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A quoi s'attendre pour les réunions de la BCE et de la Fed
information fournie par Carmignac 14/03/2023 à 18:41

Par Kevin Thozet, membre du comité d’investissement chez Carmignac. (Crédit photo : DR)

Par Kevin Thozet, membre du comité d’investissement chez Carmignac. (Crédit photo : DR)

Par Kevin Thozet, membre du comité d'investissement chez Carmignac.


Une situation délicate

Les banquiers centraux ont relevé le défi du changement de la dynamique inflationniste. Mais le retard pris dans la reconnaissance d'une inflation potentiellement durable, ainsi que la nécessité d'agir pour contenir tant les pressions haussières sur les prix que le risque que font peser ces dernières sur les anticipations d'inflation, ont conduit à un cycle de resserrement monétaire agressif et sans précédent.

Un an après la première d'une longue série de hausses de taux outre-Atlantique, leurs effets commencent à se faire sentir, mais pas forcément là où les investisseurs l'attendaient. Le crédit reste robuste (bien que les événements récents pourront sans aucun doute le ralentir), et les ménages consomment toujours, aidés par un marché du travail vigoureux. L'inflation reste sur des niveaux inconfortablement élevés.
Les banquiers centraux se trouvent donc dans une situation de plus en plus délicate. Ils n'en ont pas fini avec le durcissement de leur politique monétaire alors que des fissures apparaissent dans le système après une décennie de politiques procycliques ultra-accommodantes.

En effet, ils doivent continuer leur effort pour ralentir l'économie en réduisant la liquidité et, en même temps, redonner de la liquidité au système bancaire pour assurer l'intégrité des dépôts, mise à mal par la dépréciation marquée des actifs « sans risque » depuis trois ans. Il s'agit d'un véritable casse-tête.

Banque centrale européenne (BCE)

La BCE a récemment exprimé son intention de lutter avec force contre cette inflation très résiliente en évoquant le maintien d'un resserrement à marche forcée. Les faillites bancaires américaines permettront-elles le respect de cette résolution ? La hausse de 50 points de base préannoncée il y a peu ne fait plus l'unanimité parmi les observateurs. Beaucoup ont réduit de près de 100 points de base le cumul attendu des hausses des taux pour ce cycle de resserrement.

Du point de vue économique, le principal risque pour la BCE est d'assister à une forme d'indexation informelle des salaires sur la hausse des prix. Et par voie de conséquence, le risque de voir un « désancrage » des anticipations d'inflation alors que les salaires négociés sont passés d'une augmentation en glissement annuel de 3,5% au premier trimestre de 2022, à près de 5 % au quatrième trimestre de 2022. Un point d'attention particulièrement préoccupant, car les ajustements sur le marché du travail européen y sont beaucoup plus inertiels qu'ailleurs dans le monde. La crainte de l'indexation salariale est d'autant plus forte que l'inflation sous-jacente reste plus robuste qu'anticipé et que la trajectoire de cette dernière ne devrait pas s'infléchir avant la fin de l'été, dans le meilleur des cas.

Ces éléments ont poussé l'institution de Francfort à réaliser que viser 2025 pour ramener l'inflation au seuil des 2 % est un objectif trop lointain. Un tel rétrécissement de la fenêtre de tir (d'un an environ) appelle au maintien de son cycle de hausse de 50 points de base, au risque de resserrer excessivement sa politique monétaire. Enfin pour le moment, tant que rien ne craque.

Réserve fédérale (Fed)

De part son discours entretenant le mythe d'un atterrissage en douceur de l'économie américaine et du maintien d'une politique monétaire excessivement accommodante pendant trop longtemps, la Fed s'est enfermée dans une situation de dominance financière. La banque centrale américaine retire des liquidités d'une part (via le resserrement de sa politique monétaire) et en fournit au système de l'autre (en venant à la rescousse des banques en difficulté), ce qui fait écho au grand écart de la Banque d'Angleterre à l'automne dernier, en réaction à la crise de liquidités des fonds de pension britanniques.

Et alors que la Fed se doit de maintenir des conditions financières strictes, en raison de la résilience du marché de l'emploi et de l'inflation, la volatilité associée à un tel dilemme n'est pas forcément une mauvaise nouvelle. En effet, les tensions récentes dans le secteur bancaire vont entraîner un resserrement accru des conditions de prêt : les entreprises ont thésaurisé de la main-d'œuvre ces derniers trimestres, les banques vont maintenant thésauriser des liquidités. Cela pèsera ainsi sur la demande, ce qui joue en quelque sorte en faveur de la Fed.

De notre point de vue, la question clé est donc de savoir ce qu'il adviendra du cycle de hausse de taux au-delà des 25 points de base.

La trajectoire future de la politique monétaire américaine après la réunion du mois de mars dépendra de l'évolution des conditions financières. Si ces dernières continuent de se resserrer une fois le stress actuel absorbé, la Fed pourrait en effet marquer une pause afin d'évaluer les dommages causés par le passage de ses taux de dépôt de 0% à 5% en l'espace de 12 mois, et de juger si ces dommages sont politiquement acceptables.

A l'inverse, si les marchés devaient reprendre leur course en avant sur la base du mantra « les mauvaises nouvelles (pour l'économie) sont de bonnes nouvelles (pour les marchés) ». Et si les opérateurs de marché se complaisaient dans cette situation idéale, le réveil serait brutal avec la réalisation qu'une politique monétaire tributaire des publications économiques est une arme à double tranchant

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