Forts de propriétés magnétiques avantageuses, les "aciers électriques" sont des alliages de fer et silicium cruciaux dans le fonctionnement des générateurs et transformateurs électriques. Face à un afflux massif d'une production à bas-coût venue d'Asie, le producteur historique allemand doit freiner drastiquement sa production, dans l'attente de "protections de marché efficaces".
Un employé à l'usine Thyssenkrupp de Duisbourg (Allemagne), en octobre 2025 (illustration) ( AFP / INA FASSBENDER )
Face à la vague d'importations asiatiques à prix cassés qui inonde le secteur, le géant de l'acier Thyssenkrupp a annoncé jeudi 11 décembre fortement ralentir les prochains mois sa production dans deux usines en Allemagne et en France, qui vont fermer jusqu'à fin décembre.
À partir de la mi-décembre, les usines de Gelsenkirchen (ouest de l'Allemagne) et d'Isbergues (nord de la France), qui emploient 1.200 personnes, seront "entièrement mises à l'arrêt jusqu'à la fin de l'année", indique un communiqué. Par ailleurs, début 2026, le site du Pas-de-Calais tournera à 50% de sa capacité pendant au moins quatre mois. Ces usines produisent de l'acier électrique à grains orientés, matériau crucial pour le transport d'énergie, utilisé dans les transformateurs des postes électriques et des éoliennes. "Ces efforts sont cruciaux pour garantir des conditions de concurrence équitables pour ce produit stratégiquement vital et pour protéger environ 1.200 emplois", explique Marie Jaroni,directrice de la branche acier de Thyssenkrupp.
"Sous-utilisation substantielle" des infrastructures de production européennes
La branche historique du conglomérat industriel qui emploie 26.000 personnes dans le monde assure réagir à "l'afflux massivement accru d'importations à bas prix, en particulier en provenance d’Asie". Depuis 2022, les importations d'acier électrique à grains orientés ont triplé, ce qui entraîne une "sous-utilisation substantielle" des installations sidérurgiques en Europe. "Nous sommes fermement attachés au maintien de la production en Europe et nous travaillons actuellement à la mise en place de protections de marché efficaces" , assure Marie Jaroni.
Fer de lance du secteur en Europe, la branche sidérurgique de Thyssenkrupp est empêtrée dans une crise profonde, en raison des surcapacités mondiales d'acier et des prix élevés de l'énergie en Allemagne. Elle prévoit de réduire de plus d'un tiers ses effectifs d'ici 2030 et de ralentir nettement sa production en Europe. Ces annonces interviennent au milieu de pourparlers de reprise de cette activité en crise par l'indien Jindal Steel. Dans son plan pour protéger l'industrie sidérurgique du continent, la Commission européenne a de son côté suggéré en octobre de réduire les quotas annuels d'acier étranger et d'augmenter les droits de douane appliqués au-delà d'un certain niveau d'importation.
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