Ramzi Khiroun à Rabat le 29 octobre 2024. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Ramzi Khiroun, ex-conseiller spécial d'Arnaud Lagardère, a été mis en examen le 6 novembre dans l'enquête portant sur un possible schéma corruptif autrefois mis en place par son ex-patron avec le Qatar, a appris mercredi l'AFP de source proche du dossier.
Sollicitée, une source judiciaire a confirmé cette mise en examen pour complicité d'achat de vote et complicité d'abus de pouvoirs.
Selon cette source, Ramzi Khiroun, qui n'a pas répondu à l'AFP, n'a pas de contrôle judiciaire.
"À ce stade, je n'ai rien à déclarer", a répondu Caroline Toby, avocate de M. Khiroun, rappelant simplement que "cette mise en examen s'inscrit dans une bataille que le groupe Lagardère a menée contre le fonds activiste Amber qui a déposé une plainte en 2021, qu'il a retirée depuis".
Le 29 avril, Arnaud Lagardère a été mis en examen dans ce dossier pour "diffusion d'informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir et non-dépôt de comptes", entre avril 2009 et décembre 2022.
M. Lagardère est soupçonné d'avoir utilisé frauduleusement pendant plusieurs années, à hauteur de 125 millions d'euros, des fonds des sociétés Lagardère SAS et Lagardère Capital & Management (LCM) pour financer ses dépenses personnelles.
M. Khiroun n'est pas mis en cause dans ce volet de cette affaire mais dans un autre, qui porte sur l'année 2018, au moment où le groupe était en pleine lutte d'influence entre Vincent Bolloré, allié d'Amber Capital, et Bernard Arnault, PDG de LVMH, qui soutenait Arnaud Lagardère.
Le 24 avril 2018, Qatar Holding LLC, filiale du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA) et principal actionnaire, s'était positionné en faveur des résolutions d'Amber Capital.
Ce vote a surpris M. Lagardère car il n'était pas, selon lui, le reflet de la volonté du QIA, a-t-il affirmé aux juges, d'après son interrogatoire du 29 avril consulté par l'AFP.
Lui et son équipe rapprochée, à l'instar de Pierre Leroy, pilier du groupe aussi mis en examen dans ce dossier, ou Ramzi Khiroun, ont appelé leurs contacts, dont Nasser Al-Khelaïfi, patron qatari du PSG et administrateur du QIA, surnommé "NAK".
M. Ramzi Khiroun est ainsi suspecté d'avoir contacté un représentant des autorités qataries par l'intermédiaire d'un diplomate britanno-marocain proche de Doha, Jamal Benomar.
Cinq jours après le premier vote, QIA change de position et se prononce en faveur des résolutions de la gouvernance de M. Lagardère.
En septembre 2018, M. Benomar est nommé au conseil de surveillance de Lagardère SCA et présenté comme "membre indépendant".
Les juges y ont vu une "représentation officieuse" des intérêts du Qatar et soupçonnent une contrepartie, ce qu'Arnaud Lagardère a nié. Il a affirmé avoir seulement voulu un "interlocuteur" de qualité au conseil de surveillance.
L'homme d'affaires "conteste fermement avoir commis la moindre infraction en lien avec la désignation des administrateurs du groupe en 2018", avait assuré à l'AFP son avocat, Me Sébastien Schapira.
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