Renault tire son épingle du jeu
Dans un secteur automobile au ralenti, Renault tire son épingle du jeu
Renault estime avoir trouvé la "potion magique" entre sa nouvelle gamme de voitures et ses réductions de coûts, parvenant à un niveau record de profitabilité en 2024 dans un secteur automobile au ralenti avant d'ouvrir une nouvelle page de sa stratégie.
Face à d'autres constructeurs et des équipementiers en difficulté, le groupe français a confirmé jeudi la réussite de sa nouvelle gamme de voitures, de la Renault 5 au Dacia Duster.
La marge du constructeur automobile français atteint 7,6% du chiffre d’affaires, un chiffre supérieur à ce qu'attendaient les analystes.
"On a trouvé la potion magique, comme dans Astérix et Obélix", s'est félicité le patron de Renault Luca de Meo lors d'une conférence devant les analystes financiers. "Aucun autre constructeur ne peut prétendre aujourd'hui être aussi flexible que Renault pour affronter ce qui arrive."
- Retard électrique –
La "potion" de Boulogne-Billancourt allie une rafale inédite de nouveaux véhicules, la vente de moins de voitures mais pour plus cher, et la réduction des coûts de conception et de production, détaillée dans le plan stratégique "Renaulution" qui s'achève en 2025.
Les nouveaux véhicules (Renault Scenic, Rafale, Dacia Duster) ont représenté 24% des ventes au dernier trimestre, ce qui laisse augurer une nouvelle amélioration des ventes début 2025, a souligné le directeur financier de Renault Thierry Piéton.
La Renault 5 électrique, symbole du virage électrique de la "Renaulution", enregistre des prises de commande "meilleures" que prévues dans les pays d'Europe où elle a été lancée pour le moment, s'est félicité M. Piéton.
Cependant, les modèles électriques ne représentent encore que 9% des ventes en Europe, portées plutôt par les hybrides, où Renault est deuxième derrière Toyota.
Elle est réduite à 7,4% (mais reste un record) si l'on prend en compte les 385 millions d’euros que Renault a payé à Horse, sa nouvelle coentreprise avec le Chinois Geely, qui produit ses moteurs à essence et hybrides.
Le groupe a cependant vu son bénéfice net chuter à 800 millions d'euros, freiné notamment par une moins-value de 1,5 milliard d'euros sur la cession de ses actions Nissan, a précisé le groupe dans un communiqué. Sans Nissan, ce bénéfice aurait été de 2,8 milliards d’euros (+21% sur un an).
- "Futurama" –
Renault estime avoir respecté les normes européennes d'émissions de CO2 (CAFE) en 2024.
En 2025 cependant, le durcissement de ces normes pourrait lui coûter environ 550 millions d'euros: Renault compte pratiquer des baisses de prix sur ses voitures électriques pour atteindre ses objectifs de vente et ne pas payer d'amendes.
Le groupe compte cependant sur de nombreux lancements supplémentaires en 2025, dont la familiale Dacia Bigster, pour stabiliser sa marge opérationnelle au-dessus de 7%.
Dacia va par ailleurs lancer rapidement une petite voiture électrique développée en grande partie en Chine mais fabriquée en Europe, sur la base de la Renault Twingo, et annoncée à moins de 18.000 euros.
Pour faire suite à la "Renaulution", le groupe compte ouvrir un nouveau chapitre appelé "Futurama", a annoncé M. de Meo.
Renault compte notamment "réinvestir" dans le groupe l'argent gagné ces dernières années, dans l'innovation technologique en particulier.
"Cette période de rupture technologique est une opportunité unique pour placer Renault dans la +Ligue des Champions+ de la construction automobile", a souligné M. de Meo.
Après avoir établi vingt partenariats à travers le monde pour baisser ses coûts, avec Geely, avec le Saoudien Aramco ou avec Google, le groupe va "réviser" ces partenariats et "accélérer" dans cette stratégie, a poursuivi le patron de Renault.
Le groupe va aussi tenter d'"élargir son champ d'action" pour trouver des marchés au-delà de l'automobile classique, dans l'énergie, la finance ou les logiciels.