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Boostheat : un produit disruptif, et donc un grand pari sur l'innovation
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 12/12/2019 à 18:30

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Fondée en 2011 par deux de ses principaux actionnaires actuels, dont l'un deux est l'inventeur du système, Boostheat a développé un produit "disruptif" en principe pour le marché du chauffage : un système qui combine une chaudière à gaz à condensation avec une pompe à chaleur animée par un compresseur thermique, ce dernier étant l'invention de la société. (crédit photo : Boostheat)

Fondée en 2011 par deux de ses principaux actionnaires actuels, dont l'un deux est l'inventeur du système, Boostheat a développé un produit "disruptif" en principe pour le marché du chauffage : un système qui combine une chaudière à gaz à condensation avec une pompe à chaleur animée par un compresseur thermique, ce dernier étant l'invention de la société. (crédit photo : Boostheat)

Les sociétés peuvent s'introduire en Bourse pour toutes sortes de raisons, depuis les plus respectables, comme par exemple donner la liquidité aux actionnaires, et donc la possibilité de réaliser quand ils le veulent tout ou partie de leur investissement, ou encore lever des fonds pour se développer, jusqu'au moins avouables, comme trouver de l'argent frais pour se désendetter, voire se recapitaliser dans l'urgence.

De fait, face à la proposition toujours alléchante qu'est une "IPO", le client investisseur de base se doit d'abord de bien regarder les comptes de l'entreprise en question. Il les trouvera en fouillant dans le Document de Base téléchargeable tamponné par l'AMF, document qui ne saurait compter moins de 350 à 400 pages, le juridisme étant ce qu'il est, et il a tout intérêt à en tirer lui-même les chiffres qui lui importent : on n'est jamais sûr de rien, finalement, et on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Il se doit aussi de garder son calme dans le tintamarre médiatique qui accompagne le plus souvent les introductions, et de garder tout autant son libre arbitre face aux arguments forts assénés par celui ou ceux qui vendent leur "papier", et face à toutes les informations qui circulent à l'occasion : tout est bon dans le cochon, c'est bien connu, et il vaut mieux donc être un tant soit peu critique, ne serait-ce que pour filtrer le bruit.

Quelques introductions en Bourse plutôt intéressantes depuis septembre

Tout cela pour dire qu'on a eu droit à quelques introductions en Bourse plutôt intéressantes depuis la rentrée de septembre, dont deux avec des tailles significatives, et toutes deux dans le but d'apporter de la liquidité aux actionnaires : Verallia et Française des Jeux. On notera qu'en dépit d'être une belle affaire industrielle tout à fait profitable, grande dans son métier et opérant sur un marché peu cyclique et éventuellement à bon potentiel : les bouteilles en verre pour toutes sortes de boissons, et surtout le vin, Verallia n'a suscité qu'un enthousiasme mesuré, et le placement de ses actions s'est fait plutôt dans le calme. Et, inversement, on notera que les titres FDJ ont été très demandés, et l'offre largement "sursouscrite" (9x !) par les investisseurs particuliers.
Mais on remarquera aussi que Verallia présentait un bilan très sous-capitalisé, ce qui en a éventuellement refréné plus d'un (et montre que pas mal de gens regardent les bilans), alors que les comptes de FDJ paraissent exemplaires, sans parler du quasi-monopole dont la société bénéficie dans son métier. Quasi-monopole qui est très attrayant sans aucun doute pour le rentier qui sommeille en chacun de nous.

Ceci étant, la Bourse manquerait un peu d'intérêt si elle ne servait qu'à vendre les actions des vieilles sociétés, alors que sa principale utilité n'est pas là : elle aide avant tout à financer les entreprises en leur procurant de l'argent frais, et, encore mieux, en finançant l'innovation. Et elle n'a pas démérité ces derniers temps avec les introductions avec augmentations de capital de Hoffmann Green Cement, un producteur de ciment "vert" c-à-d fabriqué sans consommer beaucoup d'énergie, et de Boostheat (BOOST ; 13,95€), une société plutôt "verte" aussi, puisque son produit : une chaudière de nouvelle génération, principalement pour maison individuelle, doit permettre de réaliser des économies d'énergie substantielles. Ce qui est bon pour lutter contre le réchauffement climatique, puisque le chauffage est une des principales sources d'émission de CO2. Et bon aussi pour diviser par deux la facture de combustible en attendant, ce qui ne gâte rien, voire joint l'utile à l'agréable.

Un produit disruptif sur le marché du chauffage

Fondée en 2011 par deux de ses principaux actionnaires actuels, dont l'un deux est l'inventeur du système, Boostheat a développé un produit "disruptif" en principe pour le marché du chauffage : un système qui combine une chaudière à gaz à condensation avec une pompe à chaleur animée par un compresseur thermique, ce dernier étant l'invention de la société. Si l'on comprend bien (ce qui reste à vérifier), tout le système fonctionne au gaz, et le compresseur thermique, en économisant l'électricité utilisée habituellement par la pompe à chaleur, lui confère un rendement énergétique (délivré sous forme d'eau chaude sanitaire et d'eau chaude pour radiateurs) de 188% selon la société, ce qui est en principe nettement au-dessus des systèmes les plus récents en service, voire de 229% si la pompe à chaleur fonctionne en captation géothermique et non pas aérothermique (: récupérer les calories contenues dans le sol plutôt que dans l'air). Le compresseur thermique aide bien aussi quand il fait trop froid dehors et que la pompe à chaleur fonctionne moins bien, qu'on se le dise.

Ce qui ouvre des horizons : rien qu'en France, on remplace 600 000 chaudières par an, fournies par une pléiade de fabricants aux noms bien connus pour la plupart : De Dietrich, Chaffoteaux/Ariston, e.l.m. leblanc, Atlantic, Saunier Duval, Viesmann, Daikin, qui s'appuient sur les réseaux des grands grossistes pour la distribution de leurs produits, et sur une multitude d'installateurs petits et grands pour atteindre le client final. Ces fabricants, dont aucun n'est coté en Bourse, dégagent des marges confortables a priori, avec de bons prix de vente justifiés par la technicité des produits, leur nécessité aussi, leur conformité aux normes, lesquelles protègent contre la concurrence internationale, la part importante de main d'oeuvre dans le coût final de l'installation, et ensuite les revenus générés par la maintenance de larges bases installées.
C'est à peu près la même chose en Allemagne et en Suisse, deux pays où Boostheat projette de commercialiser aussi ses produits, soit pour les trois pays un potentiel de ventes de plus de 140.000 systèmes par an selon la société. En concurrence, ou en parallèle, avec les ventes de chaudières gaz à condensation et des pompes à chaleur qui sont d'ores en croissance significative, soit respectivement +9% et +18% par an en France.

Un marché porteur

Bref : le marché est porteur, et la Boosheat.20, qui est la chaudière la plus écologique (et aussi "la chaudière qui ne réchauffe pas la planète", ce qui n'est pas mal trouvé, il faut le dire) avec son rendement supérieur, son fluide frigorigène propre et recyclable, et son prix compétitif en principe (budget total de 30 000€ environ aides comprises, dont 18 000€ de prix catalogue) par rapport aux chaudières à condensation dernier cri de Viesmann et au PaC de Daikin ou Atlantic, a éventuellement son mot à dire. La société projette de fait de vendre assez rapidement 4 500 systèmes par an, de dépasser son point mort d'ici trois ans avec un chiffre d'affaires de plus de 80 millions d'euros. Et d'arriver ensuite rapidement à un niveau de marge opérationnelle de 25%, ce qui peut paraître beaucoup, mais est éventuellement la norme du secteur.

Pour ce faire, Boostheat a déjà une centaine d'employés, et une usine à Vénissieux près de Lyon, qui doit pouvoir produire 20 000 systèmes sans création de capacités supplémentaires. Et a aussi une force de ventes de 11 agents commerciaux, qui démarchent le grand négoce, et, surtout, développe des partenariats avec des réseaux d'installateurs. Avec un commencement de succès semble-t-il, puisque les 80 commandes enregistrées fin septembre lors de la mise en Bourse sont devenues 200 début décembre comme promis.
La société a levé 39 millions d'euros environ par augmentation de capital lors de son introduction en Bourse en septembre à 14€ par action, sur une offre qui a été souscrite tout juste à 1,3x. Et a levé moins d'argent frais que cela, puisque sur ce montant, 20 millions d'euros environ étaient de la conversion de prêts et d'avances en actions.

En toute logique, cet argent frais devrait permettre de tenir jusqu'au décollage de la marge opérationnelle, du moins espérons-le. Ce qui fait de Boostheat, on s'en doute, un grand pari qui repose sur la réussite ou non d'un produit vraiment innovant.

Un produit qui a fait l'objet d'un long développement, mais dans lequel croient plus que jamais semble-t-il les fondateurs de la société, et un actionnaire présent depuis longtemps, qui a investi environ 25 millions d'euros dans cette histoire ces dernières années : la société Holdigaz, grand acteur suisse du secteur, ce qui est plutôt rassurant.

Et point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Combien de fois faudra-t-il le répéter ?

Jérôme Lieury - Analyste Senior - Olier Etudes & Recherche - Membre du Cercle des Analystes Indépendants – www.olier-etudes-recherche.fr

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1 commentaire

  • 12 décembre 19:02

    Très bonne idée, mais pour l'instant le seul modèle est trop juste en puissance pour ma maison. Mais je suis avec intérêt.


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