Bonjour à tous,
Depuis le choix du repreneur, et au vu de ce qui était connu du contenu de son offre de reprises, quelques analystes financiers ont fixé un objectif de cours pour l’action Atos, une fois l’entreprise partiellement désendettée et recapitalisée.
Cet objectif de cours est compris, selon les analystes, entre 0,01 et 0,03 €/action, sur la base d’une dilution d’environ x1000 soit 100 milliards d’actions… et d'une capitalisation de l’entreprise comprise entre 1 et 3 Mds d’euro
s Je vous livre mes petits calculs qui visent à comparer très sommairement les trois manières de devenir actionnaire de cette entreprise :
1)La manière la plus simple, la moins risquée, celle qui n’immobilise pas d’argent : attendre 6 mois à 1 an et acheter des titres au marché, en espérant pouvoir les acheter entre 0,01 et 0,03 €, comme suggéré par les analystes. Si le scenario se produit : 1 action future aura couté entre 1 et 3 centimes. Si la situation empire, l'actionnaire n'aura rien perdu, puisqu'il n'aura pas investit... si elle prospère, il paiera plus cher... Qui vivra verra.
2)La manière « subie », celle qui va être imposée aux créanciers, dont la dette va être massivement convertie en actions. D’après ce que nous savons du contenu de l’offre de Layani, 2,9 Mds d’euros de dette seront convertis en 70% du capital futur, soit 70 Milliards d’actions. Un créancier détenant 1€ de dette d’ATOS, qui refuserait de participer à l’apport de new money demandé par ATOS, verrait donc son euro de dette converti en 24 actions environ (70 Mds / 2,9 Mds= 24,13). Une action future aura donc coûté à ce créancier l’équivalent de 1/24,13= 0,0414 € de la dette actuellement détenue.
Vous noterez que l’action revient bcp plus cher pour le créancier que pour le futur investisseur qui attend d’acheter des titres au marché. Ces dernières semaines, les obligations ATOS s’échangeaient autour de 20 à 25% du nominal, jusqu’à vendredi soir. On ne sait pas ce qui motivait des fonds à acheter ces obligations : le fait de pourvoir participer au refinancement d’ATOS en new money à des taux élevés, ou le fait d’obtenir le droit de convertir ces obligations en actions ? ou un peu des deux ? Ou le besoin de « peser » dans les négociations en cours sur le plan de sauvegarde, qui doit être approuvé par deux tiers des créanciers. Si on imagine que parmi ces fonds, certains achètent la créance ATOS dans le seul but de la convertir en actions après dilution, ça signifie que c’est comme si ces fonds achetaient la future action à un cours compris entre 0,2 et 0,25 fois le cours de 0,037 que je calculais précédemment, soit entre 0,001035 et 0.00828 euros par action future. Vous noterez que ce cours est inférieur au cours « marché visé » par les analystes…
C’est ce qui amène certains membres du forum à affirmer que les créanciers vendront leurs actions à un cours proche de leur "cours de revient", ce qui amènera le marché post AK vers ces niveaux très bas, comme ce fut le cas pour ORPEA.
Ce raisonnement est valable pour ce qui est du cours de conversion dette/capital : en effet, un ancien créancier qui attend de récupérer 1€ de dette qu’il ne reverra jamais, peut être enclin à se débarrasser de ses actions vite et pas cher pour retrouver des liquidités. Par exemple, un banquier, dont la dette a un cout de revient qui n’est pas soumis aux aléas du marché, va peut être chercher à liquider ses futures actions…. Mais son « cout de revient » des actions est de 0,0414 dans notre exemple… il n’a donc aucun intérêt à vendre aux alentours de 0,01… En revanche, un obligataire qui vient d’acheter ces dernières semaines à 20% du nominal, en connaissant parfaitement les données du projet de plan de sauvegarde, n’investit pas pour se débarrasse dans 6 mois à perte. Il investit pour gagner de l’argent dans 6 mois… et donc surement pas pour revendre sous 0.01 €/action.Nous aurons sans doute l'occasion d'échanger sur ces perspectives le moment venu.
3)La manière « courageuse », celle qui pourrait être accessible à tout actionnaire actuel dans le cas d’une application forcée interclasse du plan de sauvegarde : en utilisant la totalité de ses droits de préférence pour participer à l’AK numeraire aux mêmes conditions que D Layani. En cas d’application forcée du plan (si une majorité d’actionnaires le rejette), un actionnaire détenant 1 action (1€ de capital, au nominal), sera prioritaire pour la souscription de 1/111 Millions des actions émises dans l’AK numeraire, c’est-à-dire 30% du futur capital dilué.
La préférence porte donc sur l’émission de 30% x 100 Mds x 1/111 Millions soit 270 actions.
L’AK numeraire prévoit l’injection de 250 M€ pour 30% du capital, soit 30 Mds d’actions, soit un cours de souscription de 0.00833 € /action. Pour le détenteur d’une action, au prix de 1€, la souscription permet d’acheter 270 actions (pour en avoir 271 au final), pour une participation de 2,25 euros supplémentaires.
Notre actionnaire peut donc avoir 271 actions pour 3,25 € (en ajoutant le prix de son action initiale, le nominal et le cours de bourse étant aujourd’hui voisins). Soit un coût de revient de la future action post dilution de 3.25/271 = 0.0119.
Conclusion : Vous constaterez que ces règles de trois aboutissent à un constat convergent. Le cours des obligations jusqu’à la semaine dernière (20 à 25% du nominal), comme le cours actuel de l’action (voisin d e 1€/action), sont compatibles avec le scenario d’une entrée au capital des obligataires et des actionnaires (ceux qui achètent en ce moment) à un cours moyen de revient qui avoisinerait 0,01 €/action… (sorte de futur PRU), et l’espoir que l’action cotera sur le marché après AK à un niveau supérieur, au pire égal à 0,01 et au mieux égal à 0,03, soit une culbute par 3 pour ceux qui prennent le risque aujourd’hui…
C’est à mon avis une des raisons, sinon la principale, qui explique pourquoi le cours ne se dirige pas vers 0,03 € comme prédit par rooting et d’autres… mais semble s’attarder au-dessus de 1 €…. Voire plus ?