voterait pour Issa Tchiroma. "Nous voulons du changement, car le gouvernement actuel est dictatorial."
Le gouvernement de Paul Biya a toujours rejeté ces accusations, soulignant que le Cameroun est un pays démocratique où se tiennent régulièrement des élections libres.
Le scrutin a débuté à 07h00 GMT et doit s'achever à 17h00 GMT. Les résultats sont attendus dans un délai de quinze jours.
PLUS DE LIMITATION DE MANDATS
Paul Biya a levé la limitation du nombre de mandats en 2008 et s'appuie depuis longtemps sur des tactiques de division. Le système électoral à un seul tour permet au candidat arrivé en tête, même avec une majorité simple, de l'emporter.
"Une surprise reste possible, mais une opposition divisée et le soutien d'une machine électorale redoutable devraient, selon nous, offrir un huitième mandat au président de 92 ans", a estimé François Conradie, économiste politique principal chez Oxford Economics.
"Paul Biya est resté au pouvoir pendant près de 43 ans en divisant habilement ses adversaires et, bien que nous pensions qu'il n'est plus très conscient de la situation, il semble que la machine qu'il a construite divisera pour régner une dernière fois", a ajouté Conradie dans une note.
Sous le slogan "Grandeur et espérance", Paul Biya n'a tenu qu'un seul meeting électoral, dans la ville de Maroua, au nord du pays. Il s'est appuyé sur les médias d'État, étroitement contrôlés, et sur des publications sur les réseaux sociaux, tandis que son équipe promettait davantage de développement économique.
Un peu plus de 8 millions de personnes se sont inscrites sur les listes électorales.
(Reporting by Amindeh Blaise Atabong Writing by Bate Felix Editing by Frances Kerry)
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