
Alors que le S&P 500 et le Nasdaq ont retrouvé leurs plus hauts historiques, le cycle haussier peut il se poursuivre ? Tour d'horizon des analyses des sociétés de gestion
Une forte dispersion des performances sur les marchés
On assiste ces derniers temps à une remontée des actions au niveau global. Par ailleurs, le S&P 500 a établi de nouveaux records en clôture, l'euro a repris du terrain et le rendement du Bund allemand s'est un peu éloigné du seuil de 0,30 %, associé, depuis plus d'un an, aux mouvements de fuite vers la sécurité. « Pour autant, ces mouvements ne nous paraissent pas refléter le retour de la sérénité malgré un environnement macroéconomique porteur » estime Nathalie Benatia, Responsable de Contenu Macroéconomique chez BNP Paribas AM.
En effet, le panorama général masque d'importants contrastes, notamment sur les actions. « Si à la surface la situation économique et financière semble ainsi saine et solide, la dispersion observée en août entre les rendements des indices actions est un rappel à l'ordre » avertit donc Guilhem Savry, responsable Macro et Allocation Dynamique chez Unigestion AM.
Ce constat s'observe à la lumière de la dispersion significative connue par les performances des indices géographiques. Aux Etats-Unis, l'indice S&P500 a ainsi progressé de 2,8% en août quand dans le même temps, l'EuroStoxx50 s'affiche en recul de 3,5% et les marchés émergents de 4,5%.
La performance du marché actions américain s'est ainsi poursuivie depuis trois mois, alors que la plupart des autres marchés ont décroché. Si bien que l'indice S&P500 progresse désormais de +9% depuis le début de l'année, contre -2% pour l'indice européen EuroStoxx50, et -8% pour l'indice actions émergents. « Cette divergence majeure indique que l'enjeu politique des élections de mi-mandat aux États-Unis ne détourne pas pour l'instant l'attention des investisseurs des bienfaits immédiats pour leurs portefeuilles de la doctrine de l' "America First" » précise Didier Saint-Georges, membre du comité d'investissement de Carmignac Risk Managers.
L'analyse des performances sectorielles tend à la même conclusion. « Au sein des actions européennes, le secteur technologique a progressé de 1% sur le mois, tandis que le secteur bancaire a reculé de 8% » poursuit Guilhem Savry de Unigestion AM.
Le cycle haussier américain peut-il se poursuivre ?
Fin août, le S&P 500 battait un record historique, celui du plus long cycle haussier de son histoire. Une poursuite de la surperformance des actions américaines qui pose la question de déterminer si la surpondération sur ce marché reste encore pertinente.
« Le contexte macro-économique des États-Unis reste favorable, les informations récentes suggérant une croissance supérieure à la tendance à court terme et un cycle d'expansion économique se poursuivant encore pendant un certain temps » anticipe Michael Hood, Stratégiste Multi-Asset Solutions chez JP Morgan AM. La société considère que si les actions américaines ont surperformé, les bénéfices des entreprises américaines ont également progressé plus rapidement que ceux de leurs homologues des autres marchés, de telle sorte que leur valorisation ne s'est pas sensiblement détériorée.
Chez Carmignac, la prudence reste cependant de mise. « Jusqu'ici donc, tout va bien. À l'arrivée toutefois, gardons à l'esprit que la machine économique américaine ne pourra éviter de subir l'impact du ralentissement global » prévient Didier Saint-Georges. Selon lui, les barrières tarifaires et les sanctions contre l'Iran vont commencer à pénaliser les consommateurs américains, le resserrement monétaire va durcir des conditions financières pour l'instant encore très favorables, et l'ampleur du déséquilibre budgétaire se fera jour. « Le marché actions américain redescendra alors de son piédestal, affaiblissant probablement le dollar du même coup » annonce-t-il.
Pour CPR AM, la réforme fiscale et le budget 2018 ont indéniablement donné un coup de fouet à l'économie américaine. Ils ont soutenu l'investissement des entreprises et la consommation des ménages sur le premier semestre et cela devrait se poursuivre sur les trimestres à venir. « Toutefois, il est désormais clair que d'autres facteurs jouent en sens inverse en ce qui concerne l'activité économique et la normalisation monétaire de la Fed en fait partie » commente Bastien Drut, Stratégiste Sénior de la société de gestion. Il alerte ainsi sur les potentiels effets retardés des hausses de taux de la Fed sur l'économie américaine.
L'Europe comme alternative ?
Alors que le S&P 500 et le Nasdaq ont retrouvé leurs plus hauts historiques, cette perspective est encore loin d'embrasser les indices européens en dépit d'une amélioration conjoncturelle continue caractérisée la semaine passée par un rebond de l'indice du sentiment des milieux d'affaires allemands (IFO) en août. « Malheureusement, cette embellie est occultée par un risque politique persistant en Europe inhérent à la fronde italienne et la perspective d'un "hard Brexit" » regrette David Ganozzi, gérant chez Fidelity International.
A ce stade, la situation en Europe (avec le prochain budget italien, le ralentissement de l'activité, la faiblesse du secteur financier et le manque de munitions de la BCE en cas de nouvelle crise financière) est la principale source de préoccupation d'Unigestion à court terme. « Nous restons donc méfiants vis-à-vis des actions européennes et de l'Euro » illustre Guilhem Savry.
Des risques qui demeurent et pèsent en particulier sur la valorisation des actions de la zone euro. « Sans cela, elles mériteraient plus d'intérêt de la part des investisseurs internationaux » indique la société Edmond de Rothschild AM. Celle-ci continue à privilégier les actions américaines dont la progression des cours ne fait que refléter la hausse attendue des résultats et les actions de la zone euro dont la décote leur paraît exagérée.
Le marché a ainsi perdu en visibilité avec de nombreuses incertitudes impactant les deux côtés de l'atlantique. Un contexte qui rend l'exercice de la gestion d'autant plus périlleux.
« Le resserrement de la politique monétaire américaine, la force du dollar (symbolisé par le triomphalisme de Donald Trump) et les velléités protectionnistes ont initié un nouvel environnement moins lisible et plus court-termiste. Se projeter au-delà de mars 2019 (en ayant absorbé les négociations sur le budget italien et l'échéance du Brexit) demeure complexe » conclut Igor de Maack, porte-parole de la gestion de DNCA.
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