par James Oliphant
WASHINGTON, 21 août (Reuters) - Joe Biden est véritablement entré jeudi dans la course à la Maison blanche. Après une campagne présidentielle américaine quasiment monopolisée par Donald Trump, l'ancien vice-président de Barack Obama s'est hissé au rang de véritable adversaire du président sortant avec son discours d'acceptation de sa nomination par le Parti démocrate en vue du scrutin du 3 novembre.
Accusé par Donald Trump de s'être terré chez lui tout au long de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, Joe Biden a retourné le discours de son adversaire à son avantage dans son discours de clôture de la convention nationale démocrate.
Au terme de la quatrième et ultime soirée de la convention démocrate, tenue par viosioconférence en raison du contexte sanitaire, la mise en scène austère de cette allocution depuis la salle de bal désertée d'un hôtel de Wilmington (Delaware), sa ville de résidence, a poussé certains commentateurs - quelle que soit leur affiliation politique - à la comparer à une déclaration présidentielle prononcée depuis le Bureau ovale plutôt qu'à l'intervention d'un candidat sur la scène d'une convention.
Après un discours de clôture de la convention démocrate prononcé dans un stade voisin pratiquement vide, au cours duquel il avait promis de remettre les Etats-Unis dans la "lumière", après les "ténèbres" de l'ère Trump , cette allocution d'acceptation a permis à Joe Biden de sortir lui-même de l'ombre et de s'affirmer au-delà de l'image de gardien de l'héritage de Barack Obama qui lui a été accolée tout au long de sa campagne.
Robert Shrum, qui a géré la campagne présidentielle du candidat démocrate John Kerry en 2014, a estimé que ce cadre, contraint par le contexte sanitaire, avait profité au candidat.
"Cela faisait plus présidentiel", a souligné Robert Shrum. "Beaucoup de gens se sont moqués de lui sur le thème 'Biden barricadé dans son sous-sol'. Il a appris comment gérer cette réalité virtuelle et ce soir, il s'en est sorti de façon magistrale".
RÉFÉRENDUM POUR OU ANTI-TRUMP
Mais cette scène a également impressionné des responsables républicains.
Karl Rove, ancien secrétaire général adjoint de la Maison blanche lors de la présidence de George W. Bush, a évoqué "un très bon discours", jugeant sur la chaîne de télévision conservatrice Fox News que Joe Biden avait réussi à se poser en unificateur capable de rassembler le pays.
Il a d'ailleurs prévenu que ce message, susceptible de résonner chez les électeurs indécis, devrait inquiéter les stratèges républicains gérant la campagne de Donald Trump.
Ce dernier, qui a commenté la prestation de son adversaire en soulignant sur Twitter que l'ancien sénateur démocrate n'avait rien accompli au long de sa carrière politique longue de près de cinq décennies, va à son tour occuper la scène lors de la convention virtuelle du Parti républicain la semaine prochaine.
Il devrait prononcer le discours d'acceptation de sa nomination comme candidat depuis la Maison blanche.
Et même si le président sortant, âgé de 74 ans, a intensifié ses déplacements alors que Joe Biden, 77 ans, devrait opter pour un programme plus limité et une campagne principalement menée en ligne, cela ne devrait pas forcément desservir le candidat démocrate.
Pour Joe Trippi, conseiller politique d'expérience chez les démocrates, c'est surtout l'opinion des électeurs sur le bilan de la présidence Trump qui va prévaloir dans les dernières semaines avant l'élection.
"C'est et ce sera un référendum sur Trump", a-t-il jugé. "Et non seulement Joe Biden n'a pas besoin de changer ça, il ne le peut pas."
(Avec Trevor Hunnicutt à Wilmington (Delaware) ; version française Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)
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