
Les ruines de la petite ville de Tchassiv Iar, est de l'Ukraine - selon des images fournies par l'armée russe le 31 juillet 2025 ( Russian Defence Ministry / Handout )
Le président Volodymyr Zelensky a appelé jeudi les soutiens de l'Ukraine à œuvrer à un "changement de régime" en Russie, après des bombardements sur Kiev ayant fait au moins 16 morts et l'annonce par Moscou de la prise d'une localité stratégique dans l'est.
"Si le monde ne vise pas un changement de régime en Russie, cela signifie que, même après la fin de la guerre, Moscou continuera à tenter de déstabiliser les pays voisins", a-t-il déclaré à l'occasion d'une conférence internationale à laquelle il participait par lien vidéo.
"Je crois que la Russie peut être poussée à mettre fin à cette guerre. C'est elle qui l'a commencée", a-t-il ajouté.
Quelques heures plus tôt, de nouvelles frappes russes ont causé la mort à Kiev d'au moins 16 personnes, dont deux enfants, selon le dernier bilan fourni par les secours.
Cette attaque de drones et de missiles jeudi à l'aube a aussi fait 155 blessés, dont 16 enfants, toujours selon les secours. La municipalité a annoncé une journée de deuil vendredi dans la capitale.
Volodymyr Zelensky a dénoncé un "nouveau spectacle meurtrier" infligé par la Russie, que les Etats-Unis pressent de mettre un terme à l'invasion de l'Ukraine déclenchée il y a plus de trois ans.
Donald Trump a qualifié d'"écoeurante" jeudi cette dernière vague d'attaques russes sur l'Ukraine.
Le président américain a confirmé qu'il allait bien prendre des sanctions contre la Russie, déclarant: "Je ne sais pas si cela va avoir un impact, mais nous allons le faire."
Il avait donné 10 jours à compter de mardi à Vladimir Poutine pour arrêter ce conflit armé - le pire en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale - qui a fait des dizaines, voire des centaines, de milliers de morts dans les deux camps.
- "Terrifiant" -
Plus tôt jeudi, M. Trump s'était emporté avec une virulence renouvelée, avertissant notamment l'ex-chef de l'Etat russe Dmitri Medvedev - l'actuel numéro deux du Conseil de sécurité qui a récemment écrit sur X que "chaque nouvel ultimatum est une menace et un pas vers la guerre" - qu'il entrait "dans une zone très dangereuse".
La Russie a lancé 309 drones et tiré huit missiles de croisière pendant la nuit sur l'Ukraine, a relevé l'armée de l'air ukrainienne, ajoutant que la principale cible était Kiev et affirmant avoir abattu 288 drones et trois missiles.
Des journalistes de l'AFP ont vu des immeubles résidentiels détruits, des voitures calcinées et retournées.
"C'est un choc, je n'arrive toujours pas à reprendre mes esprits, c'est très effrayant", a raconté à l'AFP Valentyna Chestopal, une habitante de Kiev de 28 ans.
Tymofiï a été réveillé par le "bruit d'un missile" : "Tout s'est mis à me tomber dessus, c'était terrifiant", a dit cet homme vivant dans le quartier Solomyansky dont l'appartement a été détruit.
Sur X, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga a estimé qu'il était "temps de mettre la pression maximale sur Moscou".
De son côté, l'armée russe a assuré avoir frappé la nuit dernière une base aérienne, un dépôt de munitions et des installations de production de drones en Ukraine.
- Ville stratégique -
Elle a aussi assuré avoir conquis Tchassiv Iar, une petite ville d'importance stratégique dans la région de Donetsk (est) où les troupes russes avancent lentement depuis des mois.
"C'est un mensonge total", a réagi auprès de l'AFP Viktor Tregoubov, le porte-parole du groupement de forces ukrainiennes Khortytsia, chargé de cette zone.

Une attaque de missiles et de drones russes sur Kiev a fait au moins six morts et des dizaines de blessés jeudi à l'aube ( AFP / OLEKSII FILIPPOV )
Sur Telegram, Oleksandre Kovalenko, un spécialiste militaire ukrainien, a considéré qu'il était "trop tôt" pour annoncer que Tchassiv Iar était sous le contrôle des soldats russes, estimant que la défense de cette ville depuis plus de deux ans tenait déjà du "record absolu" pour l'armée ukrainienne.
Les nouvelles frappes sont intervenues avant un vote crucial au Parlement ukrainien qui a approuvé jeudi à la mi-journée le rétablissement de l'indépendance des instances de lutte contre la corruption, revenant sur un précédent texte très critiqué.

Une manifestation visant à faire pression sur les députés ukrainiens pour rétablir l'indépendance des principales agences anti-corruption, à Kiev le 30 juillet 2025 ( AFP / Tetiana DZHAFAROVA )
Un total de 331 députés - le minimum requis étant de 226 - ont voté en faveur du projet de loi de Volodymyr Zelensky, qu'il a promulgué dans la foulée.
La Commission européenne a salué un texte qui rétablit les "principaux garde-fous" permettant l'"indépendance" des agences anticorruption.
La précédente loi votée le 22 juillet avait provoqué les premières manifestations d'ampleur en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en 2022.
"Pendant que l'armée défend notre pays contre ces maudits Russes, nous, à l'arrière, sommes là pour faire pression sur nos dirigeants, pour que le pays pour lequel les soldats se battent en vaille la peine", a commenté auprès de l'AFP Anastassia, qui manifestait jeudi devant le Parlement avant le vote.
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