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Peut-on faire confiance au label ISR ?
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 02/07/2021 à 17:25

(Crédits photo : Pexels - Porapak Apichodilok )

(Crédits photo : Pexels - Porapak Apichodilok )

Malgré une notoriété qui s'accentue, le label ISR essuie de nombreuses critiques, entravant son adoption par l'ensemble des épargnants.

Un label très sollicité par les sociétés de gestion

L'investissement Socialement Responsable (ISR) vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises qui contribuent au développement durable dans tous les secteurs d'activité. En 2016, le label ISR a été créé par le ministère de l'Economie et des Finances. Son but : « permettre aux épargnants, ainsi qu'aux investisseurs professionnels, de distinguer les fonds d'investissement mettant en œuvre une méthodologie robuste d'investissement socialement responsable (ISR), aboutissant à des résultats mesurables et concrets », expliquent les représentants du Label.

5 ans après son lancement, ce label a su s'imposer dans le paysage : 691 fonds de 133 sociétés de gestion différentes l'ont obtenu, pour un encours total de 518 milliards d'euros, avec une véritable explosion du nombre de fonds labellisés ces 12 mois.

Des critères d'attribution remis en cause

Cette croissance a mis en lumière l'existence du label mais également ses limites. Car si son obtention peut être une première étape, celui-ci n'impose pas d'exclusion sectorielle. Un récent rapport de l'ONG Reclaim Finance dénonce la forte exposition de certains fonds labellisés ISR aux énergies fossiles ou à l'armement. « C'est bien l'épargnant le grand oublié dans ce label dans sa forme actuelle. En effet, comment justifier qu'un produit d'investissement dans des entreprises du secteur du tabac, de l'armement, ou du pétrole, puisse être considéré comme durable ? » relève David Czupryna, responsable développement ESG chez Candriam.

Un rapport de l'Inspection Générale des Finances publié il y a quelques mois remet ainsi en cause la pérennité du label ISR en l'état. Selon l'étude, il s'expose à une perte inéluctable de crédibilité et de pertinence, à moins qu'il n'évolue radicalement. « Nonobstant son succès quantitatif, il présente des faiblesses intrinsèques qui obèrent son adaptation à un marché en forte évolution », indiquent Jean-Philippe de Saint-Martin et Sébastien Piednoir, auteurs du rapport. Les deux inspecteurs des finances considèrent que le label ISR fait à l'épargnant une « promesse confuse », affichant une ambition d'impact social et environnemental mais que « ses exigences, fondées sur la notation ESG des émetteurs, ne sauraient garantir un fléchage effectif des financements vers des activités relevant d'un modèle économique durable ».

Faire le tri parmi les fonds labellisés

Pour être labellisé, le fonds candidat est audité sur 6 critères : les objectifs généraux (financiers et ESG) recherchés par le fonds, la méthodologie d'analyse et de notation des critères ESG mise en œuvre par les entreprises dans lesquelles le fonds investit, la prise en compte des critères ESG dans la construction et la vie du portefeuille, la politique d'engagement ESG avec les entreprises dans lesquelles le fonds investit, la transparence de gestion du fonds et la mesure des impacts positifs de la gestion ESG sur le développement d'une économie durable. Mais il est important de considérer l'intégralité du processus décisionnel d'un gérant de fonds, ainsi que la politique interne et les contraintes qu'il choisit de s'imposer. « C'est la responsabilité de chaque asset manager de définir précisément son cadre d'investissement, de lister ses exclusions, de modéliser la notation des critères sociaux et l'évaluation de l'impact environnemental des sociétés qu'il analyse », pointe Eric Borremans, responsable ESG chez Pictet Asset Management.

Car, si les solutions ISR ne manquent pas, elles ne se valent pas toutes. « Les labels sont bien sûr un critère de sélection important, mais il convient d'aller au-delà et de s'assurer de la qualité et de la transparence des produits en étudiant la méthodologie d'analyse extra-financière mise en place, les équipes dédiées à l'investissement responsable, mais aussi la pertinence des indicateurs de mesurabilité proposés », souligne Hervé Guez, Directeur de la gestion taux, actions et solidaire chez Mirova, filiale de Natixis IM entièrement dédiée à l'investissement durable.

La vigilance est donc de mise étant donné le décalage constaté entre ce qu'un épargnant s'attend à trouver (ou à ne pas trouver) dans un fonds ISR et ce qu'il y a réellement. « C'est en regardant la composition du portefeuille qu'un épargnant peut comprendre s'il est aligné avec la philosophie d'investissement responsable que promeut le fonds en question. L'investissement à impact, plus concret, est souvent davantage en ligne avec les attentes et les valeurs de ces clients », suggère Sonia Fasolo, Portfolio Manager Impact & ESG chez ELEVA Capital.

Vers une refonte du Label ISR

Difficile cependant de reporter sur l'épargnant la responsabilité de la sélection… au sein même d'un label se réclamant être « un repère unique pour les épargnants souhaitant participer à une économie plus durable ». Une incohérence qui a amené Bruno Le Maire et Olivia Grégoire à lancer le 25 mars dernier la réforme du label Investissement Socialement Responsable, en se basant sur 20 recommandations de l'Inspection Générale des Finances. Le ministre explique vouloir conforter le label en continuant à l'adapter aux attentes nouvelles des épargnants et des investisseurs et souhaite que le label ISR demeure dans les années à venir « un instrument décisif pour la mobilisation de l'épargne des Français » en faveur du financement d'une économie plus durable.

Une mutation inéluctable qui prendra forme dans les prochains mois, en espérant qu'elle permette de remplir pleinement les objectifs annoncés. « D'ici 2022, il parait essentiel que le référentiel du label évolue vers plus d'exigence et de réalisme : exigence sur le standard minimum à mettre en œuvre non pas seulement dans la politique de gestion, mais dans le résultat concret, tangible, au niveau du contenu des fonds », estime David Czupryna de Candriam.

2 commentaires

  • 09 juillet 15:59

    NON, business réservé aux bobos parisiens :)) effet de mode ! Moi je veux du fric, peut m'importe sa couleur noir (pétrole) ou pseudo vert :))


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