(AOF) - Worldline anticipe une baisse organique à un chiffre en bas de fourchette du chiffre d'affaires en 2025, avec une amélioration au second semestre par rapport au premier, a indiqué le spécialiste des paiements lors de la publication de ses résultats semestriels. L’excédent brut d’exploitation ajusté est attendu entre 825 et 875 millions d'euros. Le flux de trésorerie disponible devrait être neutre en milieu de fourchette de la guidance d'EBE.
Les coûts cash de restructuration, hors Power24 (réorganisation), devraient s'élever à environ 150 millions, incluant les coûts liés à la simplification du portefeuille d'activités et à l'optimisation des effectifs.
Importantes dépréciations
Au premier semestre, Worldline a essuyé une perte nette de 4,22 milliards d'euros, le groupe ayant enregistré des dépréciations d'écarts d'acquisitions d'un montant de 4,1 milliards d'euros, affectées exclusivement à l'activité services aux commerçants. " Cette dépréciation n'a pas d'impact sur la trésorerie du groupe " , précise ce dernier. Worldline avait enregistré une perte de 29 millions d'euros au premier semestre 2024.
L'EBE ajusté a chuté de 21,9%, à 401 millions d'euros, soit une marge de 18,2%, contre 222,5 un an auparavant. Worldline a principalement mis en cause la baisse du chiffre d'affaires et un mix clients et sectoriel moins favorable.
L'initiative annoncée en avril visant à réduire les coûts cash de 50 millions d'euros supplémentaires en 2025 est mise en oeuvre comme prévu. Des économies d'environ 10 millions d'euros ont été réalisées au premier semestre, le solde devant être réalisé au cours du deuxième semestre.
Le chiffre d'affaires s'est établi à 2,21 milliards d'euros, en baisse de 3,4% en données organiques. Les services aux commerçants ont enregistré un chiffre d'affaires de 1,62 milliard d'euros, en baisse de 2,3%. Selon la société, les arrêts continus de marchands au sein du portefeuille à haut risque (HBR), ainsi que les défis liés aux terminaux, ont eu un impact négatif sur la performance. Les services financiers ont vu leur chiffre d'affaires chuter de 9,8% en organique à 410 millions, tandis que la mobilité & services web transactionnels ont affiché une croissance de 2,1% à 178 millions.
Le flux de trésorerie disponible s'est élevé à 40 millions d'euros, soit un taux de conversion de l'EBE ajusté (flux de trésorerie disponible divisé par l'EBE ajusté) de 9,9%.
Cession de MTS et nominations
En parallèle à cette publication, le groupe a annoncé la cession des activités MTS pour une valeur d'entreprise jusqu'à 410 millions d'euros à Magellan Partners. Les activités cédées ont généré en 2024 un chiffre d'affaires d'environ 450 millions d'euros, avec environ 3 800 employés. La contribution du périmètre MTS envisagé à l'Ebitda ajusté du groupe devrait être d'environ 100 millions d'euros sur une base annuelle. La finalisation de l'opération est prévue pour mi-2026. Certaines autres activités pouvant être classées comme non stratégiques sont encore sous revue.
Worldline a aussi annoncé l'arrivée de Madalena Cascais Tomé en tant que responsable des services financiers à partir du 1er octobre, en remplacement d'Alessandro Baroni qui a choisi de quitter Worldline pour de nouvelles opportunités professionnelles. Auparavant, Cascais Tomé était la directrice générale de SIBS, acteur majeur des paiements interbancaires en Europe. Srikanth Seshadri prendra, lui, ses fonctions de directeur financier de Worldline à compter du 8 septembre, succédant à Gregory Lambertie, qui a choisi de poursuivre de nouvelles opportunités professionnelles.
La journée investisseurs a été confirmée pour le 6 novembre 2025.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Numéro un européen des services de paiements et des transactions électroniques ;
- Revenus de 4,6 Mds€ centrés sur l'Europe et générés par 3 pôles -les services aux commerçants (73 %), les services financiers (19 %) puis la mobilité & services web transactionnels ;
- Ambition : être la Paytech internationale de 1 er plan au service des banques et commerçants ;
- Capital ouvert avec 3 positions fortes –Crédit agricole (7 %), SIX Group (10,5 des actions et 18,3 %des droits de vote) et BPI France (5 et 8,2 %)- et l’entrée depuis à l’automne 2024 de fonds activistes ;
- Capital ouvert avec 3 positions fortes –Crédit Agricole (7 % depuis janvier 2024), SIX Group (10,5 des actions et 18,3 % des droits de vote) et BPI France (5 et 8,2 %) et une entrée à l’automne 2024 de fonds activistes remettant en cause la gouvernance;
- Renouvellement de la gouvernance : Wilfried Verstraete assure, depuis juin 2024, la présidence du conseil, resserré à 12 administrateurs, Pierre-Antoine Vacheron étant, depuis le 1 er mars 2025, directeur général.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires visant une « croissance solide » et assurant une « génération de trésorerie robuste :
- resserrement de la chaîne managériale , nomination de nouveaux responsables et revue du portefeuille d’activités,
- compétitivité via la réduction des coûts structurels (baisse de 8 % des effectifs et réduction des coûts de 50 M€ en 2025), la stricte gestion des investissements et du fonds de roulement (négatif en 2024), la convergence des plateformes et l’automatisation des processus-clés,
- services aux commerçants : assainissement des portefeuilles clients, cession des activités trop réglementées, réorganisation en 2 divisions, et 3 nouvelles offres : solution alliant plateforme et place de marché, CAWL, société commune avec le Crédit agricole et Wero, moyen de paiement européen pour e-commerçants, lancés en juillet en Allemagne, en octobre en Belgique puis en France en 2026,
- services financiers : déploiement d’offres dans la mobilité et l’internet,
- innovation déclinée entre la sécurité des systèmes d’information propres au groupe (certification SecNumCloud), l’incrémentation et la rupture ;
- Stratégie environnementale TRUST 2025 :
- réduction de 20 % des émissions de CO2 par rapport à 2020,
- inclusion des critères de durabilité dans les offres de solutions,
- soutien aux fintechs dédiées (l’africaine InTouch) ;
- Situation financière maîtrisée : dette nette ramenée à 2 Mds€ avec effet de levier de 1,9 et autofinancement libre de 201 M€.
Défi
- Forte défiance boursière après les avertissements successifs depuis 2023, encore renforcée fin juin après la sortie d’une enquête journalistique sur les activités HBR (acteurs à haut risque type casino ou plateformes de courtage…, soit 1,5 % des volumes traités par le groupe) ;
- Présentation à l’automne un nouveau plan stratégique est attendu présenté à l’automne ;
- Attente d’un recentrage du portefeuille et d’une remontée du secteur, très concurrentiel, des services marchands dont il est attendu un rebond au 2ème semestre ;
- Retombées des restructurations en Australie et résolution des problèmes de livraison en Belgique ;
- Rumeurs de cession de l’activité mobilité & services transactionnels ;
- Interrogations sur une sortie du capital de SIX Group ;
- Après une perte nette en 2024 et une hausse de 4,3 % des revenus au 1er trimestre, objectifs 2025 (stabilité du chiffre d’affaires et d’une croissance du flux de trésorerie) en cours de révision ;
- Absence de dividende pour la 5ème année consécutive.
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