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Affaire Orpéa et notation ESG : A qui la faute ?
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 18/02/2022 à 17:23

(Crédits photo : orpea -  )

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Les secousses qui ont ébranlées le groupe Orpéa ces dernières semaines ont fait des victimes collatérales. Assez rapidement après la révélation du scandale et la dégringolade boursière qui s'en est suivie, les notations extra-financières ont été pointées du doigt. Et avec elles, les acteurs de marché qui en tenaient compte et clamaient haut et forts que la prise en compte de critères extra-financiers dans les choix d'investissement réduisaient le risque. Pourtant, de nombreuses sociétés de gestion font partie des principaux actionnaires et ont malgré tout marcher sur cette mine.

Un coup dur portée à la gestion ESG

Certaines d'entre elles avaient déjà identifié des sujets de gouvernance. Selon la NEC (Net Environmental Contribution pour Contribution Environnementale des Entreprises), une métrique développée par Sycomore AM, Orpéa ne faisait pas partie des meilleurs élèves. Mais cet indicateur ne permettait pas de saisir l'ampleur du problème. « Malheureusement il n'y a pas de recette miracle », concède Emeric Préaubert, co-fondateur de Sycomore AM.

Un élément fondamental puisque « tous les grands accidents sont venus sur la partie gouvernance », précise Arnaud Faller, Directeur Général Délégué en charge des Investissements chez CPR AM, prenant pour exemple les affaires Steinhoff ou encore Volkswagen. Pour autant, cela ne signifie pas que l'ESG est inutile. « Pour des raisons de gouvernance, nous n'avions justement pas de Volkswagen à l'époque. Cela nous a permis d'éviter cet accident », rappelle Sycomore AM.

Finalement, ces évènements se révèlent être des piqûres de rappel des forces mais aussi des limites de l'ESG. C'est un indicateur qui peut se révéler efficace mais l'ESG n'est pas destiné à alerter sur l'ensemble des zones d'ombre. Il pêche également par sa jeunesse et sa marge de progression reste grande. « Tout le monde en parle et tout le monde en fait, mais l'ESG reste relativement récent. Il y a énormément de méthodologies à unifier et cela doit donc se structurer », souligne Emeric Préaubert.

Un scandale humain… et financier ?

Si l'approche extra-financière est aujourd'hui dans le viseur, les scandales financiers ne sont pas l'apanage des notations ESG en soi. « Il y a eu des scandales financiers liés à des comptes manipulés, et on peut aussi manipuler les données ESG », explique Emeric Préaubert.

Ce dernier est d'ailleurs le représentant français d'un groupement de place qui avait formulé des questionnements auprès de ce type de secteur. Or, des engagements avaient été pris par Orpéa en novembre dernier. « C'est donc quelque part une très mauvaise surprise », regrette Olivier Guillou, directeur de la gestion chez ECOFI et membre de ce groupement.

Comme les sociétés sont analysées sur la base de données publiques dans des rapports annuels bénéficiant de certifications, il s'interroge en conséquence sur la question des contrôles. « C'est un dossier assez emblématique car s'il s'avérait que l'entreprise avait négligé notre qualité d'investisseur, ce serait une remise en cause de notre organisation », avoue-t-il. Autrement dit, les rapports et les indicateurs d'impact transmis par Orpéa pourraient s'avérer inexacts pour ne pas dire trompeurs.

Impossible aujourd'hui de tirer des conclusions définitives. « Nous ne sommes ni enquêteur, ni inquisiteur », tempère Olivier Guillou qui attend que les enquêtes se fassent. Mais la méfiance est de mise compte-tenu du fort enjeu social de ce secteur.

Les investisseurs ont un rôle à jouer

Certains investisseurs ont néanmoins choisi de réagir immédiatement. « Au vu de la gravité des faits reprochés à Orpéa », le gérant Cyril Charlot a sorti la ligne du portefeuille de Sycomore Francecap et fortement révisé la note ESG de l'entreprise. Chez Montpensier Finance, Olivier de Royère et Marion Casal ont entièrement cédé la ligne dans leur fonds Quadrator SRI en raison des « des accusations de maltraitance et de fraude ». Chez Dorval AM, Mathilde Guillemot-Costes et Julien Goujon ont vendu Orpéa, mais également Korian , qu'ils détenaient dans Dorval Manageurs Smid cap Euro puisque « les enquêtes pourraient être étendues au secteur ».

A l'inverse, le 3ème plus gros actionnaire à fin 2021 a décidé de rester investi. Contrairement aux autres principaux porteurs et « devant l'ampleur du scandale », Mirova a décidé de rendre publiques ses interrogations et ses volontés de changement concernant Orpéa. Pour elle, cette situation doit « faire l'objet d'engagements fermes et rapides » de la part du groupe. La société de gestion a ainsi adressé plusieurs demandes en matière de refonte de la gouvernance d'Orpéa à son Président du Conseil d'administration avec, au premier plan, l'adoption du statut de société à mission.

Cette montée au créneau n'est pas restée lettre morte puisque Orpéa a rapidement réagi à l'injonction de Mirova. Philippe Charrier, ex-Président non exécutif du groupe, ayant repris les fonctions de directeur général fin janvier, a remercié la société de gestion. Il a affirmé que le groupe Orpéa « partage pleinement les préoccupations » soulevées dans la lettre de Mirova. Il en a également salué les « propositions constructives » qui y sont formulées, tout en s'engageant à les soumettre au Conseil d'administration et à ses comités compétents.

En assumant son positionnement et en s'engageant de manière active en faveur d'un changement de pratiques, Mirova souhaite que le marché sorte de cette situation par le haut. « S'il faut tirer un enseignement de cette crise, c'est qu'il est plus que jamais nécessaire de transformer le capitalisme pour avoir des règles sur les enjeux environnementaux et sociaux. Les investisseurs doivent davantage prendre en compte ces critères en se demandant comment on améliore nos pratiques et non pas comment on démissionne au cœur de la tempête ! » estime Hervé Guez, Directeur de la gestion actions, taux, solidaire de Mirova.

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