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Analyse de marché : pourquoi la bourse chinoise est-elle si volatile ? (Aurel BGC)
information fournie par Boursorama 08/01/2016 à 13:54

Les marchés chinois ont connu cette semaine des variations erratiques. Aurel BGC analyse les mécanismes à l'origine de ces mouvements.

Les marchés chinois ont connu cette semaine des variations erratiques. Aurel BGC analyse les mécanismes à l'origine de ces mouvements.

La bourse de Shanghai connaît d'importants soubresauts. Les indices ont perdu 9,9% cette semaine, alternant chutes et rebonds. Ces mouvements erratiques sont désormais très influents sur les autres indices mondiaux. Pourquoi une telle volatilité ? L'analyse d'Aurel BGC.

Dans la sphère financière, il semble désormais acquis que le ralentissement de l'économie chinoise, la dépréciation du yuan et les variations de la bourse de Shanghai resteront un grand sujet tout au long de l'année 2016. L'alerte de l'été 2015 n'était pas un simple feu de paille : cela fait désormais six mois que les « craintes chinoises » font régulièrement les gros titres des articles de la presse économique.

Dans une note de conjoncture publiée jeudi 7 janvier en soirée, le courtier Aurel BGC se penche en détails sur l'évolution volcanique des marchés chinois. Parmi les questions traitées se trouve celle de la volatilité de ces marchés, que les médias peinent à expliquer.

Pour rappel, lundi 4 janvier, la chute des indices chinois s'associait à un mauvais indicateur économique relatif à la dynamique industrielle du pays. Mais jeudi, le krach éclair des indices chinois n'était lié à aucune publication. La veille, les marchés chinois avaient même rebondi malgré la publication d'un indicateur mitigé dans les services, qui aurait très bien pu mettre le feu aux poudres ce jour-là. La logique n'est donc pas le maître-mot pour comprendre les variations des indices chinois.

« Des éléments techniques expliquent en partie la violence des mouvements des indices et leur volatilité », explique dans ce contexte Aurel BGC, alors que « les fondamentaux des entreprises peuvent difficilement justifier de tels mouvements ».

Un marché dominé par les investisseurs particuliers et les effets de levier

Le courtier identifie quatre éléments principaux pouvant expliquer cette volatilité.

« Premier élément, le poids des investisseurs institutionnels est faible sur les marchés chinois. Selon les dernières statistiques d'un régulateur chinois, 99% des investisseurs sur la bourse chinoise sont des particuliers. Le poids des fonds étranger est très faible ».

Selon cette même étude, 90 millions de particuliers chinois seraient actifs sur le marché boursier national. Or, les particuliers sont réputés plus réactifs et plus « court-termistes » que les institutionnels (banques, assurances) dans leurs choix d'investissements. D'où d'éventuelles sur-réactions des marchés.

« Clairement, de nombreux ménages ont été surpris par la brutale chute des cours de la bourse chinoise durant l'été 2015 et ils désirent se désengager rapidement (…). Mais la situation est compliquée sur un marché fermé où les nouveaux intervenants sont rares, l'accès restant encore difficile pour les investisseurs étrangers », explique le courtier.

« Second élément, les particuliers utilisent des "effets de levier" pour intervenir en bourse », poursuit Aurel BGC. « Beaucoup d'investisseurs particuliers se sont endettés auprès des maisons de courtage (…) pour acheter des actions. Un effet de levier qui a alimenté l'envolée des marchés, mais qui désormais démultiplie leurs pertes ».

La même source met en exergue les risques liés à ces pratiques : « les "effets de levier" induisent forcément un impact macroéconomique global. Or, le nombre de comptes ouverts auprès des intermédiaires a connu une expansion impressionnante sur le premier semestre 2015. Et depuis ? Les autorités chinoises ont décidé de ne plus publier cette statistique ! ». En somme, les risques globaux deviennent de plus en plus difficiles à suivre en Chine. Et les marchés détestent l'incertitude.

Au sujet des « effets de levier », on se souviendra que cette pratique, très en vogue aux Etats-Unis dans le courant des années 2000, avait eu un rôle dans les excès d'endettement ayant participé à la multiplication des pertes lors de la « crise des subprimes ».

Incertitudes sur la valeur réelle des entreprises chinoises

« Troisième élément, il existe une forte incertitude sur la "valeur fondamentale" des entreprises chinoises. La comptabilité des entreprises est loin d'être fiable et l'analyse fondamentale reste peu développée », remarque Aurel BGC. Les analyses sont par ailleurs biaisées par les autorités chinoises : « l'été dernier, le gouvernement chinois a même interdit aux analystes financiers de publier des recommandations à la vente sur les valeurs qu'ils suivent ! », soulève ainsi la même source.

Une réglementation inquiétante pour les investisseurs

« Enfin, quatrième élément, il faut citer les mesures maladroites prises par les autorités chinoises pour tenter de stabiliser les marchés. Interdire aux institutionnels de vendre des actions durant un temps déterminé ne peut qu'entraîner de la volatilité à la fin de cette période d'interdiction », explique Aurel BGC.

Au cours des derniers jours, « le système de suspension des cours a eu aussi un impact psychologique important lorsque la baisse des indices s'est amplifiée. À l'approche des 7% de baisse, les investisseurs ont multiplié les ordres de vente pour ne pas être bloqués par une suspension de séance. La suspension de la diffusion d'information comme les volumes traités sur les valeurs lorsque les mouvements sont trop violents n'est pas un élément rassurant pour les investisseur », détaille le courtier.

Conséquences et suites à court terme

Le sujet commence à devenir préoccupant pour le financement des entreprises chinoises. « Cette volatilité des indices pose un problème important aux autorités chinoise qui veulent faciliter le financement, voire la recapitalisation des entreprises chinoises, par les marchés, notamment actions, et non plus part des prêts bancaires. Cette volatilité est clairement un obstacle à la modernisation de l'économie chinoise, mais il sera difficile de lutter contre », explique toujours Aurel BGC.

Sans compter que le problème ne va pas se terminer dans l'immédiat. « Une réduction de la volatilité du marché chinois s'annonce difficile dans les prochains mois », estime la même source. « À court terme, des mouvements de hausse ou de baisse de 5/7% sur une séance pourraient se multiplier cette année ».

« Seul un poids plus important des investisseurs institutionnels et étrangers pourrait apporter au marché [chinois] de nouvelles liquidités et permettre un comportement plus « raisonnable » des indices boursiers », affirme le courtier. Mais cette solution semble malheureusement encore peu probable, alors que les investisseurs étrangers restent largement à l'écart des marchés chinois, trop imprévisibles. Un cercle vicieux dont il faudra pourtant parvenir à s'extraire.

Xavier Bargue (redaction@boursorama.fr)

2 commentaires

  • 08 janvier 14:09

    Les Chinois ne jouent pas tellement avec leur argent, bien au contraire !!! C'est les spéculateurs qui provoquent cette siutation car tout le monde sait qu'il est plus facile de faire de l'argent en période de baisse et de forte volatilité !!! D'où les "financiers" ont demandé à ce que soit suspendu le coupe circuit de la bourse Chinoise !!!


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