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ANALYSE : Renault tenté de faire monter la pression sur un Nissan affaibli
information fournie par Reuters 15/05/2019 à 14:35

Renault recule en bourse, l'alliance avec Nissan pourrait évoluer

Renault recule en bourse, l'alliance avec Nissan pourrait évoluer

par Laurence Frost et Naomi Tajitsu

PARIS/TOKYO, 15 mai (Reuters) - Renault RENA.PA tente discrètement de favoriser un changement de direction chez Nissan 7201.T qui ouvrirait la voie à des discussions de fusion, a-t-on appris de plusieurs sources au sein des deux groupes, après l'avertissement lancé par le constructeur japonais sur la dégradation de ses résultats financiers dans le sillage du scandale Carlos Ghosn.

Jean-Dominique Senard, président de Renault depuis janvier, considère le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, comme un obstacle aux progrès vers une fusion, ont expliqué plusieurs personnes à Reuters.

La pression en faveur d'un rapprochement plus étroit des deux groupes, dont Hiroto Saikawa refuse de discuter, ne devrait qu'augmenter après l'annonce par Nissan d'un plongeon de 45% de son bénéfice d'exploitation sur l'exercice fiscal clos fin mars, d'autant que le groupe attend une baisse supplémentaire de 28% sur 2019-2020.

"Renault va continuer de pousser en faveur de discussions en prenant les résultats comme élément déclencheur", a déclaré un dirigeant proche d'Hiroto Saikawa après la présentation des résultats. "Ils ont déjà commencé aujourd'hui."

Le sujet pourrait être mis sur la table dès ce mercredi lors d'une réunion des administrateurs de Nissan censée préparer le conseil d'administration convoqué le 20 mai, ont précisé trois sources.

Frédéric Texier, porte-parole de Renault, et Nick Maxfield, son homologue chez Nissan, ont refusé de commenter ces informations.

UNE DÉTENTE DE COURTE DURÉE

Si l'arrivée de Jean-Dominique Senard à la tête de Renault a permis de détendre momentanément les relations entre les deux partenaires, via notamment la formation d'un conseil opérationnel à la tête de leur alliance, la tension est remontée le mois dernier après la publication dans la presse japonaise d'informations sur un projet de fusion soutenu par Renault.

Ce projet, dont l'existence a été confirmée par plusieurs sources au sein du groupe français, placerait les deux constructeurs sous l'autorité d'une nouvelle holding cotée à Paris et à Tokyo, ce qui reviendrait à en finir de facto avec la structure actuelle de participations croisées, mal valorisées par le marché.

Renault possède 43,4% du capital de Nissan, qui détient pour sa part 15% du groupe français mais sans droits de vote. Le contrôle de Nissan par Renault est toutefois encadré par un pacte d'actionnaires signé en 2015 après la crise des droits de vote doubles attachés à la propre participation de 15% de l'Etat français dans Renault.

Mardi, Hiroto Saikawa a expliqué la dégradation des résultats financiers de Nissan par l'"héritage négatif de notre ancien leader", en référence à Carlos Ghosn. Il a profité de l'occasion pour réaffirmer son opposition à un rapprochement avec Renault sur le modèle proposé par Jean-Dominique Senard.

"Je suis tout à fait conscient du fait que son jugement sur ce sujet diffère du mien", a dit le dirigeant japonais, qui s'est refusé à donner la moindre indication sur son éventuelle succession. "Le timing est un sujet qu'il me faut décider", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il quitterait ses fonctions "au moment approprié".

PREMIER TEST LA SEMAINE PROCHAINE

La capacité d'Hiroto Saikawa à maîtriser son destin devrait dépendre du bon vouloir de son conseil d'administration, dont la réunion la semaine prochaine constituera un premier test sur le soutien dont il bénéfice après les derniers résultats.

Renault a renoncé à réclamer l'ouverture rapide de discussions sur une possible intégration plus poussée mais n'a aucune intention d'abandonner définitivement le projet, expliquent des sources des deux groupes.

Pour le groupe au losange, afin de faire avancer les choses, il faudra peut-être "tourner la page de l'ère Saikawa", disent des sources proches de la direction de Renault.

Le constructeur français entend aussi voir son directeur général, Thierry Bolloré, entrer au conseil d'administration de Nissan, ce qui serait considéré comme une provocation au siège du japonais à la lumière du rôle de bras droit de Carlos Ghosn qu'il a longtemps joué et de sa réticence, récemment, au lancement d'un audit de l'alliance.

"Le pousser fortement risque de provoquer des difficultés", a dit le haut dirigeant de Nissan.

Si le constructeur japonais juge que le projet de rapprochement crée une distraction inutile alors que des restructurations sont nécessaires, Renault le présente comme une étape essentielle vers un redressement de l'alliance car il favoriserait la prise de décisions rapides et doperait la valeur boursière du nouvel ensemble.

"Nous sommes actuellement plutôt dans une version dégradée (de) l'alliance", a dit une source proche de Jean-Dominique Senard à Reuters. "Les seules personnes que ça réjouit, ce sont nos concurrents. L'efficience et la création de valeur commandent une évolution du statut actuel."

S'il est exaspéré par le refus de Nissan de discuter d'une fusion, le président de Renault est convaincu que le sujet ne pourra pas être laissé de côté très longtemps, a dit la même personne.

"C'est la création de valeur qui devrait être au fond du premier intérêt de tout conseil d'administration qui se respecte, ne serait-ce que pour respecter son devoir fiduciaire", a-t-elle ajouté. "Il n'y a pas d'entreprise qui ne regarde pas ses options."

L'impatience de Renault pourrait toutefois lui être dommageable car Hiroto Saikawa pourrait en faire un argument pour s'assurer le soutien de son conseil d'administration, selon un cadre proche de la direction de Nissan.

"Ironie du sort, si Renault ne poussait pas aussi fort là-dessus, les gens porteraient sur (Saikawa) un regard plus critique", a-t-il dit.

(Avec Marc Angrand et Gilles Guillaume pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

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7 commentaires

  • 15 mai 15:09

    La question d une prise de participation chez NISSAN par un tiers pour permettre a RENAULT d'obtenir la majorité va se poser a moyen terme faute d accord


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