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3 QUESTIONS À-Lagarde a le bon profil pour ramener le calme à la BCE, selon UBP
information fournie par Reuters 24/10/2019 à 18:46

    PARIS, 24 octobre (Reuters) - L'une des premières missions
de Christine Lagarde, qui succédera le 1er novembre à Mario
Draghi à la présidence de la Banque centrale européenne, sera
d'apaiser les tensions au sein de l'institut d'émission, tâche
pour laquelle son expérience politique pourrait être précieuse,
estime Patrice Gautry, chef économiste de l'Union bancaire
privée (UBP).
    
    1/ Que retenir de l'ultime conférence de presse de Mario
Draghi ?
    Patrice Gautry - "Il n'y a pas eu d'annonce, ce qui était
attendu. C'était un passage de témoin à Christine Lagarde. Le
problème pour Mario Draghi, et maintenant pour Christine
Lagarde, c'est de mettre en place un environnement monétaire qui
permette à l'économie de mieux fonctionner. Il a insisté sur les
risques baissiers, que l'on peut énumérer: ce sont les tensions
géopolitiques, la politique commerciale ou encore la
vulnérabilité des pays émergents. 
    "Mais il y a un autre mot qui revient souvent, c'est
l'incertitude. Face à cette incertitude, la politique monétaire
a pour contrainte de faire en sorte qu'il n'y ait pas de verrou
dans la transmission de la liquidité et de l'offre de crédit. On
peut mettre cela à l'actif de Mario Draghi depuis 2011 puisqu'il
a su éviter l'effondrement de la zone euro et un effondrement
des banques et du crédit.  
    "L'effet de la politique monétaire serait encore bien
supérieur si l'on avait un outil de politique fiscale, en
mettant l'accent sur la Commission européenne afin qu'elle mette
en place une politique budgétaire commune en parallèle à une
politique monétaire commune.
    "Le problème, c'est que ce n'est pas dans le mandat de la
BCE mais on peut espérer qu'il y aura une communauté de pensée
sous l'impulsion d'Ursula von der Leyen, la prochaine présidente
de la Commission européenne."
    
    2/ La BCE a-t-elle encore des armes à sa disposition ?
    Patrice Gautry - On a un outil de politique monétaire fort
sur lequel on peut encore agir. Le "whatever it takes" est
toujours présent dans les outils qui seront à la disposition de
Christine Lagarde à partir de la semaine prochaine. Mais il y
aussi un autre challenge qui est, peut-être, de changer la
régulation de cette zone euro. 
    "C'est peut-être là le testament intellectuel et économique
le plus intéressant que laisse Mario Draghi en disant: 'vous
avez plein d'outils monétaires qui ont un effet de levier
formidable si vous les complétez avec une politique budgétaire
adéquate qui ne soit pas de la responsabilité d'un seul pays
mais qui s'inscrive dans une logique européenne'.
    "Aller chercher des taux encore plus négatifs n'est pas
nécessaire puisque, comme l'a reconnu lui-même Mario Draghi, on
a été obligé de mettre en place ce système de 'tiering' pour
amortir le choc. Mme Lagarde s'est d'ailleurs exprimée là-dessus
avec une sensibilité qui n'est pas d'aller chercher des taux
encore plus négatifs.  
    "Pour le QE, contrairement à ce qu'ont dit Mario Draghi et
le chef économiste de la BCE, Philip Lane, je pense que la
question de la limite se pose. Les contraintes techniques autour
des achats peuvent encore être modulées de façon assez souple.
L'objet du QE n'est pas de faire baisser les taux mais
d'augmenter la liquidité en s'assurant que cette liquidité se
transmette dans le circuit bancaire et arrive à la petite
entreprise du coin et au ménage qui veut s'endetter pour sa
consommation ou son immobilier. 
    "La prochaine étape pour Christine Lagarde, ce n'est
peut-être pas d'augmenter le QE ni de baisser encore les taux
mais plutôt de jouer sur la courbe des taux comme le fait la
Réserve fédérale et de moduler la part entre les obligations
gouvernementales et les achats de crédit avec, peut-être, la
possibilité - que la BCE s'interdit pour l'instant - d'acheter
des obligations bancaires." 
    
    3/ La première mission de Christine Lagarde ne sera-t-elle
pas de recoller les morceaux à la BCE ?
    
    Patrice Gautry - "Si, tout à fait, et d'ailleurs, c'est son
profil. La composante principale du personnage est davantage la
politique que la technique bancaire ou financière. C'est
peut-être un avantage par rapport à un profil du style de Benoît
Coeuré, par exemple, qui est vraiment dans la technique bancaire
et dans la politique monétaire au sens pur. Mais il est certain
que cette dissonance, qui n'existait pas auparavant, devient un
peu tonitruante par rapport à la réalité des faits, comme les
indices d'activité PMI ou l'inflation qui, pour l'instant,
donnent raison à Mario Draghi."   
    
    Voir aussi :
    La BCE laisse ses taux inchangés, Draghi défend son bilan
 
    Principaux extraits de la conférence de presse de Mario
Draghi  
  

 (Propos recueillis par Patrick Vignal, édité par Marc Angrand)

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