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Bourse : d’une bulle à l’autre…
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 07/12/2017 à 10:00

Eric Galiègue
Eric Galiègue

Eric Galiègue

Phiadvisor Valquant

Directeur de la recherche

https://phi-advisor.com/fr/

Bulle chinoise, bulle de l’internet américain, bulle des valorisations, bulle obligataire, rarement le terme n’a été autant utilisé. (crédit : Pexels)

Bulle chinoise, bulle de l’internet américain, bulle des valorisations, bulle obligataire, rarement le terme n’a été autant utilisé. (crédit : Pexels)

Depuis plusieurs mois, voire plus d'une année, le sujet du gonflement d'une bulle financière occupe les esprits et anime les discussions entre professionnels de l'investissement. Bulle chinoise, bulle de l'internet américain, bulle des valorisations, bulle obligataire, rarement le terme n'a été autant utilisé. Effectivement, depuis une petite vingtaine d'années, les économistes évoquent le régime de bulles et de krachs pour décrire le cycle général de l'économie. L'imbrication devenue totale entre la sphère  financière et la sphère réelle amène à accorder plus d'importance au cycle de valorisation du capital.

Pour ce qui concerne les actions, à l'évidence le régime de bulles et de krachs est en place depuis la fin du siècle dernier. Le graphique de l'évolution depuis 30 ans de l'indice MSCI «The World Index» le montre très clairement.

Evolution de l'indice MSCI World.

Evolution de l'indice MSCI World.

Ce graphique est particulièrement instructif. On y apprend que :
1/ le gonflement des bulles, en fait les périodes de hausse  des marchés, dure bien plus longtemps que les phases de dégonflement, les phases de krach. Les marchés se sont appréciés pendant près de 10 ans, entre 1992 et 2000, avant de chuter pendant plus de 2 ans, de la mi 2000 à mars 2003. Ils ont progressé rapidement de 2003 à 2008, avant de chuter jusque mars 2009. Depuis cette date, ils se sont appréciés fortement  jusque maintenant, soit pendant 8 ans environ…

2/ la droite de tendance qui relie les deux points hauts de 2000 et 2007, vient d'être dépassée par l'indice. Cela signifie que le mouvement haussier actuel a porté le cours au-delà même de la tendance définie par les deux bulles précédentes….La puissance du cycle actuel est donc impressionnante. Elle est gouvernée essentiellement par la force des actions américaines, qui représente environ 60% de l'indice MSCI The World Index.
Ce phénomène est moins marqué pour les actions françaises. Evidemment, la méthodologie, la composition et la devise des indices expliquent leur performance. Mais aujourd'hui, les actions françaises n'ont pas encore retrouvé leur niveau de l'année 2000, alors que les actions mondiales  sont près de 50% au-delà de leur niveau d'il y a 17 ans….

Evolution comparée du CAC 40, des bénéfices par action et de l'OAT 10 ans.

Evolution comparée du CAC 40, des bénéfices par action et de l'OAT 10 ans.

La comparaison des deux bulles est intéressante à faire. La bulle de l'année 2000 a été alimentée par des anticipations de croissance trop élevée d'une « nouvelle économie » qui ne devait plus subir les cycles, et devait bénéficier de la dynamique exceptionnelle des sociétés des secteurs technologiques, média et télécommunications, les sociétés « TMT ». La bulle n'était finalement nourrie que par des paramètres réels, et avait généré des ratios d'évaluation absolument considérables ; les taux d'intérêt valaient 4 à 5%, et les banques centrales étaient plutôt dans une logique de restriction de monnaie.

Aujourd'hui, le gonflement des prix des actions est imputable à un niveau de taux d'intérêt particulièrement bas. Les bénéfices ont commencé leur remontée, mais ils sont encore loin de leur niveau d'avant la crise de 2008. D'une certaine manière, on peut dire que la bulle actuelle a été initiée par la sphère financière, et plus particulièrement par les banques centrales. Elles ont donc une responsabilité très grande dans la suite des évènements.

Le niveau des taux d'intérêt reste un paramètre absolument majeur, tant pour la sphère réelle que pour la sphère financière.

Dans la sphère réelle, sur la base d'une rentabilité économique des projets de 5% par exemple, l'anticipation d'un maintien des taux à un niveau durablement très bas, disons 2%, rend profitable des projets d'investissements qui ne l'étaient pas avec des taux à 4 ou 5%. Le cout de l'argent exceptionnellement bas produit de la croissance.

Dans la sphère financière, la certitude que les taux ne remonteront pas au-delà de 2%, crédibilise des ratios d'évaluation bien plus élevés que ce qui est pratiqué actuellement. Les PER pourraient progresser de 1 à 2 points sans difficulté en 2018.
Manifestement, c'est bien le niveau des taux qui va définir la poursuite et le maintien pendant longtemps du gonflement de la bulle, ou son dégonflement rapide sous forme de krach. C'est pour cela que les banques centrales, et notamment la BCE, prennent autant de précaution pour modifier leur politique monétaire et pour communiquer aux marchés financiers.

Eric Galiègue – VALQUANT-EXPERTYSE

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