Après plusieurs années agitées, Atos semble enfin reprendre son souffle. Le groupe français de services numériques a publié des résultats encourageants pour le premier semestre 2025 et réitère ses objectifs pour l’ensemble de l’année, confirmant les premiers effets positifs de sa stratégie de recentrage.
C’était une publication très attendue par les marchés. Le 1er août, à l’ouverture de la Bourse de Paris, l’action Atos a bondi de 4,4 %, portée par des résultats encourageants pour le premier semestre 2025, dévoilés le matin même. Et depuis cette date, le cours de bourse a continué de progresser, atteignant 41,04 euros le 21 août, soit 45,18% d’augmentation en un mois. Le groupe informatique confirme ainsi sa dynamique de redressement amorcée il y a plusieurs mois. Plus encore : malgré un environnement économique instable et une transformation toujours en cours, la direction d’Atos réaffirme ses objectifs pour l’ensemble de l’exercice 2025. Un message fort, envoyé tant aux investisseurs qu’aux partenaires, qui vise à renforcer la confiance autour du projet de relance.
Un chiffre d’affaires en baisse, mais attendu
Sur les six premiers mois de l’année, Atos a enregistré un chiffre d’affaires de 4,02 milliards d’euros, en baisse organique de 17,4% comparé à la même période de 2024. Une contraction importante, mais attendue, qui s’explique notamment par un repositionnement stratégique centré sur des activités à plus forte rentabilité.
Le groupe a en effet mis fin à plusieurs contrats jugés peu profitables et amorcé un retrait progressif de plusieurs pays considérés comme non stratégiques. Un premier désengagement a été opéré dans un pays d’Amérique latine. Ces ajustements concernent principalement la marque Atos, dont le chiffre d’affaires chute de 17,9 %, à 3,6 milliards d’euros. La marque Eviden, spécialisée dans les technologies avancées, affiche, quant à elle, une baisse de 11,9 %, à 417 millions d’euros, expliquée par une forte saisonnalité de l’activité en 2025.
Les performances géographiques de l’ESN sont contrastées. La France (-10,8 %) et l’Allemagne/Autriche (-7,6 %) s’en sortent relativement bien, mais la situation est plus délicate en Amérique du Nord et au Royaume-Uni/Irlande, avec un recul de 29 %.
Une rentabilité en nette amélioration
Malgré cette baisse d’activité, plusieurs indicateurs-clés s’améliorent. La marge opérationnelle de l’ESN atteint 113 millions d’euros, en progression de 15,4 % sur un an. Elle représente désormais 2,8 % du chiffre d’affaires, contre 2 % un an plus tôt. Ce redressement est attribué à la mise en œuvre du plan de transformation « Genesis », lancé en mai par le nouveau PDG d’Atos, Philippe Salle.
D’après le groupe, plus de la moitié des mesures de restructuration prévues par ce plan avaient déjà été engagées fin juin. La perte nette a été ramenée à 696 millions d’euros, contre près de 1,9 milliard l’année précédente. « Atos est en train de reprendre des couleurs », a déclaré Philippe Salle. Le groupe vise un retour à la croissance dès 2026 et un chiffre d’affaires de 9 à 10 milliards d’euros en 2028, assorti d’une marge opérationnelle de 10 %.
Genesis : une transformation structurelle
Le plan Genesis repose sur plusieurs piliers : recentrage géographique, réduction des coûts, et concentration sur les marchés porteurs comme la cybersécurité, la data et l’IA.
Si le groupe prévoit que la consommation de trésorerie reste négative en 2025 — à hauteur de 350 millions d’euros—, elle est attendue positive dès 2026. Plusieurs signaux d’amélioration apparaissent également. Le pipeline s’améliore. Un indicateur qui laisse espérer une reprise de l’activité d’ici la fin de l’année et l’année prochaine.
Des contrats à haute valeur stratégique
Au Royaume-Uni comme en France, Atos a consolidé son rôle de partenaire de confiance pour de grands projets publics et privés en remportant plusieurs contrats de premier plan ces derniers mois.
En mars, le département britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (DEFRA) a choisi Atos pour un programme de modernisation de ses services informatiques. D’une valeur de 150 millions de livres sur cinq ans, ce contrat concerne 34 000 collaborateurs. La démarche mise en place s’appuie sur une logique de durabilité : recours à du matériel reconditionné, exploitation d’analyses prédictives et outils conçus pour limiter l’empreinte écologique. Une démonstration concrète de la capacité d’Atos à proposer des solutions performantes et responsables, en phase avec les attentes du secteur public.
Trois mois plus tard, en juin, le groupe a également prolongé son partenariat avec le ministère britannique de la Justice, pour un montant de 58 millions de livres. Ce nouvel accord conforte Atos dans son rôle clé auprès des tribunaux d’Angleterre et du Pays de Galles. Il couvre la gestion d’infrastructures numériques essentielles, allant de l’identité numérique à l’exploitation des centres de données, et garantit la résilience d’un système judiciaire particulièrement exigeant.
En France, c’est l’Union des Groupements d’Achats Publics (UGAP) qui a attribué à Atos, en juillet, un marché de conseil et d’assistance à maîtrise d’ouvrage dédié à la modernisation des data centers publics. Trois priorités guident ce projet : améliorer les performances, renforcer la sécurité et réduire l’impact carbone.
Quelques jours plus tard, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a elle aussi choisi de renforcer sa collaboration avec Atos. Deux nouveaux contrats ont été signés, centrés sur la qualification et la validation des applications critiques. L’expertise d’Atos se traduit notamment par l’implémentation d’outils numériques spécialisés tels qu’ORBIS, qui facilite à la fois le suivi des soins et la gestion des actes médicaux.
Atos : un acteur clé de la transformation digitale du secteur industriel européen
Le 29 juillet, Atos a été reconnu comme leader européen dans trois catégories du rapport « Provider Lens 2024 » d’ISG dédié aux services et solutions pour l’industrie manufacturière. L’entreprise se distingue dans les services de transformation industrielle, les solutions pour l’usine intelligente et numérique, ainsi que les services pour les chaînes d’approvisionnement et la logistique.
Le rapport salue la capacité d’Atos à accompagner la transformation digitale du secteur grâce à des solutions d’IA avancées, des technologies innovantes et une forte expertise en conseil. L’ESN est notamment reconnue pour ses partenariats avec de grands industriels, son soutien aux gigafactories et son approche complète allant de l’ingénierie à la gestion des processus de production.
Des objectifs maintenus pour 2025
Malgré un contexte économique toujours incertain et une transformation loin d’être achevée, Atos confirme ses objectifs pour l’année en cours : un chiffre d’affaires aux alentours de 8,5 milliards d’euros et une marge opérationnelle d’environ 4 %.
Après des années marquées par les alertes financières et les restructurations, le groupe semble retrouver une forme de stabilité. Il reste désormais à confirmer ces progrès au fil des prochains trimestres, pour tourner définitivement la page des difficultés passées.
Publié le 22/08/2025 - Anais Drout