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Actia : des hauts et des bas, comme il se doit
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 15/03/2019 à 09:25

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Avec 3.650 salariés, Actia conçoit et fabrique des systèmes électroniques variés. (crédit : Actia)

Avec 3.650 salariés, Actia conçoit et fabrique des systèmes électroniques variés. (crédit : Actia)

Investir en Bourse n'est pas une mince affaire : il faut du temps. Et quelque fois d'autant plus de temps que l'investissement, une fois réalisé, ne fonctionne pas exactement comme on l'aurait voulu (ou souhaité, ou espéré), c'est-à-dire quand le cours se met à baisser, et baisse tellement même qu'il passe en dessous du prix de revient. En d'autres termes, quand on se retrouve en moins-value, pour une durée indéterminée bien entendu.

Ce qui n'est jamais agréable, mais fait partie du jeu : le marché sanctionne souvent durement les mauvaises nouvelles émises par une société, avec une avalanche d'ordres de ventes sur le titre, dont le cours s'écroule donc dans la journée, voire dans la matinée, de -5, -10, -15, voire -20%. Des ordres souvent donnés par des "mains tremblantes" : les investisseurs qui ont déjà bien gagné, et veulent prendre leur profit, ceux qui ont peur de perdre, ou n'en ont pas les moyens, et se coupent un bras, et les spéculateurs à la baisse, les vendeurs à découvert qui se joignent au mouvement, et tentent de faire leurs choux gras de ces mouvements, surtout quand ils tournent à la vente de panique.

C'est dans le long terme que l'on créé de la valeur

Inversement, les "mains fermes", les investisseurs qui décident de garder leur titre qui chute sur le marché, de traîner un certain temps une perte latente dans leurs portefeuilles (et prennent le risque de voir le titre chuter encore plus) peuvent aussi avoir de bonnes raisons pour ce faire. Ne serait-ce que parce que "tant qu'on n'a pas vendu, on n'a pas perdu" : la perte n'est que latente tant qu'elle n'est pas actée par une revente. Et aussi parce que l'horizon de placement, le temps au bout duquel il faudra désinvestir pour récupérer cet argent et l'utiliser à autre chose, est éventuellement encore lointain. Et que la société en question, qui a publié de mauvaises nouvelles et vu son cours de Bourse s'effondrer quelque peu, finira le plus souvent par redresser la barre avec le temps. Et publier de bonnes nouvelles et de bons chiffres, que le marché finira bien par saluer.

Car c'est aussi simple que cela : les entreprises sont faites de gens, qui y travaillent tous les jours ou presque (ou en tous cas cinq jours sur sept) pour y créer de la richesse, et cette richesse se retrouve d'une façon ou d'une autre un jour dans les comptes, et dans la valeur boursière in fine.

En d'autres termes, si la Bourse a souvent tendance à céder à la dictature du court terme, c'est dans le long terme, ou le temps long, que l'on crée de la valeur avec son investissement. C'est d'ailleurs ce que nous répète inlassablement Warren Buffett dans ses lettres aux actionnaires, en insistant bien sur son portefeuille de grandes valeurs cotées qui ne sont jamais vendues. Ce qui ne le rend pas très populaire, d'après lui en tous cas, chez les brokers.

Des marchés encore en phase de convalescence

Les exemples de société dont les cours ont bien baissé ne manquent pas en ce moment, ce d'autant plus que les marchés d'actions sont encore en phase de convalescence, après un dernier trimestre boursier 2018 que l'on peut qualifier sans exagération d'abominable. Actia, notamment, dont le cours de Bourse est loin de ses plus hauts, et qui a connu une petite descente aux enfers depuis septembre 2018.

Basée à Toulouse, Actia est pourtant une belle ETI familiale plutôt "high tech", qui a réalisé des ventes de 477 millions d'euros en 2018, dont les trois quarts avec des clients hors de France, avec 3.650 salariés, et conçoit et fabrique des systèmes électroniques variés : principalement des plates-formes télématiques pour véhicules, mais aussi des systèmes de batterie et des chaînes de traction électrique, des boîtiers de gestion de flotte, des consoles de contrôle technique et diagnostic garage, des équipements pour infrastructures de télécommunication, tels des stations pour réception satcom, pour diffusion de radio numérique, pour réseaux 4G, ainsi que des équipements de contrôle-commande pour réseaux électriques et pour le ferroviaire.

La principale production de la société, les chaînes télématiques, sont les systèmes complexes qui acheminent les informations des capteurs vers le tableau de bord, et les commandes du poste de pilotage vers les différents organes et les différentes fonctions du véhicule, et qui équipent voitures du segment premium, poids lourds, bus et autocars, et engins de chantiers. Le secteur automobile représente de fait 80% du chiffre d'affaires groupe, dont 80% avec de grands OEM, notamment des constructeurs automobiles, et notamment Volvo.

Difficulté imprévue

Mais voilà : Actia a eu quelques pépins ces derniers temps, et ses résultats ont déçu les analystes, ce qui est en soi toujours une mauvaise nouvelle. Tout d'abord, l'exercice 2017 avait été marqué par une difficulté imprévue, qui a pesé lourdement sur le résultat opérationnel, lequel a reculé de -25% sur l'année, ce qui est beaucoup : leurs capacités largement saturées face à une demande mondiale plus robuste qu'anticipé, les fabricants asiatiques des composants électroniques qu'Actia intègre en quantités dans ses produits, ont non seulement doublé ou triplé leurs prix mais aussi eu du mal à tenir leurs délais, ce qui fait qu'Actia est allé s'approvisionner ailleurs à grands frais, avec notamment des coûts de transports exceptionnels. Pour continuer à servir ses clients en juste-à-temps, comme il est de règle dans l'automobile.

Ensuite, le premier semestre 2018, publié après l'été, a encore été l'occasion d'une déception, d'autant plus mal reçue par le marché que c'était la deuxième en moins d'un an : un résultat opérationnel encore en forte baisse, et presque symbolique (1 million d'euros, pour un chiffre d'affaires de 226 millions), avec I) toujours des prix élevés pour les composants, mais aussi, II) des baisses de prix sur les grands produits, les chaînes télématiques pour Volvo, dont les productions montent en cadence, étant facturées nettement moins cher que des équipements similaires pour Jaguar Land Rover, dont les productions se terminent, et, III) plus de R&D pour les nouveaux produits, dont les productions n'ont pas encore démarré. Bref…

Ceci étant, comme on l'a dit plus haut, tout est souvent une question de temps (lequel guérit bien des maux, c'est bien connu). Et, de fait, tout semble vouloir repartir dans le bon sens chez Actia, si l'on en croit le dernier communiqué du mois de février sur le second semestre 2018, qui devrait être nettement meilleur que le calamiteux premier semestre : I) le chiffre d'affaires progresse fortement au 4ième trimestre, soit +27% par rapport au dernier trimestre 2017, tiré principalement par la montée en puissance des nouvelles productions dans l'automobile, et par les livraisons d'un grand contrat en équipements satcom, ce qui fait une progression de +10% de l'activité en tout sur l'année, ce qui est plutôt bien, et, II) la direction table sur une "reconstruction du résultat opérationnel au second semestre par rapport au premier", sans toutefois revenir encore au niveau de 2017.

Ce qui, pour peu qu'on veuille voir le verre à moitié plein, constitue a priori, et avec un peu de chance, un début de redressement des marges. Après les hauts, des bas.
Et après les bas ? Tout est une question de temps, on ne le dira jamais assez.

Jérôme Lieury - Analyste Senior - Olier Etudes & Recherche - Membre du Cercle des Analystes Indépendants - www.olier-etudes-recherche.fr.

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1 commentaire

  • 26 mars 17:58

    Bien noté merci


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