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Bitcoin : mirage ou eldorado numérique ?
information fournie par TRIBUNE LIBRE 17/02/2021 à 09:20

Tribune libre. Par Catherine Doyle, Investment specialist, Real Return team, Newton Investment Management


Le Bitcoin a fait irruption sur la scène mondiale en 2008 lorsque Satoshi Nakamoto, son mystérieux inventeur, a publié un livre blanc décrivant un nouveau réseau peer-to-peer décentralisé basé sur la technologie dite des chaînes de blocs (blockchain). (Crédits photo : Pixabay - madartzgraphics )

Le Bitcoin a fait irruption sur la scène mondiale en 2008 lorsque Satoshi Nakamoto, son mystérieux inventeur, a publié un livre blanc décrivant un nouveau réseau peer-to-peer décentralisé basé sur la technologie dite des chaînes de blocs (blockchain). (Crédits photo : Pixabay - madartzgraphics )

Alors que les crypto-actifs continuent de gagner du terrain, l'intérêt qu'ils suscitent auprès de fonds de dotation respectés et de hedge funds de premier plan nous conduit  à nous interroger sur la place potentielle que pourrait prendre le Bitcoin dans un portefeuille diversifié.

Le Bitcoin fait l'objet d'une surveillance étroite de la part des autorités de régulation, et son inclusion dans un portefeuille est difficile à justifier ou à expliquer sans une méthodologie d'évaluation claire.

Ses performances volatiles et extrêmes semblent le vouer davantage à la recherche de rendement qu'à un rôle d'actif stabilisateur, comme pourrait l'être l'or.

Néanmoins, il faudra probablement des années d'expérimentation et de réponses réglementaires pour y voir plus clair, alors que d'importantes questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sont également à prendre en compte.

Le Bitcoin a fait irruption sur la scène mondiale en 2008 lorsque Satoshi Nakamoto, son mystérieux inventeur, a publié un livre blanc décrivant un nouveau réseau peer-to-peer décentralisé basé sur la technologie dite des chaînes de blocs (blockchain). C'est ainsi qu'est apparue une nouvelle ère, celle d'une crypto-monnaie décentralisée qui échapperait au contrôle des gouvernements et des banques centrales. Cette création s'est vue propulsée de plus en plus sous les feux de la rampe, en partie à cause des spectaculaires fluctuations de son cours, mais peut-être surtout parce que des questions se sont posées sur le rôle qu'elle pourrait jouer dans la panoplie d'instruments à la disposition des investisseurs.

Après une période de défiance durant laquelle d'aucuns l'ont qualifiée d'instrument spéculatif, l'implication de grandes fondations respectées comme les universités de Harvard, Yale et Stanford, ainsi que de personnalités du monde des hedge funds comme Paul Tudor Jones, a donné matière à réflexion et a conduit à une évaluation de la place potentielle du Bitcoin au sein d'un portefeuille diversifié. En effet, les crypto-actifs dans leur ensemble continuent de gagner du terrain avec une capitalisation boursière combinée d'environ 350 milliards USD, dont le Bitcoin représente environ deux tiers. Bien qu'éclipsé par la taille du marché de l'or – un actif auquel on le compare souvent –, le marché du Bitcoin, qui représente seulement 210 milliards USD (contre 13 000 milliards USD pour le métal précieux), laisse entrevoir, pour ses plus fervents partisans, une importante marge de progression.[1]

Le « Far West » des actifs

Les autorités de régulation ont réagi avec vigueur à la capacité du Bitcoin à attirer des investisseurs sophistiqués et non sophistiqués, soulignant sa nature non réglementée ; en effet, la crypto-monnaie est souvent décrite comme le « Far West » des actifs. Lors de sa dernière conférence de presse en tant que présidente de la Réserve fédérale américaine en 2017, Janet Yellen a qualifié le Bitcoin d'« actif hautement spéculatif » et de « réserve de valeur non stable ».[2] Au Royaume-Uni, la Financial Conduct Authority a interdit la vente à des clients de détail d'instruments dérivés référencés par rapport à des crypto-actifs, soulignant que le Bitcoin n'avait pas de valeur intrinsèque, ce qui le rend effectivement sans valeur puisqu'il n'est adossé à aucun élément de valeur.

Tout cela met en évidence un dilemme majeur : en l'absence d'une méthode d'évaluation claire (le calcul du coût de «minage» de la crypto-monnaie ou l'évaluation de Bitcoin sur la base de sa contribution au risque par rapport à l'or ne sont pas considérés comme des alternatives crédibles), comment justifier ou expliquer aux clients son inclusion dans un portefeuille ? L'attrait d'un investissement dans un actif qui se situe en dehors du système financier classique s'estomperait rapidement si la fragile dynamique de l'offre et de la demande basculait dans la mauvaise direction.

Des crypto-monnaies garanties par les États ?

Pour que le Bitcoin rebatte les cartes du fonctionnement du système et de la politique monétaires, il faudrait qu'il soit adopté comme moyen d'échange par l'ensemble de la population. Les générations futures pourraient avoir une préférence pour une monnaie numérique et opter pour le Bitcoin en tant que couverture contre la dépréciation de la monnaie fiduciaire (cet aspect générationnel pourrait de fait s'avérer important), mais les banques centrales et les gouvernements suivent son évolution de très près. Dans un contexte où l'intervention de l'État et le pouvoir des gouvernements sont de plus en plus importants, il est peu probable qu'une croissance sans entrave soit laissée sans contrôle. Il a déjà été question de crypto-monnaies garanties par les gouvernements et basées sur la technologie de la chaîne de blocs, permettant ainsi aux autorités de maintenir le contrôle et de réduire le risque d'ébranler le système bancaire traditionnel.

Cependant, il est incontestable qu'à chaque hausse vertigineuse du prix des Bitcoins et à leur adoption plus généralisée – PayPal, par exemple, a récemment annoncé qu'il commencerait à autoriser les transactions en Bitcoins, mais qu'il ne fera que convertir la crypto-monnaie en monnaie fiduciaire plutôt que de transférer les Bitcoins au vendeur –, la crypto-devise gagne en crédibilité en tant que facteur de diversification dans un portefeuille. Cependant, si l'on met de côté son absence de valeur intrinsèque et son manque de flux de trésorerie, les fluctuations du prix de Bitcoin sont frappantes, et la volatilité et le risque qui y sont associés sont d'un ordre de grandeur supérieur à ceux liés à l'or.

Cela soulève la question du rôle que le Bitcoin pourrait jouer dans un portefeuille multi-actifs. Si l'or a souvent joué un rôle stabilisateur dans le contexte de portefeuilles d'investissement, il est difficile d'envisager le Bitcoin dans cette optique, étant donné la nature extrême de ses performances, tant à la hausse qu'à la baisse, ce qui le rapproche davantage d'une action à indice d'octane élevé. Des nerfs d'acier sont nécessaires dans ce qui pourrait s'avérer être une course folle ! Ces caractéristiques le rendraient (ou ses dérivés) plus adapté à la partie d'un portefeuille qui recherche le rendement et qui possède des propriétés éprouvées de couverture de l'inflation, même s'il est probable que son adoption nécessitera encore des années d'expérimentation, qu'elle entraînera d'inévitables échecs et qu'il faudra gérer la volatilité des prix et les réponses réglementaires.

Une consommation d'énergie qui dépasse celle de la Finlande

Enfin, dans un monde où les normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sont de plus en plus examinées, où se situe le Bitcoin ? Il n'est pas surprenant que les points de vue à ce sujet soient contradictoires. Selon le Cambridge Centre for Alternative Finance, la consommation annuelle d'énergie du Bitcoin – une grande puissance de calcul est nécessaire pour « miner » les bitcoins – dépasse celle de la Finlande. En outre, les pays dont provient la puissance de traitement ont une forte intensité d'émission de CO2.[3] Si son profil pourrait être amélioré par l'adoption de sources d'énergie renouvelables, ce n'est pas le cas actuellement. Le fait que le Bitcoin soit associé à des activités criminelles telles que le blanchiment d'argent est une préoccupation supplémentaire, bien que la surveillance s'intensifie sur ce front. Ces aspects négatifs sont contrebalancés par l'effet positif des avantages sociaux de l'accès aux crypto-devises pour les franges de la population mondiale qui n'ont pas accès à des comptes bancaires.

En conclusion, le Bitcoin ouvre une boîte de Pandore et une foule de questions à traiter. Ces considérations ont directement trait à la signification de l'argent et à son rôle dans la société. La situation actuelle sur le front du Covid-19, avec l'abondance des mesures de relance monétaire et budgétaire, a très largement profité au Bitcoin, véritable vitrine de l'euphorie induite par la liquidité. Seul le temps nous dira si sa place dans l'histoire se limite à cela, ou si son rôle deviendra plus significatif du point de vue du portefeuille.
________________________________________

[1] Source : CFA Institute Research Foundation, Cryptoassets : The Guide to Bitcoin, Blockchain, and Cryptocurrency for Investment Professionals (Crypto-actifs : Le guide des bitcoins, des chaînes de blocs et des crypto-monnaies pour les professionnels de l'investissement), 2021.
[2] Source : Financial Times, Bitcoin has ambitions for gold's role (Le Bitcoin convoite le rôle de l'or), 10 janvier 2021.
[3] Source : Analyse de Bernstein, novembre 2020.

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8 commentaires

  • 22 février 12:24

    Il manque de précision cet article..J'aime bien " le marché du Bitcoin, qui représente seulement 210 milliards USD .." et 2 jours plus tard :https://www.boursorama.com/bourse/actualites/le-marche-du-bitcoin-depasse-1-000-milliards-de-dollars-60a116526c4ce4d44170062d2c966e08


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