"La confirmation des perspectives de Renault distingue le constructeur automobile français de ses pairs qui ont émis des avertissements", observe Bernstein.
Pour l'exercice 2024, Renault compte toujours atteindre une marge opérationnelle supérieure ou égale à 7,5% et un flux de trésorerie d'au moins 2,5 milliards d'euros. L'industriel a confirmé ces perspectives alors que ses revenus ont progressé plus vite que prévu au troisième trimestre. Sur la période de juillet à septembre derniers, son chiffre d'affaires s'est inscrit à 10,7 milliards d'euros, en hausse de 5% à taux de change constants, tandis que les revenus de sa division automobile sont ressortis à 9,35 milliards d'euros, en croissance de 2,6% à taux de change constants.
Sept lancements prévus en 2025
"Le chiffre d'affaires de la division automobile a dépassé de 3% les anticipations des analystes au troisième trimestre", a déclaré Thierry Piéton, le directeur financier de Renault, lors d'une conférence avec des journalistes. "Il a bénéficié de notre offensive produits sans précédent, qui a conduit au lancement de 10 nouveaux véhicules cette année", a poursuivi le dirigeant.
L'offre combinée ou "mix produit" a effectivement contribué à hauteur de 3,8 points de pourcentage à la croissance du chiffre d'affaires des activités de Renault dans l'automobile au troisième trimestre, à taux de change constants. Cette tendance reflète tout particulièrement les lancements des nouveaux modèles Scenic E-Tech electric, Symbioz ou Rafale chez Renault et Duster chez Dacia. Dans le même temps, la baisse des volumes a coûté 3,1 points de pourcentage de croissance à Renault.
"Nous pensons que le marché continue d'ignorer la richesse de l'offre combinée qui sera mise en place au cours des neuf prochains mois, qui devrait soutenir les flux de trésorerie disponible et l'amélioration substantielle du bilan d'ici à la fin de l'année", écrivent toutefois les analystes de JPMorgan dans une note. Pourtant, Renault a prévenu ne pas vouloir s'arrêter en si bon chemin: l'offensive produits va accélérer avec le lancement de 7 nouveaux modèles en 2025.
Au troisième trimestre, les ventes des nouveaux véhicules ont représenté 18% des facturations du groupe. Ce taux, qui n'était que de 5% au premier semestre, devrait accélérer au quatrième trimestre et entraîner "une forte croissance" du chiffre d'affaires d'ici à la fin de l'année, a ajouté Thierry Piéton. Le carnet de commandes du constructeur automobile reste robuste, puisqu'il comprenait au 30 septembre 2024 l'équivalent de 2 mois de ventes.
Un message envoyé aux agences de notation
En plus de sa propension a réduire ses coûts, cette dynamique de lancements de nouveaux produits spécifiques semble protéger Renault des turbulences du marché automobile mondial, et notamment du déclin des ventes de véhicules en Europe, estime Oddo BHF. Cela devrait permettre à l'industriel de redresser ses volumes à partir du quatrième trimestre de cette année et d'améliorer sa rentabilité d'un semestre à l'autre en 2025. "Une performance unique parmi les constructeurs automobiles", apprécie l'intermédiaire financier.
Grâce à ces performances récentes et aux ventes à venir d'actions Nissan, Renault se rapproche aussi un peu plus d'un retour dans la catégorie investissement pour ses obligations, dont il a fait une priorité. Pour que le taux de distribution du dividende augmente jusqu'à 35% du résultat net à moyen terme, le groupe devra atteindre sa priorité "qui est de revenir à une notation financière 'investment grade'", avait annoncé Renault en novembre 2022 à l'occasion de la présentation de "Révolution", la troisième phase de son plan stratégique "Renaulution".
Moody's Ratings et S&P Global Ratings attribuent à Renault leur note financière de long terme la plus élevée de la catégorie spéculative, à "Ba1" et "BB+", respectivement. La perspective de la note assignée par Moody's Ratings est "positive", tandis que celle accordée par S&P Global Ratings est "stable".