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ANALYSE - Les rachats d'actions, victimes collatérales du coronavirus
information fournie par Reuters 16/06/2020 à 07:40

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

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par Sujata Rao et Ritvik Carvalho

LONDRES, 16 juin (Reuters) - La crise du coronavirus risque fort de mettre fin à une décennie de raréfaction des actions cotées, l'un des moteurs de la hausse des indices boursiers ces dernières années, car beaucoup d'entreprises en manque de liquidités sont contraintes de lever des capitaux au lieu d'en distribuer à leurs actionnaires en rachetant des titres.

L'envolée des opérations d'émission d'actions ces derniers mois tranche en effet avec les années récentes, dominées par les plans de rachats d'actions, les fusions et les retraits de la cote - souvent financés par l'endettement - qui ont eu pour effet de raréfier les actions et de doper les valorisations.

Les sociétés cotées se détournent désormais des rachats d'actions, souvent sous la pression d'autorités politiques qui voient d'un mauvais oeil la possibilité de récompenser les actionnaires tout en percevant des aides publiques et en réfléchissant à des réductions d'effectifs.

Selon les calculs de Nikolaos Panigirtzoglou, stratège de JPMorgan, les émissions nettes mondiales d'actions ont augmenté en 2019 de 500 milliards de dollars, leur plus forte croissance annuelle depuis 2010, et le bilan 2020 devrait être au moins équivalent puisque les cinq premiers mois de l'année se soldent par une augmentation de l'offre de titre de 200 milliards de dollars.

Au contraire, les rachats d'actions à l'échelle mondiale devraient représenter 450 milliards de dollars cette année, soit deux fois moins qu'en 2019.

Jusqu'à maintenant, la popularité des rachats de titres aux Etats-Unis s'est traduite par la disparition d'environ 25 milliards d'actions au sein de l'indice Standard & Poor's 500 américain entre la mi-2011 et la fin 2019, selon les données du cabinet Yardeni Research.

Cette année, selon les prévisions de Goldman Sachs, les rachats d'actions aux Etats-Unis devraient chuter de moitié pour revenir à 370 milliards de dollars. Et le montant record de 60 milliards levé le mois dernier sur les marchés actions américains montre que les entreprises sont à la recherche de capitaux.

Ce retournement de tendance est à peine amorcé, estime Rob Almeida, stratège global de MFS.

"Les marchés sous-estiment l'inversion de ce qu'on l'observait ces dix dernières années. La capacité des entreprises à rajouter de la dette à leur bilan et à racheter des actions après avoir mis des salariés au chômage partiel sera assez faible."

Pour certains analystes, l'augmentation de l'offre de titres va peser sur les marchés et augmenter la volatilité car les entreprises cesseront de racheter leurs actions lorsque celles-ci baisseront.

Pour Richard Saldanha, gérant d'Aviva Investors, l'augmentation de l'offre de titres n'a pas que des inconvénients, à condition qu'elle favorise une augmentation de l'investissement des entreprises.

"La composante des rachats diminuant, les entreprises pourront déployer leurs capitaux dans leurs chaînes d'approvisionnement, dans l'automatisation, dans la R&D (...) Ce sera l'une des conséquences de long terme de cette crise", dit-il.

En 2018, les dépenses d'investissement ("capex") des entreprises n'avaient augmenté que de 2% selon S&P Global et la proportion des liquidités des entreprises qui leur a été consacrée est tombé au plus bas depuis plus de dix ans, au profit des dividendes, des rachats d'actions, des acquisitions et de la R&D.

Si les rachats d'actions sont donc amenés à leur faire défaut, les marchés d'actions peuvent compter sur d'autres soutiens, à commencer par le fait que les entreprises sont moins gourmandes en capitaux que par le passé et n'auront pas autant besoin de lever massivement des fonds.

Les actions devraient aussi bénéficier de la persistance d'une prime de risque (le rendement attendu par rapport à celui d'actifs plus sûrs comme les obligations) nettement supérieure à sa moyenne de long terme.

Les rachats de titres sont évidemment loin d'avoir disparu mais les investisseurs se montrent plus regardants sur le bilan des sociétés qui les poursuivent et sur le contexte social et environnemental.

"Les actionnaires rechercheront des entreprises qui financent les dividendes par les bénéfices plutôt que par la dette", estime Matthew Jennings, directeur des investissements de Fidelity International. "Beaucoup d'entreprises vont devoir reconstruire leur bilan et réduire leur endettement avant de pouvoir en arriver là."

(Version française Marc Angrand, édité par Patrick Vignal)

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